Chapitre 4- Une indifférence glaciale
Rosette referma doucement la porte de son appartement, laissant échapper un soupir. Quelle journée étrange… Entre le vigile qui lui avait fait une mise en garde énigmatique et Alex qui lui avait littéralement ordonné de rentrer chez elle, elle avait l’impression que ce lycée cachait bien plus de mystères qu’il n’y paraissait. Elle secoua la tête et sortit son téléphone. Mieux valait penser à autre chose. Après quelques secondes d’hésitation, elle appela sa mère. — Ma chérie ! répondit une voix douce à l’autre bout du fil. Alors, cette deuxième journée ? Rosette s’efforça de sourire, même si sa mère ne pouvait pas la voir. — Ça s’est bien passé. Les profs sont stricts, mais intéressants. Sa mère rit doucement. — C’est normal, tu es encore nouvelle. Tu finiras par trouver ta place. Elles continuèrent à parler pendant un moment, échangeant des nouvelles sur tout et rien. Rosette se garda bien de mentionner les événements étranges de la journée. Elle ne voulait pas inquiéter sa mère inutilement, surtout si ce n’était que le fruit de son imagination. — Bon, je vais te laisser te reposer, ma chérie. Ne veille pas trop tard ! — Promis, murmura Rosette. Elle raccrocha, puis s’allongea sur son lit, fixant le plafond. Une partie d’elle voulait oublier tout ce qui s’était passé. Reprendre une routine normale, ne plus se poser de questions. Mais une autre partie… voulait comprendre. Son esprit finit par sombrer dans le sommeil, bercé par l’étrange mélange d’inquiétude et de curiosité. Le lendemain matin, après s’être encore levée à l’heure. Rosette arriva au lycée un peu plus confiante. Aujourd’hui, elle se promit de ne pas attirer l’attention. Juste passer une journée normale, comme n’importe quelle autre élève. Mais son vœu fut brisé dès son arrivée. Alors qu’elle traversait la cour, son regard croisa celui d’Alex, qui se trouvait non loin d’elle, adossé contre un mur, les mains dans les poches. Il était seul, comme d’habitude. Se rappelant leur rencontre de la veille, elle hésita, puis se décida à le saluer. — Salut. Alex ne broncha pas. Il ne tourna même pas la tête vers elle. Comme si elle n’existait pas. Rosette resta figée une seconde, un peu prise de court par cette indifférence glaciale. Mais avant qu’elle n’ait le temps de réagir, un éclat de rire moqueur s’éleva derrière elle. — Oh là là, la pauvre ! Elle pensait vraiment qu’Alex allait lui répondre ? Rosette se retourna, tombant nez à nez avec un groupe de filles. Elles étaient trois, perchées sur des talons impeccables malgré l’uniforme scolaire, maquillées avec soin, et le regard pétillant de méchanceté. Au centre se tenait la plus belle des trois,Grande, blonde, des yeux bleus perçants et un sourire suffisant, elle dégageait une énergie à la fois éclatante et insupportable. Elle portait sa popularité comme une couronne invisible, et son regard sur Rosette était celui d’une reine méprisant une servante. — Tu ferais mieux d’éviter de perdre ton temps, la nouvelle, ajouta-t-elle avec un sourire carnassier. Alex ne parle pas aux filles comme toi… je m’appelle Sacha et je suis sa petite amie Rosette sentit ses joues chauffer sous la colère et l’embarras. Sacha passa à côté d’elle avec un air faussement innocent… mais au dernier moment, elle lui donna un coup d’épaule volontairement appuyé, la faisant reculer d’un pas. — Oups ! Désolée, je ne t’avais pas vue, dit-elle avec un sourire qui ne laissait aucun doute sur son intention. Ses amies ricanèrent tandis qu’elles s’éloignaient. Rosette serra les poings. Elle sentit un regard peser sur elle et se tourna légèrement. Alex n’avait pas bougé. Il était toujours adossé au mur, comme si de rien n’était. Et il ne l’avait toujours pas regardée. C’était officiel. Elle détestait cette école. Rosette ne répondit rien. Pas un mot, pas un regard. Elle se contenta de serrer son sac contre elle et de marcher droit devant, se dirigeant vers sa classe avec une expression neutre. Elle refusait de leur donner cette satisfaction. Elle ne leur montrerait pas qu’elles l’avaient touchée. Mais au fond d’elle, elle bouillonnait. Pas seulement à cause de Sacha et de ses amies, mais surtout… à cause d’Alex. Pourquoi m’avoir parlé hier si c’était pour m’ignorer aujourd’hui ? Elle chassa cette pensée et accéléra le pas. — Hey, attends-moi ! Une silhouette familière la rattrapa. Orchidée. Rosette savait qu’elle avait assisté à la scène. Et elle savait aussi que son amie n’était pas du genre à rester silencieuse face à ce genre d’injustice. — T’as vu comment elles t’ont traitée ? fulmina Orchidée en marchant à ses côtés. Ces pestes se croient tout permis sous prétexte qu’elles gravitent autour d’Alex. Rosette ne répondit rien. — Non mais sérieux, je vais leur faire regretter ça. Orchidée serra les poings. Sacha pense qu’elle est intouchable, mais je te jure que je vais lui donner une bonne leçon ! Rosette s’arrêta un instant et soupira. — Ce n’est pas la peine. — Comment ça, ce n’est pas la peine ? s’indigna Orchidée. Tu vas juste laisser passer ça ?! — Ce n’est pas important. Orchidée la regarda avec de grands yeux, comme si elle ne comprenait pas comment Rosette pouvait être aussi calme après ce qui venait de se passer. Mais ce n’était pas de la résignation. Rosette avait juste appris à ne pas gaspiller son énergie sur des choses qui n’en valaient pas la peine. Elle jeta un regard vers la porte de la salle de classe qui se dessinait au bout du couloir. — Viens, on va être en retard. Orchidée grogna, clairement frustrée, mais finit par suivre Rosette sans insister davantage. Elles entrèrent en classe. Et même si Rosette essayait d’ignorer tout ça, une pensée lui restait en tête. Alex. Pourquoi lui avait-il parlé comme s’il voulait la protéger hier, pour aujourd’hui faire comme si elle n’existait pas ? La fin de la journée arriva plus vite que Rosette ne l’aurait cru. Malgré les cours et les discussions avec Orchidée, une seule pensée l’obsédait : elle devait continuer ce qu’elle avait commencé. Hier, elle avait été interrompue. Aujourd’hui, elle irait jusqu’au bout. Elle attendit que la majorité des élèves quittent l’établissement. Puis, d’un pas décidé, elle s’éloigna de l’entrée principale et se dirigea vers l’un des bâtiments moins fréquentés. Mais à peine eut-elle tourné au coin d’un couloir qu’une main surgit de nulle part et l’agrippa violemment. Avant même qu’elle ne comprenne ce qui lui arrivait, une autre main se plaqua fermement sur sa bouche. Son cœur explosa dans sa poitrine. Elle tenta aussitôt de se débattre, les ongles cherchant à griffer la peau de son assaillant, les pieds frappant le sol dans l’espoir de s’échapper. Mais l’emprise était forte, implacable.Alex passa une main dans ses cheveux, exaspéré. — Parce que discuter avec Sacha, c’est perdre son temps. Elle ne comprend pas. Elle ne comprendra jamais. Il plongea son regard dans le sien, plus sérieux que jamais. — Toi, en revanche… Rosette sentit son cœur s’accélérer sous l’intensité de ses mots, mais elle se força à garder son sang-froid. — Si tu dis vrai, alors pourquoi l’Organisation me menace ? demanda-t-elle. Alex baissa légèrement les yeux avant de répondre : — Parce qu’ils savent que tu es plus importante que ce que tu crois. Ces mots lui donnèrent des frissons. Elle voulait comprendre, mais tout cela la dépassait encore. — Je suis fatiguée de tout ça, Alex. Fatiguée d’avoir peur. Fatiguée de ne rien comprendre. Alex s’approcha un peu plus et murmura : — Alors laisse-moi t’aider. Rosette le fixa, cherchant à déceler une quelconque manipulation dans son regard, mais elle n’y trouva que de la sincérité mêlée à une pointe d’inquiétude. Pourtant, avant qu’elle puiss
Alex ne répondit pas immédiatement. Ses doigts effleurèrent le rebord de la fenêtre, son expression indéchiffrable. Puis, après un long moment, il se tourna enfin vers elle. — Je dois y aller, dit-il simplement. Rosette sentit son estomac se tordre. Elle aurait voulu lui dire de rester. De ne pas la laisser seule avec ses pensées, avec tout ce qui venait de se passer ces derniers jours. Mais elle savait que ce serait inutile. Alex n’était pas du genre à changer d’avis. Elle soupira, baissant les yeux vers ses draps. — Tu ne m’as même pas dit où tu allais, murmura-t-elle. — Il vaut mieux que tu ne le saches pas. Une réponse vague, comme toujours. Rosette releva la tête, cherchant à croiser son regard. — Tu comptes revenir ? Alex esquissa un léger sourire, un de ces sourires mystérieux qui laissaient toujours planer un doute sur ses intentions. Puis, lentement, il s’approcha d’elle. Il s’agenouilla au bord du lit, à sa hauteur, et posa une main sur sa joue. — Bien sûr
Elle le fixa un moment, puis détourna le regard. Elle savait qu’il avait raison. Elle ne pouvait pas avancer sans changer. Elle ne pouvait pas continuer à fuir. Mais accepter cette aide, accepter ce qu’Alex lui proposait, signifiait plonger encore plus dans ce monde qu’elle n’avait pas choisi. Elle risquait de perdre tout ce qu’elle connaissait, tout ce qu’elle avait toujours cru être. Elle inspira profondément. — D’accord. Les mots sortirent plus facilement qu’elle ne l’avait imaginé. Il la regarda, surpris par sa réponse, mais quelque chose dans son expression changea. Il hocha lentement la tête, comme s’il savait qu’il avait gagné une petite victoire. Tu ne le regretteras pas, murmura-t-il. C’est toi qui choisis ce que tu veux devenir. Rosette se redressa, un peu plus sûre d’elle, mais la peur persistait dans le fond de son cœur. Elle avait décidé de passer à autre chose. Mais à quel prix ? Elle l’ignorait encore. Le soleil commençait à se coucher, teignant le ciel d’un
Mais il l’avait aussi protégée. Et maintenant… il lui disait qu’il l’aimait ? Elle inspira profondément avant de murmurer : — Tu es un monstre, Alex. Un léger sourire triste étira les lèvres du garçon. — Je sais. Un silence pesant s’installa entre eux. Puis, contre toute attente, il lâcha lentement son bras et recula d’un pas. — Je vais te laisser. Rosette releva la tête, surprise. — Quoi ? Il haussa légèrement les épaules. — Tu as besoin de temps. Et cette fois… je vais te le donner. Elle resta muette, incapable de répondre. Alex esquissa un dernier regard vers elle, puis se dirigea vers la fenêtre. Avant de disparaître dans la nuit, il murmura : — Mais sache que je reviendrai. Et il disparut, la laissant seule avec ses doutes et son cœur battant bien trop fort. Rosette s’allongea sur son lit, fixant le plafond sans vraiment le voir. Tout tournait dans sa tête. Alex… ses mots… ses aveux… était-il sincère ? Elle voulait y croire. Mais elle avait t
Elle le fixa, horrifiée. — Qu’est-ce que tu racontes ? Alex la regarda droit dans les yeux, son visage plus sérieux que jamais. — Si tu n’avais pas fait ton offrande hier soir… c’est toi qu’on aurait retrouvé morte dans cette piscine. Son cœur s’arrêta net. Elle fit un pas en arrière, cherchant à s’éloigner de lui, mais elle n’y arrivait plus. — Tu mens… souffla-t-elle, la gorge serrée. — Non. C’est la vérité. Elle secoua la tête, incapable d’accepter ce qu’il venait de dire. Quelqu’un était mort à sa place. Et ce n’était que le début Rosette rentra chez elle en titubant presque, les nerfs à vif. Tout son corps tremblait encore sous le choc. Un élève était mort… et c’était elle qui aurait dû mourir à sa place. Lorsqu’elle referma la porte de son appartement derrière elle, un silence pesant s’abattit sur les lieux. Sa mère était repartie à la campagne. Elle était seule. Elle retira ses chaussures, avança lentement vers sa chambre et s’écroula sur son lit, fixa
Son premier réflexe fut de répondre, d’exiger des explications, mais elle se ravisa. Ce message n’était pas une simple provocation… c’était un avertissement. Elle le sentait. Un frisson parcourut son dos. À nous ? Que signifiait cette phrase exactement ? Et pourquoi la menaçait-on maintenant, après ce qu’Alex lui avait fait faire ? Elle hésita un instant avant de composer le numéro d’Alex. Il devait savoir quelque chose. Mais avant qu’elle n’ait pu appuyer sur “Appeler”, une deuxième notification apparut. “Ne parle à personne de ce message. Sinon, tu risques de le regretter.” Son estomac se noua. Elle avait l’impression que les murs de sa chambre se refermaient sur elle. Sa respiration devint saccadée. Qui étaient-ils ? Et qu’est-ce qu’ils attendaient d’elle ? La panique monta en elle. Elle posa une main tremblante sur sa poitrine, tentant de calmer son cœur affolé. Elle était en danger, c’était certain. Mais que devait-elle faire ? Son premier instinct lui criait de couri