Chapitre 4

Lorsqu'elles sont arrivées à l'hôpital, Nicole avait perdu connaissance et présentait des signes d'hypothermie.

Le médecin a reproché à Régine son manque de vigilance. Elle n'a pas essayé de se justifier. Intérieurement, elle se le reprochait tout autant. Elle savait que Hugues n'aimait pas Nicole, et pourtant elle lui avait confié leur fille...

« Papa… Je veux papa… » a murmuré Nicole, le visage brûlant de fièvre, dans un demi-sommeil agité, « Maman… Je veux que papa me porte aussi… Je serai sage… »

Ses larmes mouillaient ses cheveux et brisaient le cœur de Régine.

Face à ce désir si poignant, Régine a hésité un moment avant de composer le numéro de Hugues.

Comme prévu, il n'a pas répondu.

« Nicole a une forte fièvre. Viens à l'hôpital, s'il te plaît », lui a-t-elle envoyé par message.

Mais aucune réponse n'est venue avant l'aube. Seule une photo postée par Lara sur les réseaux sociaux montrait les trois ensemble, admirant une vue nocturne.

Après avoir abandonné Nicole, n'éprouvait-il donc aucun remords ? Aucune inquiétude ? Comment pouvait-il passer une soirée si paisible sans même se soucier d'elle ?

Ce contraste a éteint les derniers espoirs de Régine. Elle a compris enfin que Nicole ne comptait pas pour lui, et elle-même encore moins.

Régine a veillé toute la nuit. Au petit matin, Nicole a ouvert finalement les yeux.

« Maman, je suis désolée de t'avoir inquiétée », étaient ses premiers mots.

Une telle maturité, chez une si jeune enfant, a serré le cœur de Régine.

« Ma chérie, tu n'as aucune excuse à faire », a-t-elle dit en retenant ses larmes.

Si quelqu'un devait s'excuser, c'était bien elle pour n'avoir pu lui offrir l'amour d'un père.

« Ne pleure pas, maman. Je vais bien. »

« D'accord. Nous arrêtons de pleurer. »

Régine a serré tendrement sa fille contre elle, lui a donné ses médicaments et lui a fait manger un peu de bouillie.

Trois jours plus tard, au moment de quitter l'hôpital, le téléphone de Régine a vibré enfin :

« Toujours à l'hôpital ? Je viens vous chercher. »

Nicole, qui tenait le téléphone, a vu le message et a souri avec un espoir timide : « Maman ! Papa dit qu'il vient nous chercher ! »

Même après tout cela, la petite fille avide d'amour paternel laissait encore une lueur d'attente illuminer son cœur.

Régine a hoché la tête, priant intérieurement que Hugues ne les laisserait pas une fois de plus.

Même par simple remords d'avoir abandonné Nicole, elle espérait qu'il tiendrait enfin sa promesse.

Le temps s'écoulait lentement. Le sourire de Nicole s'effaçait peu à peu. Du matin jusqu'à midi, elle n'avait cessé de fixer la porte de la chambre d'hôpital.

Régine a jeté un regard à l'horloge murale, puis le visage déçu de sa fille.

Nicole a perçu son inquiétude et a murmuré : « Il ne viendra pas, n'est-ce pas ? »

Puis, elle s'est reprise avec une feinte légèreté : « Il doit être très occupé… Maman, rentrons à la maison. »

Elle a sauté du lit et a pris la main de Régine, un sourire forcé aux lèvres.

Le cœur serré, Régine a acquiescé : « D'accord, rentrons chez nous. »

Alors qu'elles quittaient la chambre, elles ont aperçu Hugues près des ascenseurs.

« Papa ! » s'est exclamée Nicole avant de se reprendre aussitôt, la voix tremblante : « M. Gérard... Il est venu nous chercher ! »

Mais à cet instant, Lara est sortie de l'ascenseur.

Régine a retenu fermement la main de Nicole qui voulait s'élancer.

Hugues les a aperçues alors. Son front s'est plissé légèrement, une gêne fugace dans le regard.

« Léo va bien ? » a demandé Lara.

Il a secoué la tête : « Rien de grave. Juste une égratignure. »

Puis il a détourné les yeux, sans leur accorder une attention de plus.

Régine a compris : il n'était pas venu pour elles et ses yeux ne voyaient que Lara et son fils. Même leur accident ne pouvait émouvoir son cœur.

Incapable de décrire ce qu'elle ressentait, elle s'est penchée vers Nicole avec tendresse : « Nicole… »

La petite fille lui a souri faiblement : « Maman, allons-y. »

Le trajet s'est fait en silence, seulement ponctué par les sanglots étouffés de Nicole qui regardait par la fenêtre.

De retour à la villa, elle s'est enfermée immédiatement dans sa chambre.

Régine ne l'a pas dérangée. Elle est restée dehors, silencieuse et veillant sur elle.