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Chapitre 4 — L’ultime fracture

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-03-25 20:38:40

Nathan

Je la vois entrer. Toujours ce pas hésitant, ce visage tendu, ces yeux qui évitent les miens. Léa. Mon dernier lien au monde, celle que je déteste autant que je supplie de rester.

Elle s’installe. Me parle de comptes, de contrats, d’Adrien. Je n’écoute plus. Je fixe sa bouche qui se tord sur chaque mot, son front qui se plisse sous l’effort de me convaincre que la vie continue.

Quelle blague.

Je la coupe net.

« T’es vraiment pathétique, Léa. À croire que t’aimes ça, venir te faire cracher à la gueule. »

Elle sursaute. Puis elle relève la tête.

Léa

Je le regarde. Et pour la première fois, je ne ressens plus de pitié. Juste de la rage.

« T’as raison. Je suis pathétique. Pathétique d’avoir cru qu’il restait encore quelque chose d’humain en toi. »

Ma voix tremble. Je serre les poings. Mes ongles s’enfoncent dans ma paume. « Je me lève chaque matin en espérant que tu bougeras. Que tu relèveras la tête. Mais non. Tu préfères te complaire dans ta merde. »

Il me fixe, les mâchoires serrées.

« Dégage. »

Je ris, un rire amer. « Tu veux que je parte ? Très bien. Mais sache un truc, Nathan… La prochaine fois que je franchis cette porte, ce sera pour te dire adieu. Définitif. »

Nathan

Elle me défie du regard. Et merde, elle est belle quand elle est en colère.

« Vas-y. Barre-toi. Ça changera quoi ? Sophia l’a fait. T’es qu’un nom de plus sur la liste. »

Je vois ses yeux se remplir de larmes. Elle détourne la tête. Mais elle ne part pas. Pas encore.

Léa

Il est cruel. Viscéralement cruel.

Je me lève. « Tu sais ce qui me tue, Nathan ? Tu n'es même plus un homme. Tu es un môme qui pleure parce qu’on lui a volé son jouet. »

Il ricane. « Tu as fini ton sermon ? »

Je le fixe, froidement.

« Tu n’as même pas idée de ce que ça me coûte de venir ici. De te voir t’enfoncer, jour après jour. Mais ça s’arrête là. »

Il ne répond pas. Il me regarde juste, avec cette lueur de vide au fond des yeux.

---

Nathan

Elle s’approche. Trop près.

« Tu veux que je ressente quoi, hein ? De la gratitude ? De l’amour ? » Je crache presque les mots. « Désolé, Léa. Tout ça, c’est mort. Comme mes jambes. Comme tout le reste. »

Elle ferme les yeux. Inspire profondément.

Et là, elle lâche.

« Tu crois que tu es le seul à souffrir ? Tu crois que t’as l’exclusivité du malheur, Nathan ? Mais regarde-moi, putain ! Moi aussi je crève à petit feu. À force de t’aimer en silence. »

Le mot tombe. Brutal. Aimer.

Je reste figé. Une minute. Une éternité.

Léa

Je viens de me trahir. Et je m’en fous.

« Oui, je t’aime, Nathan. Depuis des années. Mais tu es incapable de voir ce qu’il te reste. Tu préfères regarder ce que t’as perdu. »

Je recule. « C’est fini. T’entends ? J’en peux plus. »

Il ne dit rien.

Je sors.

Cette fois, je sais que je ne reviendrai pas.

Nathan

La porte claque.

Le silence m’explose à la gueule.

Elle m’aime. Et elle est partie.

Je fixe le vide devant moi. Et pour la première fois, je ressens autre chose que de la haine.

Je ressens le manque.

Le vrai .

Nathan

La nuit tombe. Je ne sais plus depuis combien de temps je suis là, figé dans mon fauteuil. À fixer cette porte qu’elle a claquée en partant.

Elle m’aime. Elle l’a dit. Comme une bombe qu’elle a balancée avant de s’enfuir. Et moi ? Je l’ai laissée partir. Comme un lâche. Comme toujours.

Je tends la main vers la bouteille de whisky. Le verre glisse, se brise sur le sol. Rien à foutre. Ça change quoi ? J’ai perdu Sophia. Maintenant Léa. La seule conne qui restait encore à mes côtés.

Je ferme les yeux. Sa voix résonne encore dans ma tête. “Moi aussi je crève à petit feu. À force de t’aimer en silence.”

Putain. Pourquoi t’as dit ça, Léa ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi quand je suis déjà mort ?

Léa

Je marche dans la rue. Le froid me mord la peau, mais je continue. Fuir. Encore et encore. M’éloigner de lui. M’éloigner de cet appartement où j’ai laissé mon cœur.

J’ai craqué. Je lui ai dit. Trois mots que j’ai ravalés pendant des années. Je t’aime. Et il m’a regardée… Comme s’il n’entendait rien. Comme si c’était trop tard.

Les larmes roulent. J’ai mal. Physiquement mal. Comme si mon cœur éclatait dans ma poitrine.

Je me déteste de l’aimer encore. Je me déteste d’avoir espéré qu’il me retienne.

Je l’ai laissé seul. Je sais ce que ça veut dire. Il va sombrer. Et moi avec.

---

Nathan

La nuit est longue. Trop longue.

Je revois Sophia. Son visage figé quand elle a compris que je ne marcherai plus. “Je ne peux pas, Nathan. Je t’aime mais… pas comme ça.”

Et elle est partie.

Et maintenant Léa.

J’ai toujours été cet homme fort, ce connard arrogant qui ne laissait personne l’atteindre. Et regarde-moi. Une épave dans un fauteuil. Incapable de prononcer un mot qui aurait pu la retenir.

Je la voulais là. Mais j’ai choisi la haine. Parce que c’est plus simple que d’avouer que j’ai besoin d’elle.

Je suis seul. Définitivement seul.

---

Léa

Je rentre chez moi. L’appartement est vide. Trop vide.

Je m’écroule sur le sol. Je suffoque. Et je pleure. Pour lui. Pour moi. Pour tout ce qu’on a jamais eu.

J’aurais voulu qu’il dise quelque chose. Qu’il m’attrape, qu’il me supplie de rester. Mais non. Nathan Levasseur préfère tout perdre plutôt que de baisser la garde.

Je l’aime. Je l’aimerai toujours.

Mais je ne peux plus me brûler à ce feu.

Je ferme les yeux. Demain, je démissionne.

---

Nathan

Le jour se lève. Et elle n’est pas là.

Je le sens. C’est fini.

Elle ne reviendra pas.

Et moi… Je vais devoir apprendre à vivre avec ce vide.

Ou crever.

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