Chapitre 3

Nicole s'est figée, a levé les yeux vers Hugues et Léo, et l'a vu soulever le garçon avec une tendresse qu'elle ne lui avait jamais vue.

Sous le regard brûlant de sa fille, Hugues n'a eu qu'un instant d'hésitation avant de détourner les yeux, évitant même de croiser son regard rempli de larmes.

« Allons, Léo, descends maintenant. Tu es un grand garçon », a dit Lara en tendant les bras pour le récupérer.

Mais l'enfant a serré plus fort le cou de Hugues : « Non ! J'aime quand papa me porte. Et papa aussi il aime ! »

Il a déposé un baiser sur la joue de Hugues et a murmuré : « J'ai faim… Je veux du gâteau. »

« D'accord, allons chercher du gâteau », a dit Lara en souriant.

Elle a suivi Hugues vers la salle, puis s'est retournée : « Mme Kaplan, joignez-vous à nous ! »

Régine n'a pas répondu. Elle s'est accroupie devant sa fille.

Nicole pleurait silencieusement, le visage inondé de larmes : « Maman… est-ce que ce sont eux que papa aime ? »

La question a brisé les derniers restes de force de Régine. Elle a serré sa fille contre elle et a pleuré.

La scène avait été trop cruelle. Si elle-même souffrait tant, comment une enfant pouvait-elle la supporter ?

Nicole a compris la réponse dans le silence et les larmes de sa mère.

« Maman, je veux les regarder encore un peu », a-t-elle dit en essuyant ses joues.

Elle a pris la main de Régine et a murmuré : « Je veux voir comment ils sont, ceux qu'il aime. S'il te plaît. »

« Ma chérie, rentrons à la maison », a supplié Régine, le cœur serré.

Mais la petite fille a secoué la tête avec une détermination triste : « Je veux y aller. »

Régine a esquissé un sourire et est entrée dans la salle de réception en tenant la main de Nicole.

L'ambiance y était animée, et Hugues, Lara et Léo en formaient le cœur rayonnant.

Installées dans un coin discret, Régine et Nicole observaient en silence. Les yeux de la petite suivaient Hugues avec une intensité poignante : chaque geste de tendresse envers Léo était une caresse qu'elle n'avait jamais reçue.

Quand elle l'a vu nourrir Léo avec des fruits en riant, Nicole s'est levée soudain : « Maman, il les aime vraiment. Tu as vu comme il est heureux avec eux… On devrait partir. Il ne faut pas les déranger. »

Ces mots sont tombés comme des pierres sur le cœur de Régine, causant une douleur insupportable.

« Rentrons à la maison », a-t-elle proposé doucement.

Nicole a acquiescé et a pris sa main. Elles se sont dirigées ensemble vers la sortie.

« Madame Kaplan, un instant ! » Pierre, le secrétaire de Hugues, le seul dans l'entreprise à connaître leur lien, les a interceptées, « M. Gérard m'a demandé de prendre Nicole avec lui pour une sortie. Il souhaite que vous me la confiiez. »

« Une sortie avec papa ? » Les yeux de Nicole se sont illuminés soudain et son regard a commencé à chercher Hugues à travers la foule.

Pierre a confirmé : « Oui, c'est ce qu'il a dit. »

Au même moment, Régine a reçu un message de Hugues : « Je prends Nicole pour voir les feux d'artifice. »

C'était la première fois qu'il proposait spontanément une activité avec leur fille.

Bien que méfiante, Régine n'a pas pu se résoudre à refuser face à l'espoir qui brillait dans les yeux de Nicole.

« Prends soin de toi, ma chérie. Appelle-moi si besoin. »

« Ne t'inquiète pas ! » a répondu Nicole, pleine d'enthousiasme, « Je serai sage… Et je ferai en sorte qu'il m'aime bien ! »

Régine a caressé ses cheveux, le cœur serré.

Cette petite âme naïve espérait encore l'amour de son père...

Elle a jeté un regard en direction de Hugues, espérant secrètement qu'il ne décevrait pas leur fille une fois de plus.

Régine est rentrée seule, mais à peine arrivée à la maison, son téléphone a sonné. La voix déchirante de Nicole lui a transpercé le cœur : « Maman… Maman… Ils m'ont abandonnée. J'ai peur… »

« Où es-tu, mon ange ? » a demandé Régine, la voix urgente.

« Je… je ne sais pas », a sangloté la petite.

« Ne raccroche pas. Reste avec moi au téléphone. Je viens te chercher tout de suite. »

Régine a localisé le téléphone pour enfant de Nicole et s'est précipitée vers sa voiture.

Elle l'a trouvée assise au bord de la route, recouverte d'une couche épaisse de neige, transie de froid jusqu'aux os.

Les larmes aux yeux, Régine a senti ses forces la quitter. Elle a serré sa fille contre elle : « Je suis là, Nicole. N'aie plus peur. »

« Maman... J'avais tellement peur… J'ai si froid… » Nicole s'est blottie contre elle, incapable de former autre chose que des sanglots.

Son front était brûlant. Avant même d'arriver à l'hôpital, la fièvre montait, et elle murmurait inconsciemment : « Désolée… Je ne t'appellerai plus papa… Ne m'abandonne pas… S'il te plaît… »

Ces mots ont brisé le cœur de Régine. Une douleur amère lui a serré la gorge, l'étouffant de chagrin.

Avait-il osé abandonner sa fille de cinq ans dans le froid, simplement parce qu'elle l'avait appelé « papa » ? Comment pouvait-il être si cruel ?

« Nicole, plus jamais ça. Je resterai toujours avec toi. Je ne te quitterai jamais », a-t-elle promis d'une voix tremblante mais ferme en pressant sa fille contre son cœur.