Chapitre 4

Demander le divorce, ça ne laisse jamais indemne.

Louis est parti furieux, et n'est pas rentré pendant une semaine.

Comme toujours, lorsqu'il était vexé, il disparaissait sans un mot — preuve, s'il en fallait, qu'il ne prenait jamais mes paroles au sérieux.

Avant, face à ce genre de violence silencieuse, je me serais effondrée. Des nuits sans sommeil, des appels en boucle pour m'excuser, pour le supplier de me pardonner.

Mais aujourd'hui, j'étais occupée à chercher un nouvel emploi. Une fois divorcée, je n'avais aucune intention de rester dans l'entreprise de Louis.

Et ce soir-là, il m'a appelée.

De sa part, prendre l'initiative était une façon de tendre la main. Refuser, c'était être immature.

« Les chiffres du semestre sont bons. Il y a une soirée de célébration ce soir. Viens avec moi. »

Devant le bureau, j'ai attendu vingt minutes avant de le voir arriver, avec Yukki installée à côté de lui.

« Yvonne, je suis sujette au mal des transports. Loulou m'a proposé le siège avant. Tu m'en veux pas, non ? »

Louis serrait le volant, tendu, comme s'il avait peur que je saute à la gorge de Yukki à tout moment.

Mais je me suis contentée d'ouvrir calmement la portière arrière. De toute façon, le siège passager ne m'était pas destiné.

Pendant tout le trajet, Yukki n'a pas cessé de bavarder et de minauder. Je regardais le paysage, silencieuse.

Louis, rarement, gardait le visage sombre avec elle. Il ne répondait presque pas, jetait souvent des regards dans le rétroviseur.

Quand on est arrivés à l'hôtel, son ami Nathan nous a accueillis avec un sourire affable.

« Salut, Yvonne ! J'ai été tellement débordé que j'ai oublié de t'envoyer un message. »

Nathan, un des meilleurs amis de Louis, il était au courant de toutes ses histoires, et connaissait très bien la situation.

Si Louis emmenait Yukki à une soirée, il évitait de m'inviter, sachant que je risquais de tout faire dérailler.

Je lui ai dit : « T'inquiète pas, je ne resterai pas longtemps. »

Il a ouvert la bouche, surpris, mais n'a rien dit.

La soirée a commencé.

Après quelques verres et poignées de main, Louis est revenu vers moi avec un petit gâteau.

« Mange un peu. T'as rien mangé cet après-midi, tu dois avoir faim. »

J'allais refuser quand Yukki est arrivée, téléphone en main.

Elle était en live.

« Oh, tu es ici, Loulou ! Je t'ai cherché partout ! »

« Quoi ? Tu parles d'Yvonne ? Elle n'a pas dîné, donc Loulou lui a pris un petit gâteau. »

« Mais non, je suis pas en couple avec lui ! »

J'ai détourné la tête pour éviter la caméra et me suis levée pour partir.

Je me suis posée sur le balcon, au vent. Louis m'y a rejoint peu après, l'air mal à l'aise.

Il m'a dit d'un ton incertain : « J'avais aucune idée qu'elle ferait un live. Ce que disent les gens dans le chat, c'est n'importe quoi. Quand je fais des duos avec elle, c'est juste pour le show. J'ai déjà coupé le live. »

J'ai fait un signe de tête affirmatif, sans grand intérêt, et suis retournée dans la salle.

Sur scène, l'animateur parlait d'avenir et d'ambition de l'entreprise.

Yukki s'est approchée de moi, une coupe de champagne à la main. Elle a cogné mon verre avec un sourire faussement doux.

« Yvonne, mes fans disent que Loulou et moi, on est faits l'un pour l'autre. Tu crois qu'il préfère qui, toi ou moi ? »

J'ai détourné le regard et ai répondu : « Demande-lui. Mais à mon avis, c'est toi. »

Elle s'est penchée en riant : « Vraiment ? C'est ce que je pense aussi. »

Quelque chose sonnait faux. J'ai voulu reculer, mais Yukki s'est laissée tomber en arrière.

Avant que je ne comprenne, une violente poussée m'a projetée contre une table. Le bord a heurté mon dos. Des verres se sont renversés.

Une douleur vive m'a transpercé le ventre. J'avais la tête qui tournait.

En m'appuyant sur la table difficilement, j'ai posé une main sur mon ventre. Une chaleur gluante coulait le long de ma cuisse.

Louis s'est précipité vers Yukki, l'air bouleversé. Puis il s'est tourné vers moi, furieux : « Yvonne, tu comptes arrêter de faire des crises un jour ? Tu… »

Il s'est figé. Son regard s'est posé sur le sang. Sa voix s'est brisée : « Tu… tu étais enceinte ? »

Paniqué, il a sorti son téléphone pour appeler une ambulance.

Yukki l'a retenu par la manche, a sorti une serviette hygiénique de son sac à main et me l'a tendue, toute douce :

« Yvonne, t'as peut-être juste eu une fuite ? Tiens, change-toi. »

Louis a suspendu son geste. Il a fixé la scène, puis, le visage crispé, a attrapé la serviette et me l'a jetée dessus.

« Va te nettoyer. Tu vas pas foutre la honte ici. »

Puis il a pris la main de Yukki et ils sont partis.

Avec elle, même les apparences ne tenaient plus.

Je me suis traînée dehors, en essayant d'oublier la douleur, et j'ai appelé ma meilleure amie.

« Noémie… Tu peux m'emmener à l'hôpital maintenant ? »

J'ai fermé mes yeux, lui ai dit d'un ton rauque : « Je crois que je fais une fausse couche. »

À peine les mots prononcés, un vertige brutal m'a frappée. Des pas précipités ont résonné tout près. Une voix anxieuse m'a appelée. Puis, le noir. Et des bras, chauds, qui m'ont rattrapée.