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Chapitre 50 – La Tempête et le Jugement

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-05-14 05:21:46

Eryx

Le vent souffle plus fort aujourd’hui. Comme un présage. La forêt s’agite, haletante, oppressante, chaque feuille semble porter le poids d’un reproche muet. Les branches craquent comme des os sous la pression du silence. J’ai l’impression que même les racines veulent me repousser.

Et moi, je marche. Le souffle court. Les poings serrés. Incapable de rester immobile plus longtemps. L’odeur d’Amara flotte encore dans l’air, entêtante, sauvage. Celle de Thalia est mêlée à la sève, rageuse et vibrante. Selène… Selène a emporté avec elle tout ce que je n’ai jamais su dire. Tout ce que j’ai refusé de nommer.

Je suis un roi sans trône. Un mâle sans repère. Un cœur vide aux mains pleines de regrets.

Et je sens… je sens que si je ne fais rien, je les perdrai. Pour de bon. Peut-être que je les ai déjà perdues. Mais je dois leur parler. Les regarder une dernière fois dans les yeux. Leur dire ce que j’aurais dû dire avant que tout n’explose.

Alors je pars à leur recherche. Une à une. Même si
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    ThaliaLe camp s’est formé comme une cicatrice. Trop vite. Trop bien.Les anciens réflexes reviennent.Les gestes d’avant. Les regards d’armes. Les silences de guerre.Mais moi, je ne dors pas.Je veille.Allongée sur la terre, une main posée sur mon ventre.Là où il pousse. Là où il attend. Là où tout commence.Eryx est de l’autre côté du feu. Droit. Immuable. Les yeux levés vers le ciel noir.Il ne parle plus depuis qu’on est revenus.Et je déteste son silence autant que je le cherche.Parce que je connais ce silence. C’est celui d’un homme qui prépare sa fin.— Tu crois qu’on a une chance ? je demande dans l’obscurité.Il ne répond pas tout de suite.Il hésite. Et ça me fait plus mal qu’un non.Puis sa voix fend la nuit :— Pas contre eux. Mais pour ce qu’on a construit. Peut-être.Je me redresse, la mâchoire serrée.— Tu parles de la terre ? Ou de l’enfant ?Un souffle. Comme un coup porté.— Des deux, dit-il. Mais j’ai plus peur de toi que d’eux.Je me fige.L’air me manque.Ses

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    ThaliaJe vomis au lever du jour.Pas une maladie. Pas un poison. Une vie.Je reste accroupie dans l’herbe encore froide, le souffle court, les yeux rivés sur la terre.Le soleil ne s’est pas encore levé, mais je le sens. Cette chaleur en moi, étrangère et douce, un feu minuscule que rien ne peut éteindre.Je me redresse lentement, l’estomac vide, le cœur en désordre.Je l’ai compris quand j’ai cessé de supporter l’odeur du feu. Quand mes tempes se sont mises à battre au rythme d’un tambour que je ne reconnaissais pas.Quand mes rêves sont devenus plus vastes que mes blessures.C’est arrivé sans cri, sans drame.Une simple vérité, dans le silence du matin : je suis enceinte.Je n’ai pas fui.Je n’ai pas pleuré.Mais j’ai senti mes jambes flancher.Une main posée sur mon ventre, comme pour m’assurer qu’il est bien là.Qu’il est réel.Pas à cause de la peur. Pas à cause de lui.Parce qu’une part de moi sait qu’il y a quelque chose en moi qui n’est pas une fin. Qui n’est pas une arme. Qu

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    EryxLes jours passent sans bruit. Juste le vent dans les arbres. Juste le feu dans le poêle. Je coupe du bois. Je construis. Un toit, d’abord. Puis quatre murs. Rien de grand. Juste assez pour ne plus dormir à la merci du vent, de la nuit, des souvenirs.Je réapprends à faire avec mes mains. À porter, scier, clouer. À sentir mes muscles au lieu de les imposer. À sentir mon souffle plutôt que celui des autres.Sans ordre à donner. Sans trône à défendre. Sans cris dans les couloirs.Le silence est lourd. Mais ce n’est plus un fardeau. C’est un choix. Une rédemption.Je parle peu. Aux villageois, un mot ou deux. Par nécessité. Jamais plus. À moi-même, encore moins.Mais chaque soir, en regardant le feu, je repense à elles.Amara. Selène. Thalia.Trois flammes. Trois blessures. Trois portes que j’ai claquées derrière moi. Ou qu’elles m’ont claquées au visage. Je ne sais plus. Peut-être les deux.Elles m'ont laissé vivant. Elles m'ont laissé seul. Et c’est un cadeau.Pas une punition. Une

  • Les trois reines sauvages    Chapitre 53 – Là où tout commence

    EryxJe redescends. Vers le sud. Vers ce qu’il reste du monde, ou de moi. Mes pas me portent malgré la fatigue, malgré le doute qui me ronge la gorge à chaque pas comme un feu lent. Je traverse les hameaux, les terres brûlées, les ruines silencieuses qui chuchotent le nom de ceux que j’ai laissés derrière.Le peuple me regarde sans me reconnaître. Et c’est mieux ainsi. Les regards passent sur moi comme sur une ombre. Le roi est mort. Il ne reste que l’homme. L’exilé.Je ne cherche plus de trône. Je cherche une place. Pas une place offerte. Une place méritée. Arrachée à l’orgueil, au sang, à la peur. Je ne veux plus être au sommet, je veux être à hauteur d’homme. Là où l’on sent le sol sous ses pas, la pluie sur ses joues. J’ai failli. Mais je suis encore là.Le village s’étend au bord d’un lac. Une eau noire, tranquille, qui reflète les montagnes comme un secret oublié. Une vieille femme m’offre du pain. Un enfant me tend une couverture. Un homme m’indique une grange où dormir. On ne

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    EryxLe vent a changé. Il n’a plus la morsure froide de l’hiver, ni l’odeur des cendres. Il sent la pluie, l’humus et les racines profondes. Celles qu’on croyait mortes, mais qui respirent encore sous la surface. Je marche, encore. Sans but, mais plus sans raison. Chaque pas que je fais, je le fais vers moi-même. Vers celui que j’ai fui pendant trop longtemps.Le sol est meuble, trempé. Il m’enfonce légèrement, comme s’il voulait m’absorber, m’avaler. Mais je m’accroche. Aux arbres, à l’air, à ce que je suis encore capable de sentir. J’ai perdu leur amour. Et c’est une chute sans fond. Mais au creux de cette chute, je touche enfin une vérité nue : je ne peux pas aimer sans me détruire, si je ne me connais pas.Je me suis voulu fort, mais j’étais vide. Je me suis cru digne, mais j’étais divisé. J’ai joué au roi, sans royaume, sans couronne, sans loyauté. Il est temps de devenir plus. Pas pour elles. Pas pour réparer. Mais parce que vivre autrement serait trahir ce qu’elles ont vu en mo

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    EryxJe marche sans but, comme un loup privé de son instinct. Chaque pas me ramène à une image, une odeur, un souvenir. Les feuilles craquent sous mes pieds, mais elles ne font plus écho à rien. Mon monde est devenu silencieux. Un silence pesant, viscéral, qui m’écrase de l’intérieur.Je revois Thalia, cette nuit-là, quand elle m’a défié, tremblante mais fière. Elle m’a offert ses serres, son feu, sa fidélité. Et moi, je l’ai laissée se consumer sans jamais vraiment la regarder brûler. Je revois Selène, ses yeux brillants d’intelligence, son mystère insondable. Elle m’a tendu ses énigmes comme des offrandes, et j’ai préféré le confort du connu. Je revois Amara, le feu de sa rébellion, cette lumière qu’elle portait même quand tout brûlait autour d’elle. Elle m’a donné son âme à nu, et je n’ai fait que l’effleurer, de peur de me brûler.J’ai aimé mal. J’ai aimé fort. J’ai voulu tout garder, tout protéger. Mais en tirant trop fort sur les fils, je les ai tous brisés. J’ai cru que l’amour

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    EryxLe vent souffle plus fort aujourd’hui. Comme un présage. La forêt s’agite, haletante, oppressante, chaque feuille semble porter le poids d’un reproche muet. Les branches craquent comme des os sous la pression du silence. J’ai l’impression que même les racines veulent me repousser.Et moi, je marche. Le souffle court. Les poings serrés. Incapable de rester immobile plus longtemps. L’odeur d’Amara flotte encore dans l’air, entêtante, sauvage. Celle de Thalia est mêlée à la sève, rageuse et vibrante. Selène… Selène a emporté avec elle tout ce que je n’ai jamais su dire. Tout ce que j’ai refusé de nommer.Je suis un roi sans trône. Un mâle sans repère. Un cœur vide aux mains pleines de regrets.Et je sens… je sens que si je ne fais rien, je les perdrai. Pour de bon. Peut-être que je les ai déjà perdues. Mais je dois leur parler. Les regarder une dernière fois dans les yeux. Leur dire ce que j’aurais dû dire avant que tout n’explose.Alors je pars à leur recherche. Une à une. Même si

  • Les trois reines sauvages    Chapitre 49 – Le Feu sous la Cendre

    EryxElles me regardent. Et dans leurs yeux, il n’y a plus de lumière. Plus de douceur. Rien que l’attente d’une sentence. Un silence brut, comme un cri étranglé. Je voudrais parler. Trouver les mots justes. Mais il n’existe pas de phrase assez puissante pour guérir ce que je viens de briser.Le sol me paraît plus stable que moi. Mes jambes sont deux colonnes creuses, prêtes à céder. Mon cœur cogne comme s’il cherchait à fuir ma poitrine.Thalia saigne de la lèvre. Amara a l’épaule en feu. Selène, elle, ne saigne pas. Elle brûle de l’intérieur.Et moi, je reste figé. L’alpha incapable. Le cœur fendu. L’homme divisé.AmaraJe me détourne. Mes jambes tremblent, mais je les force à me porter. Si je tombe, je tomberai loin d’eux. Loin de leurs regards. Je refuse de supplier. Même s’il me choisit. Même s’il murmure mon nom dans la nuit. Je ne veux pas être celle qu’on pointe du doigt. Celle qu’on accuse de vol.J’entends Thalia souffler derrière moi. Selène ne bouge pas. Mais leur silence

  • Les trois reines sauvages    Chapitre 48 – L’Éclat et la Rupture

    AmaraJe le sens dès le réveil.Le silence du camp n’est plus paisible. Il est chargé.Comme l’air avant l’orage, comme un cri suspendu.Eryx dort encore, une main sur ma taille, son souffle profond contre ma nuque.Mais son sommeil n’apaise rien. Il ne m’atteint plus.Je me lève sans bruit.Chaque geste est lent, précis. J’enfile mon manteau, je sors.Dehors, l’aube n’a pas encore percé l’horizon.Une brume fine rampe sur le sol.Le froid me mord les chevilles, mais je n’y prête pas attention.Elles sont déjà là.Thalia, les poings éclatés contre un tronc, frappe avec une régularité cruelle.Ses phalanges saignent, mais elle continue, comme si la douleur l’ancrerait à ce monde.Selène, elle, est assise sur un rocher, sa lame entre les doigts.Elle aiguise, encore et encore, jusqu’à faire crisser l’acier.Moi, je m’arrête à quelques pas.Et je sens le lien.Le lien qui me brûle la peau, qui m’enlace à eux, à lui.Le pouvoir approche. La lune réclame son dû.Et dans le silence de cette

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