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Chapitre 78 — Le poids des souvenirs

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-06-07 00:49:38

Thalia

Le matin ne viendra pas tout de suite. La forêt est encore figée dans le silence, cette paix lourde d’ombres et de promesses. Kael dort contre moi, son souffle lent et régulier contre ma peau encore chaude de nos baisers, de nos caresses. Je pourrais rester là pour l’éternité, prise dans ce fragile instant où tout paraît possible.

Pourtant, quelque chose gronde en moi, un murmure sourd que je ne peux ignorer. Ce corps qui s’est enfin libéré n’oublie rien. Ni la peur, ni les doutes, ni les siècles où l’on m’a tenue captive, effacée. Comme si chaque cellule de mon être portait encore les chaînes invisibles de ce passé cruel. Parfois, dans le silence, la mémoire me serre la gorge. Un poids sourd, un relent de douleur qui refuse de s’éteindre.

Je tourne la tête vers Kael. Son visage est calme, presque apaisé. Mais moi, je sais que le feu ne s’éteint jamais vraiment. Il sommeille, prêt à raviver les cendres. Ce feu, c’est notre malédiction, notre force et notre faiblesse mêlées. Il
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    EryxLe silence me hurle à la gorge.Quand je reviens au cercle, les braises sont encore tièdes, les marques fraîches sur la terre comme des aveux. Un feu ancien a été réveillé ici, nourri dans la nuit par des mains que je connais trop bien. Il flotte dans l’air une chaleur résiduelle, un parfum de cendres mêlé à celui de sa peau.Thalia.Et Kael.L’évidence me claque au visage, brutale. Ils n’ont pas seulement parlé. Ce n’était pas un échange de regards, un frisson volé. C’était une offrande. Une communion. Une nuit.Je reste figé un instant, le souffle court. Mes mâchoires se contractent tandis que mes doigts se ferment lentement, comme si tout mon corps tentait de contenir ce qui gronde en moi.Mais c’est trop tard.Le feu se lève.Il déferle dans ma poitrine, ravageant tout sur son passage. Il est ancien, ce feu. Né de l’humiliation, de la solitude, des années à regarder de loin ce que je n’ai jamais osé réclamer. Il rugit, il réclame, il exige. Et cette fois, je ne peux pas le fa

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    ThaliaJe ne tremble plus.Kael est contre moi. Tout contre moi. Sa bouche a quitté la mienne, mais son souffle est encore là, suspendu entre deux silences. Son regard plonge dans le mien, et je n’ai plus peur d’être vue.Je veux l’être.Vue. Sentie. Reconnue.Il passe ses doigts sur mes épaules nues, puis sur mes omoplates, lentes explorations de ce corps qui n’a jamais vraiment appartenu à personne. Jusqu’à maintenant. Jusqu’à lui.Je frémis, mais je ne recule pas. Je me tends, au contraire, à cette caresse, à ce contact qui devient feu. Sa paume glisse sur ma nuque, descend le long de ma colonne, et chaque vertèbre, chaque frisson me rappelle que je suis vivante. Présente.— Thalia…Ma peau frissonne à l’entente de mon prénom. Ce n’est pas une question. C’est un serment.— Tu es sûre ? murmure-t-il pourtant, le front contre ma tempe.Je glisse mes mains sous sa tunique, contre sa peau tendue, chaude, prête à rompre. Il tressaille au contact.— J’ai attendu cette chute toute ma vie.

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    KaelJe n’arrive pas à parler.Le feu a reflué, mais la marque de sa chaleur reste sur ma peau. Pas une brûlure. Une empreinte. Comme si quelque chose avait tenté de me traverser, de m’atteindre. Comme si elle l’avait fait.Thalia.Elle est là, au milieu du cercle, toujours à genoux. La tête inclinée, les bras relâchés, le souffle court. Et pourtant, tout en elle semble régner. Pas comme une reine qu’on acclame. Comme un axe. Une loi primitive que tout autour d’elle accepte sans protester.Même moi.Je m’approche, lentement. Je n’ai pas besoin de parler. Elle sait. Son regard glisse sur moi, profond, brillant, encore tremblant d’avoir trop vu.Et sans réfléchir, je tends la main.Ma paume touche sa joue. Sa peau est brûlante. Mais elle ne recule pas. Elle se penche même contre ma main. Son souffle s’attarde sur mes doigts, comme une caresse invisible. Je sens l’envie naître. Pas brutale. Pas seulement charnelle. Quelque chose de plus ancien. Une faim d’âme. Une soif de retrouver ce qu

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    ThaliaLa lumière ne s’est pas dissipée. Le feu s’est figé comme un cœur suspendu dans une poitrine trop pleine. Autour de moi, tout semble attendre. Même le vent. Même le ciel. Même les battements de mon propre cœur.J’ai parlé. J’ai choisi. Mais je ne comprends toujours pas ce que j’ai déclenché. Ce n’était pas un simple mot lancé à la nuit. C’était une promesse gravée dans la chair. Quelque chose de profond, de viscéral. J’ai senti mes os frissonner, mes entrailles se tendre. Mon corps tout entier s’est mis à vibrer comme une corde d’arc tendue à l’extrême.Maën m’a laissée seule au bord du feu. Elle s’est retirée dans l’ombre, comme si sa tâche était accomplie. Kael s’est rapproché, suivi de Selène, Lys, Eryx, les autres. Tous m’entourent. Tous me regardent comme si j’étais devenue autre.Je ne sais pas si je suis prête. Mais je ne peux plus reculer.KaelJe la vois. Debout. Droit dans l’éclat surnaturel de ce feu. Elle ne tremble plus. Elle est là, vivante, enracinée dans quelque

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