Chapitre Un

   Ce n'est pas comme si je voulais une putain de parade, mais un jour de congé aurait été sympa. Surtout que cette école avait eu l'idée stupide de maintenir les cours en été.

Pas des cours d'été, hein. De vrais cours, avec des examens et des notes — en plein été.

Qui a dit que c'était une bonne idée de continuer l'école pendant l'été ?

Nicky la garce, voilà qui.

Un seul putain de jour sans école, Nicky, c'est trop demander ?

Non seulement j'avais dévoilé un réseau secret de tarés qui voulaient ma tête au bout d'une pique ou mon sang sur le sol, mais j'avais aussi été prise au dépourvu par toute cette histoire de « ton père est le premier loup et tu es genre, la fille d'un dieu » que je vivais.

Oh, et l'Alpha m'avait défié pour ma place dans la meute.

Donc, soit je devais lui arracher la tête et devenir la nouvelle Alpha, soit quitter la meute. Disons qu'une option se démarquait. Ce n'était pas celle de l'arrachage de tête.

Je n'étais pas une meneuse et je n'avais aucun intérêt à l'être.

Je venais de vivre le pire semestre de tous les temps. Tout ce que cette fille voulait, c'était rester sous la douche pendant la prochaine heure, rater son premier cours et aller traquer son compagnon Vampire dans son Repaire souterrain.

Au lieu de ça, je prenais une douche rapide après m'être réveillée en retard, accompagnée des bruits de ma colocataire se brossant les dents avec une hâte furieuse.

J'avais choisi de le faire sous la douche.

— Tu perds du temps, Ivy ! cria Scarlet de l'autre côté du rideau de douche, les sons étouffés par le brossage avant qu'elle ne crache dans le lavabo. Qui se soucie de ton odeur ?

— Moi, je me soucie de mon odeur, et là tout de suite, je sens comme le derrière d'une sorcière.

— Probablement parce que tu en as tué une la semaine dernière ! lança joyeusement Scarlet, savourant encore son succès post Ninja Scarlet. Toujours mieux que de sentir comme le derrière de Howl.

Elle avait marmonné cette dernière partie, mais je l'avais entendue quand même.

— Tu ferais mieux de ne pas savoir à quoi ressemble le derrière de Howl, grognai-je en crachant, rinçant et tirant le rideau de douche sans même prendre la peine de fermer l'eau. Elle éclaboussa le sol et Scarlet me lança un regard, la brosse à dents dans la bouche, écumant comme un loup enragé, ou un renard dans son cas. Oui, j'étais bien consciente que c'était plus mon loup qui parlait que moi. Je la laisserais nettoyer l'eau. Elle le méritait.

Je lui tirai la langue et retournai me rincer ; bien que je ne remis pas le rideau en place.

Quelque part entre être liée à trois potentiels dieux du sexe et me transformer régulièrement, je m'étais habituée à être nue. Fini le temps où je m'inquiétais d'un téton qui dépasse, j'étais maintenant une vraie nana à poitrine dénudée. Bien que je n'étais pas prête à abandonner le soutien-gorge rouge.

— Eh bien, peu importe à qui appartient le derrière dont tu as l'odeur, tu ferais mieux de te bouger. On a cours dans dix minutes. Je suis sûre qu'ils vont parler de notre virée meurtrière dans le sous-sol et je ne veux pas rater ça.

— Ou chuchoter-me-fixer à propos du duel à mort de Pater. J'essayais vraiment de faire une blague. Elle tomba tellement à plat que je crois que mes seins ont commencé à s'affaisser.

— Dans tous les cas, dit Scarlet, essayant de ne pas montrer sa propre appréhension à l'idée que je pourrais ne plus avoir de tête d'ici la fin de la semaine. Si on est en retard, on va le rater. Attrape un string et une jupe et on y va.

J'étais à mi-chemin de la salle de bain quand je me figeai. — Un string et une jupe ?

— Ouais, tu n'attends pas l'arrivée imminente du compagnon numéro quatre ? Autant être prête. Accès plus facile, non ? J'ai failli la frapper.

— Si c'est tout ce qu'il faut, j'en ai quelques-uns que je peux te prêter. On peut s'arrêter à la bibliothèque plus tard et laisser ta virginité derrière toi, je lui fis un clin d'œil en renonçant au string que j'avais prévu de porter pour un modèle en dentelle noire plus couvrant.

Vu que j'avais un rendez-vous avec Saxon plus tard, j'étais sûre que j'aurais plus d'action qu'elle.

Merde.

Je commençais à me sentir mal pour elle. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle manquait. Je devais lui trouver quelqu'un, de préférence avant que je ne perde la tête.

Je boutonnai rapidement ma chemise blanche par-dessus mon soutien-gorge rouge préféré alors que nous quittions la chambre en trombe, toutes les deux encore en train de boutonner, d'attacher et de vérifier le contenu de nos sacs.

— Un de ces jours, on sera à l'heure, marmonna Scarlet alors que nous traversions les couloirs presque vides à toute allure.

La marche rapide vers la salle de classe ressemblait plus à un défilé de mode qu'à un trajet pour aller s'instruire. Il n'y avait pas grand monde dans les couloirs, mais tous les yeux étaient braqués sur moi, plusieurs personnes chuchotant derrière leurs mains.

Oh, salope de commérages, cruelle maîtresse. Si tu penses pouvoir m'abattre, tu te trompes lourdement.

Je ne me recroquevillai pas comme Scarlet. Je fis exactement l'inverse. Je me mis à déambuler comme une vraie star, bébé. John Travolta n'a rien à m'envier. Le fait que je n'avais pas boutonné ma chemise correctement rendait le tout encore meilleur.

C'est ça. Profitez-en bien, la plus badass de la ville-école-peu importe est là.

— Qu'est-ce que tu fous, Ivy ? gémit Scarlet en sifflant, sa main s'enroulant autour de la mienne alors qu'elle essayait de me faire arrêter. Tu peux arrêter ce... peu importe ce que c'est.

— C'est de la classe. Je ne pouvais plus contenir le rire qui bouillonnait dans ma gorge.

— Peu importe. On dirait un mec de fraternité qui vient d'ajouter une encoche à sa ceinture.

Merde. — Pas besoin d'y aller si fort.

— Au moins, tu ne sens plus comme le cul de Howl maintenant.

Je lui aurais mis une droite si je ne riais pas si fort que je trébuchai sur mes propres pieds. Je tombai directement dans la salle de classe où Howl, appuyé contre le bureau dans sa posture habituelle, faisait les annonces du matin, tel le fils terriblement sexy de l'Alpha qu'il était.

— J'ai entendu ça.

— Tant mieux, c'était le but. Tu es un dieu-loup super sexy.

Il me lança un regard alors que nous faisions irruption dans la salle, ses yeux se posant immédiatement sur les boutons mal attachés de ma chemise. Toutes les têtes se tournèrent lorsqu'il grogna, la peur et la surprise se propageant parmi les métamorphes qui nous regardaient tour à tour, Howl, Selene et moi.