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Chapitre 108 — La vie au creux des gestes
Last Updated:
2025-08-02 03:50:48
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Les larmes de la reine Chapitre 110 — Le seuil et la faille
AlessiaLa lumière du dehors ne s’est pas encore imposée dans l’appartement. Elle rôde, diffuse, hésitante, comme si elle attendait la permission d’entrer. Moi aussi, je demeure au seuil.Je me suis dirigée vers la cuisine. L’eau chauffe pour le thé. Lorenzo ne m’a rien dit. Il m’a simplement suivie d’un regard, me prêtant une aide discrète, silencieuse.Je tends la main vers la bouilloire.Et c’est alors que cela survient.Trois coups.Nets. Violents. Pressants.Je me fige. Le métal encore chaud me glisse presque des doigts.Lorenzo surgit dans l’encadrement de la porte. Il ne prononce pas un mot, mais son regard s’est déjà durci. Ce n’est pas une visite. C’est une effraction.Un pressentiment glacial me remonte la nuque.Il va ouvrir.Je n’ai pas le temps d’objecter.Et elle entre.Valeria.Ses cheveux en désordre, le visage tiré, les traits marqués par la fatigue ou le chagrin ses yeux, surtout, fulminent. Une fureur sans filtre, brute, entière. Elle traverse l’espace sans détour,
Les larmes de la reine Chapitre 109 — L’aube sans bruit
AlessiaLe jour s’insinue sans heurt.Une lumière pâle filtre à travers les rideaux tirés. Elle ne bouscule rien. Elle caresse.Je suis éveillée depuis longtemps, sans l’être vraiment. Mon corps est immobile, lové contre le sien. Ma tête repose sous sa clavicule, là où le cœur bat plus fort, là où je peux m’ancrer. Il ne dort pas, je le sens. Mais il ne bouge pas. Il me garde, comme on garde le silence, comme on garde une flamme fragile dans le creux des mains.Il respire calmement. Je sens son torse se soulever sous mes joues, et ce rythme régulier me berce encore, m’éloigne des rives du cauchemar.Je n’ai pas pleuré cette nuit.Je n’ai pas parlé non plus.Mais je suis restée là. Et lui aussi.Il n’a pas posé de questions. Il n’a pas tenté de me tirer vers un mieux-être. Il m’a simplement tenue. Juste tenue.Et c’est tout ce dont j’avais besoin.Je bouge à peine, juste assez pour tourner le visage vers lui. Ses paupières sont closes, mais je sais qu’il ne dort plus. Sa main, posée da
Les larmes de la reine Chapitre 108 — La vie au creux des gestes
AlessiaJe frémis en sortant du bain.Pas de froid , non , d’autre chose. Un vide qui s’accroche à ma peau, comme une brume que l’eau chaude n’a pas su dissiper.Lorenzo est là, immédiatement.Il me tend une serviette épaisse, tiédie contre le radiateur, et me recouvre avec une précaution presque solennelle. Il ne parle pas. Il tamponne doucement mes bras, mes épaules, mes jambes, sans jamais brusquer, sans jamais précipiter. Il m’essuie comme on recueille.Je me laisse faire.Je n’ai plus la force de me vêtir seule. Il le comprend, sans que je le lui dise.Il prend un t-shirt , le sien dans un tiroir du couloir, et me l’enfile avec une douceur de veilleur. Le tissu est trop grand, trop ample, mais il sent sa chaleur, son odeur, sa constance.Puis il enfile un bas de pyjama sur mes jambes, lentement, comme s’il redoutait de me heurter. Ses gestes sont ceux d’un homme qui n’essaie pas de réparer, mais seulement de rester.Il me soutient, bras sous mes épaules, et je m’accroche à lui, p
Les larmes de la reine Chapitre 107 — L’eau qui sait
AlessiaLa chaleur extérieure m’effleure à peine ; en moi, c’est l’hiver.Le monde poursuit sa course indifférente. Les passants bavardent, les voitures klaxonnent, les volets claquent sous le vent tiède. Tout, autour de nous, semble appartenir à une réalité qui m’est désormais étrangère.Je les observe sans les voir, comme si j’étais de l’autre côté d’une vitre.À mes côtés, Lorenzo demeure silencieux. Sa main n’a pas quitté la mienne depuis notre départ. Son pouce, de temps à autre, dessine des cercles dans le creux de ma paume. Ce geste ténu, presque inconscient, est la seule chose qui me retienne encore au réel.Nous parvenons à notre demeure. Je pose le pied sur le trottoir comme on foule un sol inconnu.Il m’aide à sortir, doucement, avec cette attention sobre qui le caractérise. Mes pas sont hésitants, mon équilibre vacille. J’avance comme si je devais tout réapprendre : marcher, respirer, supporter mon propre poids.L’ascenseur nous mène jusqu’à l’étage. Puis la clé tourne da
Les larmes de la reine Chapitre 106 — Ce qu’il ne voit pas
ValeriaIl y a des jours où l’air colle à la peau comme un drap mouillé.Ce matin-là, l’air ne circule pas. Il stagne. Il reste là, suspendu au plafond comme une menace invisible, un poids qui descend lentement vers moi.Le silence n’est pas neuf. Il m’accompagne depuis des jours, peut-être des semaines, je ne sais plus. Le temps s’est disloqué quelque part entre la salle d’opération et cette chambre. Il n’y a plus d’heures, plus de nuits. Juste des fragments. Des réveils flous. Des bruits de pas dans le couloir. Des visages inconnus au-dessus du mien. Des piqûres, des murmures, des gobelets d’eau posés sur ma table de chevet.Mais ce matin, le silence a changé de forme. Il n’est plus neutre. Il est chargé. Vibrant d’une absence précise.Je le sens dès l’instant où j’ouvre les yeux.Quelque chose en moi attend.Un réflexe, peut-être. Une habitude ancienne : chercher sa silhouette près du mur, son ombre dans l’embrasure, le tremblement de sa voix dans l’air.Mais il n’y a rien.Juste l
Les larmes de la reine Chapitre 105 — Ce qu’il ne voit pas
ValeriaIl y a des jours où l’air colle à la peau comme un drap mouillé.Ce matin-là, l’air ne circule pas. Il stagne. Il reste là, suspendu au plafond comme une menace invisible, un poids qui descend lentement vers moi.Le silence n’est pas neuf. Il m’accompagne depuis des jours, peut-être des semaines, je ne sais plus. Le temps s’est disloqué quelque part entre la salle d’opération et cette chambre. Il n’y a plus d’heures, plus de nuits. Juste des fragments. Des réveils flous. Des bruits de pas dans le couloir. Des visages inconnus au-dessus du mien. Des piqûres, des murmures, des gobelets d’eau posés sur ma table de chevet.Mais ce matin, le silence a changé de forme. Il n’est plus neutre. Il est chargé. Vibrant d’une absence précise.Je le sens dès l’instant où j’ouvre les yeux.Quelque chose en moi attend.Un réflexe, peut-être. Une habitude ancienne : chercher sa silhouette près du mur, son ombre dans l’embrasure, le tremblement de sa voix dans l’air.Mais il n’y a rien.Juste l
