Chapitre 5

Deux heures plus tard, Nicole est sortie de sa chambre, tenant contre elle un ours en peluche, les yeux gonflés par les larmes.

Cette peluche était le seul cadeau que Hugues lui avait jamais offert. Elle l'avait toujours chérie comme un trésor.

« Maman, je n'en veux plus », a-t-elle déclaré en tendant l'ours à Régine avec un sourire fragile, « Maintenant… il ne lui reste plus que deux chances. »

« D'accord », a répondu Régine en prenant la peluche, le cœur lourd.

« Je veux organiser une fête pour mon anniversaire et inviter mes amies. Maman, on peut ? »

Nicole a levé vers elle un regard plein d'une attente si pure qu'il était impossible de refuser.

Les années précédentes, son anniversaire s'était toujours fêté à la maison, seule avec sa mère. Hugues n'était jamais venu. Il n'avait jamais semblé y accorder d'importance.

Régine a accepté, comprenant que c'était une nouvelle chance que sa fille offrait à son père.

Bien que sortie de l'hôpital, Nicole toussait encore. Inquiète, Régine lui a fait manquer l'école quelques jours.

Le week-end, pour lui changer les idées, elle l'a emmenée au parc d'attractions. Tandis que Nicole jouait, Régine cherchait un lieu pour la fête d'anniversaire. Soudain, des pleurs ont interrompu sa concentration.

Elle a levé les yeux et a vu Léo en train de se disputer un jouet avec sa fille.

Le garçon faisait preuve d'une entêtement agressif, exigeant de lui arracher l'objet des mains. Voyant que Nicole résistait, il l'a poussée violemment au sol.

Régine s'est élancée pour prendre sa fille dans ses bras.

« Tu vas t'excuser immédiatement ! » a-t-elle ordonné sévèrement à Léo.

Ce dernier a détourné le regard et a menti sans vergogne : « Pourquoi ? Elle est tombée toute seule ! »

« Je t'ai vu la pousser. Présente-lui des excuses. »

Léo, buté, a aperçu soudain quelqu'un derrière elles. Il s'est laissé alors tomber par terre en hurlant de façon théâtrale.

« Léo ! » Hugues est arrivé en courant, son visage marqué par une inquiétude qu'il n'avait jamais montrée pour Nicole.

Régine en a eu un rire froid et amer.

Léo s'est accroché à son bras en pleurnichant : « Papa ! Elles m'ont fait mal et m'ont volé mon jouet ! »

Hugues s'est tourné vers elles, furieux. Son regard a croisé alors celui de Régine et Nicole ; une seconde de surprise, puis toute chaleur a disparu de ses yeux.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » a-t-il demandé d'un ton accusateur.

« C'est lui qui m'a poussée », a expliqué Nicole, le regard plein d'espoir, « maman et moi, on ne lui a rien fait. Elle voulait juste qu'il s'excuse. »

La présence de Hugues avait fait cesser ses larmes. Son visage exprimait un besoin intense de réconfort.

« Hum. Tu es blessée ? » a-t-il demandé, les sourcils froncés.

« Non », a-t-elle répondu en secouant la tête, un sourire timide aux lèvres, croyant à une marque d'attention.

Mais l'homme s'est contenté d'un hochement de tête froid et se préparait à partir avec Léo.

La lumière dans les yeux de Nicole s'est éteinte.

Quant à Régine, elle était submergée par une tristesse indicible.

Comment pouvait-il être aussi partial ? Qu'il ne les aime pas, soit. Mais il n'avait pas le droit de blesser Nicole encore et encore !

« Attendez », a-t-elle lancé d'une voix ferme en les interceptant, « il doit présenter ses excuses à Nicole. »

Agacé, Hugues l'a toisée avec froideur : « Cesse de dramatiser. Léo n'est qu'un enfant. »

Régine a poussé un rire amer, sans céder : « Vraiment ? Ma fille n'a que cinq ans, elle aussi. Son âge n'excuse pas tout. Il l'a poussée, il doit s'excuser. Les caméras de surveillance le confirmeront si nécessaire. »

C'était la première fois qu'elle lui tenait tête.

Hugues a paru surpris, son mécontentement grandissant.

Mais Régine n'a pas reculé. Sa fille avait assez souffert. Il était temps de défendre sa dignité.

Lui pouvait ignorer la douleur de Nicole, mais pas elle. Elle ne permettrait pas qu'il la piétinait pour protéger l'enfant d'une autre.

« Je m'excuse à sa place », a déclaré finalement Hugues, voyant que Léo refusait de parler, « ce n'était pas intentionnel. »

Face à cette protection aveugle, Régine n'a ressenti plus que du froid.

« Ce n'est pas grave, je te pardonne. Maman, partons », a murmuré Nicole en tirant la main de sa mère. Elle affichait un sourire courageux, mais des larmes ont coulé silencieusement lorsqu'elle a tourné le dos.

Le cœur serré, Régine a répondu doucement : « D'accord. »