Debout et enlacés devant un berceau en or, le couple couvait d'un regard attendri et empli d'amour leur enfant. Le nourrisson, emmitouflé dans des vêtements chauds, dormait profondément.
La pièce dans laquelle ils se trouvaient était peinte dans des tons rosés. Une fenêtre donnait sur le jardin et laissait entrer les rayons du soleil de midi, heure à laquelle le monarque parvenait à mettre en pause ses obligations et rejoignait en douce sa reine. Les seuls meubles présents étaient une table à langer, une armoire en bois incrustée d'or qui contenait les vêtements du bébé, et quelques jouets traînant sur la moquette.
Le roi repoussa les beaux cheveux blond de sa femme d'un côté, plongea la tête dans son cou, et huma son délicieux parfum de violette qui le rendait fou de désir.
- Merci pour ce beau cadeau, ma reine, tu ne sais pas à quel point tu me comble, avoua-t-il en posant un tendre baiser sur sa joue.
- Je t'aime tant mon Arrow.
Elle se retourna et souda amoureusement ses lèvres à ceux de son mari.
Soudain, un violent coup de tonnerre éclata, faisant sursauter le couple. Ils se séparèrent au moment où entrait précipitamment dans la salle un garde. Ce dernier respirait rapidement comme s'il avait couru un marathon. D'une voix grave et hachée il annonça à ses supérieurs une nouvelle qui leur glaça le sang.
- Le château est pris d'assaut, Vos Grâces.
Le bruit de la foudre et les cris du soldat réveillèrent le bébé qui se mit à pleurer. Sa mère la prit dans ses bras tandis que le roi hurlait des ordres dans le couloir. Il revint rapidement auprès de son épouse, la serra contre lui une dernière fois, et embrassa le front de son enfant. Une larme, qu'il s'empressa d'essuyer, coula de son œil droit. Le cœur au bord des lèvres et battant à rompre, le visage complètement anéanti, et en proie à une profonde angoisse, il plongea ses yeux bleu-vert dans ceux marrons de sa moitié et s'adressa à elle d'une voix ferme.
- Part avec elle, Sally. Cache-la. Sur elle repose le sort de Mirabel. Mets-les toutes les trois à l'abris. Passez par les souterrains.
- Et toi, chéri ?
- Je dois rejoindre mes hommes pour essayer de gagner du temps, mon amour.
Secouée par des sanglots, la reine hocha lentement la tête. Le palpitant en miette et une grosse boule lui nouant l'estomac, elle colla son front à celui du monarque. Sa main, tremblante, se posa sur la joue de son époux.
- Pr...promets-moi... q...que tu me reviendras, Arrow.
- Je te le promets. Je t'aime pour l'éternité, ma douce Sally.
Un faible croissant de lune étira les lèvres de la femme. Tous deux savaient qu'ils ne se reverront jamais. La guerre arrachait à tous des êtres chers; un époux, une épouse, un fils, une fille... tous y passaient. Et justement, cette satanée calamité était sur le point de lui voler son mari. Elle avait besoin d'entendre ces mots rassurants de sa bouche, cette promesse, de s'y accrocher, et d'y puiser de la force.
Après un dernier baiser, et quelques larmes, ils sortirent de la pièce en courant. Et, trois minutes plus tard le couple royal se sépara à la croisée de deux couloirs.
L'empereur, ses longs cheveux noirs flottant au gré du vent et revêtu de son armure, rejoignit ses soldats: cinq-cents hommes chargés de protéger la famille royale et résidant dans une aile du château. Il se jeta corps et âme dans la bataille en lançant, de ses mains, des orbes foudroyants sur les ennemis. Il tranchait, coupait et plongeait son épée dans le corps de ses adversaire.
Il regarda autour de lui et vit avec horreur des dizaines de soldats couchés dans le jardin, baignant dans des éclaboussures écarlates. Certains agonisaient tandis que d'autres avaient déjà rendu l'âme. Les cris de douleur et les râles des soldats se mêlaient à ses éclats de foudre et aux tintements des épées. Partout dans la ville s'élevait des hurlements de panique et de détresse, qui comprimaient encore plus son cœur. La souffrance de son peuple décuplait la sienne. Il pouvait sentir l’odeur de la chair brulée mêlé à celle de la fumée.
Il se rendit compte qu’ils ne tiendraient pas jusqu’à l’arrivée des renforts.
Déjà à ses côtés, ne se trouvaient que ses deux fidèles conseillers et une cinquantaine d'hommes. Tous formaient un cercle qui ne cessait de rétrécir au fil des minutes. Malgré leur nombre infime, ils tentaient par tous les moyens de retenir la horde de démons croissante. Des minotaures, des lézards mi- humains, des hommes mi- serpent…
Il se demanda jusqu'à quand durera cette haine ? Lui qui pensait bien faire, voilà où l’avaient menés ses actes. Malheureusement il ne pouvait changer le passé, mais l'avenir, si. Ses pensées voguèrent à sa femme, du plus profond de son cœur il espéra qu’elles étaient hors de danger.
Un jet de foudre en forme de lance s'échappa de ses mains et atteignit en plein cœur un minotaure. La créature s'effondra, carbonisée.
Arrow profita de cette courte pause pour adresser un regard empli de reconnaissance à ses deux conseillers. Compagnons de toujours, ils avaient fait les quatre cents coups ensemble. De la jeunesse à la vieillesse, ils ne s'étaient jamais quittés. Il regrettait tant de les avoir embarqués dans cette guerre...
Ceux-ci lui répondirent par des sourires et des clins d'yeux tout en restant concentrés sur le combat.
Un autre coup de tonnerre, plus violent que le premier, déchira le ciel d’un noir corbeau. Le calme se fit instantanément. Les monstres, les soldats en armures noirs, et les ombres s'immobilisèrent autour d'eux tandis qu'une lumière aveuglante se matérialisait juste en face du roi.
- Elle arrive, murmura le dernier garde encore debout aux côtés de la tête couronné en tremblant de peur. C'est la fin.
Lorsque la lumière se dissipa, une femme encapuchonnée se trouvait devant eux. Seules ses lèvres rouge sang étaient visibles. Sa magnifique robe rose en dentelle et aux manches longues épousait divinement ses formes. Des gants recouvraient ses mains, et des bottines noires ses pieds. Elle jeta un coup d'œil à la ronde et se crispa. Elle recommença une nouvelle fois son inspection en propageant sa perception dans tout le palais et parut déçue. Son attention se porta ensuite sur le roi à qui elle s'adressa avec dédain :
- Où sont-elles ?
- Très loin d'ici. Vous arrivez tard, ma chère, rétorqua-t-il, un sourire satisfait et triomphant aux lèvres.
La femme serra les poings très forts, et ses mains se mirent à trembler de rage. Sa bouche s'étira, puis contre toute attente, elle éclata de rire.
En face d'elle, le suzerain et ses conseillers ne se démontèrent pas. Ils se mirent en position d'attaque, même en sachant que leur sort était déjà scellé.
Sans prévenir, la femme desserra les poings et leva les mains dans leur direction. Un cercle de feu entoura le petit groupe. Le vent devint plus violent et augmenta l'intensité des flammes au point où ils en furent totalement recouverts. À l'intérieur, les quatre hommes poussèrent des cris atroces. Le supplice dura quelques minutes puis un silence glaçant suivit. Lorsque s’évapora le brasier, des cendres gisaient au centre.
- Je les retrouverai, mon cher Arrow. Peu importe le temps, je les retrouverai, promit-elle aux cendres devant elle.
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Très loin des ruines du château, aux portes de la ville où se déroulait la bataille, trois femmes serrant fermement leurs bébés se dirigeaient vers la forêt de Syrte, au Nord de la capitale. Un voile cachait leurs visages, et elles avaient dû emprunter des détours pour ne pas se faire prendre. Leur destination était le portail qui reliait Mirabel aux autres Mondes.
Une fois sur place, elles unirent leurs forces et tendirent leurs magies vers la porte circulaire en or. Les inscriptions, gravées dans le métal, s'illuminèrent et un halo de lumière combla le cercle.
Le passage étant situé en hauteur, leurs regards se portèrent sur la capitale. La cité entière était atteinte par les flammes, rouge et orange. Les habitants couraient dans tous les sens, tentant d'échapper à la mort. L'odeur de la fumée et du sang couvrait celle des pins et des fleurs environnante. De leur situation, elles entendaient des cris atroces, portés par le vent, venant de la ville.
L'une des femmes, n'en pouvant plus, éclata en sanglots. Les deux autres s'approchèrent et posèrent les mains sur son épaule.
- Nous devons y aller, Majesté, il le faut !
Les larmes aux yeux, elles marchèrent vers le condensé de lumière blanche qu'était le portail et le franchirent.
Dix-sept ans plus tard…Tenant avec précaution un plateau sur lequel reposait un copieux repas, Arielle se dirigea vers la chambre de sa fille. À chacun de ses pas, ses longs cheveux bruns, relâchés, bougeaient sur ses épaules.Dans ses yeux noisette se lisait de l'inquiétude. Cela faisait quatre jours qu'une fièvre étrange abattait son enfant. Le plus préoccupant était la manière dont elle s'était déclenchée. Assise toutes les deux dans la salle à manger, Lidya s'était brusquement saisie la tête et mise à hurler. Elle était devenue toute brûlante et il avait fallu la mettre au lit. Dès lors, elle y était restée. Les examens à l'hôpital n'avaient rien donné. D'après les bouts de papiers, tout était normal. Malgré les médicaments prescrits, le mal persistait.Troublée, Arielle s'était confiée à l'un de ses collègues. Ali, un homme doux, frôlant la quarantaine, toujours à l'écoute de ses petits patients, joviale, et très serviable avec qui elle s'entendait très bien. Le Togolais lui a
Le jour suivant, aux environs de seize heures, dans la foule venu accueillir les passagers se trouvaient les Dicaprio. Quand ils aperçurent leur petite-fille, ils allèrent à sa rencontre.- Ma petite Laurine, fit Jeanne, toute émue.Elle serra très fort la jeune fille dans ses bras et lui donna un baiser sur chacune de ses joues.- Mamie, fit mine de se plaindre la blonde en riant.Intérieurement elle était très heureuse de revoir ses grands-parents.Ce fut au tour de Norbert d'enlacer sa petite-fille.- Ma crevette !Il ouvrit grand ses bras et cette dernière s'y précipita sans se faire prier. Elle savoura la chaleur de ce câlin et aspira l'éternelle odeur de tabac de son grand-père. Jeanne les rejoignit et tous les trois s’étreignirent.- Vous m'avez beaucoup manqué, leur avoua Laurine, les larmes aux yeux.- Toi aussi, répondirent à l'unisson ses grands-parents.Ils se dirigèrent ensuite vers la sortie, Norbert tirait la valise de Laurine. Une fois à l'extérieur, le vieil homme dém
Sur Mirabel… Vautrée sur un fauteuil dans l'une des salles du manoir, une jeune fille aux cheveux châtain clair lisait un livre de sortilèges. Elle portait une mini-jupe en cuir noir et un top de la même couleur. Du haut de ses un mètre soixante-cinq, elle avait des formes voluptueuses et paraissait avoir au moins dix-huit ans. Les murs de la pièce étaient bleu ciel, le sol recouvert de carreaux blancs, et le plafond en marbre de même couleur incrusté de pierres lumineuses. Dans un angle se trouvait une table en verre entourée de chaises en argent. Sourcils froncés, nez pincé, et une moue aux lèvres, elle paraissait agacée et jetait chaque minute un coup d'oeil vers la porte. Elle se demanda ce qu’elle pouvait bien foutre. Un éclair de colère passa dans ses yeux et elle se leva, à bout de patience. D'une marche rageuse, elle sortit de la salle et se retrouva dans le salon. De là, elle emprunta les escaliers qui menaient à l'étage supérieur où se trouvaient les chambres à couche
La porte d'entrée de la petite villa claqua, montrant que la propriétaire était de retour. Une jeune brune au teint parfaitement bronzé entra dans le salon. Elle retira les écouteurs de ses oreilles et enleva son débardeur mouillé par l'effort du footing qu'elle venait d'effectuer. Ce fut ensuite au tour de la culotte de sport qu'elle portait d'être ôtée et de rejoindre une pile de vêtements sur le fauteuil. Un peu partout sur le carrelage, des habits traînaient dans la pièce. ‹‹ Il faut vraiment que je range tout ce bazar ›› se promit-elle intérieurement. Elle se demanda ce qu'aurait fait sa mère si cette dernière était là, et un sourire éclaira son visage. Sortant de ses pensées, elle prit la direction de la douche pour un bain. La jeune fille y était toujours lorsque dehors le vent se mit à souffler. Elle s'enroula rapidement dans une serviette et sortit fermer les fenêtres. Dehors, le ciel s'était obscurci. Debout derrière l'une d'elles, elle observait les éléments se décha
— Mais qu'est-ce qui la fait rire ? s'étonna l'une des voix.Le rire de Laurine resta coincé dans sa gorge. Elle commençait à se rendre compte qu'elle était bel et bien éveillée et que les deux petites voix étaient celles des rouges-gorges.— V...vous parlez vraiment ? s'exclama-t-elle en pointant du doigt les deux oiseaux.— Oui, oui, répondit celui sur son épaule gauche. Mais... tu nous entends ? s'écria-t-il ensuite.— Euh... Apparemment, oui, lâcha avec hésitation la jeune fille. Euh... ex... Excusez excusez-moi, mais je dois y aller.Sans plus tarder, elle referma la fenêtre et resta plantée au beau milieu de la chambre. Les yeux agrandis par la surprise, le cœur tambourinant de peur dans sa poitrine, elle se mit à tourner en rond.— Ce n'est pas vrai ! Je viens de parler à des oiseaux. Je suis folle, oui, c'est ça. Surement un début de folie.Elle se tirait les cheveux tout en marchant. ‹‹ Comment est-ce possible ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis en train de perdre la tête ou
Un portail lumineux de forme circulaire se matérialisa petit à petit sur la plage de Lomé. Il était plus de minuit, et les lieux étaient déserts. Trois jeunes femmes, dont une blonde, une rousse et une autre aux cheveux châtains, sortirent du passage qui se referma derrière elles.- Aïe, tu m'as écrasé le pied, Betty, se plaignit la blonde.- Je n'en ai rien à foutre, Nora, répondit la rousse en lissant sa jupe et en remettant de l'ordre dans ses cheveux.- Tu pourrais au moins t'excuser, attaqua de nouveau la jeune sœur en se mettant face à son aînée.Elles se défièrent du regard. Alexa, qui avait les mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés, avança, puis se plaça entre les deux jeunes femmes.- Nous sommes en mission, ne l'oubliez pas. Alors mettez vos disputes de côté et concentrez-vous, bon sang, ordonna-t-elle.Nora et Betty se dévisagèrent encore quelques secondes, puis mirent fin à leur duel visuel pour observer les alentours.Il y avait des cocotiers et des bancs publ
Un blanc passa, durant lequel Laurine et Lidya regardèrent la brune avec de gros yeux. Elles ne virent aucune trace d’amusement sur son visage. Toutes les deux se lancèrent un coup d’œil complice, puis pouffèrent de rire.- T'es vraiment sérieuse ? souffla Laurine. Ha ha ha... Alors selon toi, nous sommes des extraterrestres ! Ah ! Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas autant marrée.Léa s'attendait à ce genre de réaction. Malgré les moqueries de Laurine et Lidya, elle restait calme, avec un sourire en coin scotché sur ses lèvres pulpeuses. Son attitude chassa petit à petit l'hilarité des deux filles.- Vous appartenez à un autre monde, répéta-t-elle en essayant d'être plus douce et convaincante. Tout ce qui vous entoure n'est qu'éphémère. La famille à laquelle vous pensez appartenir n'est pas la vôtre. Tout a été mis en œuvre pour vous protéger...- Cela suffit, la coupa Lidya en colère. Tu te rends compte de ce que tu racontes ? Tu sais ce que cela implique ?Ses joues avaient
Cela faisait une heure déjà qu'elle était réveillée. Pourtant, Laurine ne quittait pas son lit. Allongée, elle réfléchissait à sa courte vie. D'abord élevée dans un orphelinat par des sœurs, elle avait eu la chance à quatre ans d'être adoptée par les Butter. Son bonheur familial n'avait duré que treize années. La jeune fille poussa un triste soupir et une larme roula sur sa joue. Ils étaient morts dans un accident, la laissant seule. Bien sûr, il lui restait ses grands-parents adoptifs, mais de temps à autre, le vide se faisait sentir.Une bonne partie de la nuit, elle avait ressassé dans sa tête les révélations de Léa, cette jeune fille au teint bronzé et trop sûre d'elle. Elle avait parlé aux rouges-gorges et possédait une tache sur son épaule, qui attestait ses dires. En fouillant dans ses souvenirs d'enfance, elle avait eu un flash. C'était à l'époque de l'orphelinat. Petite, elle aimait s'éclipser dans les bois au bord d'un petit lac. Un jour où elle y était, elle avait cru aperc
- Quoi encore ? marmonna Léa en essayant de rester droite sur ses pieds. Autour, les arbres bougeaient sous impacte des tremblements.- Restez sur vos gardes, avertit Gaël aux aguets.Les secousses s'amplifiaient de plus en plus et se rapprochaient dangereusement. Brusquement, tout devint calme. Plus rien ne se fit sentir, laissant les six compagnons de voyage pantois. Ceux-ci se lancèrent des regards interrogateurs teintés d'angoisse. Puis, sans qu'ils ne s'y attendent, un vers géant sortit du sol creusant à son passage un gros trou de la forme d'un cratère. Il avait la peau aussi noir que celle de la furie. De sa bouche remplis de dents affûtées coulait une bave de couleur verte. Une goutte du liquide tomba sur une touffe d'herbe et celle-ci se fana instantanément. Ses trois yeux jaunes et sauvages fixaient chacun des jeunes gens comme s'il avait l'embarras du choix. - Ne bougez surtout pas, restez calme ordonna en murmurant le chef rebelle. Carlos, reste... Non, tu restes où tu
Deux heures plus tôt, ils avaient quitté le Camp. Accompagné de Carlos qui leur servait de guide, le petit groupe avançait dans la forêt de Syrte en direction de la frontière de Valladium, territoire des Medox, situé au Nord-Ouest d'El-Dorado. Autour d'eux, un silence apaisant régnait, troublé par les chants d'oiseaux, le bruit d'une rivière un peu plus loin, et par les pas des chevaux. Il faisait mi-sombre malgré l'heure avancé de la journée. Ils empruntaient une piste sablonneuse qui serpentait à travers les bois, tracée au fil du temps, à force d'y marcher et galoper.Encore novice, Laurine essayait tant bien que mal de rester droite sur sa monture. Carlos trottait à ses côtés lui donnant quelques conseils de temps à autre. Lidya, elle, galopait sur le même alignement que Gaël. Léa et Igor venaient après. - Dans deux jours au plus, si tout va bien, nous serons à Valladium, annonça gaiement Carlos. - J'ai hâte d'y être, s'enthousiasma Lidya. Il paraît que la ville n'est pas enco
Le noir total. Autour d'elle, tout n'était qu'obscurité et silence. Lidya était apeurée. De petites gouttes salées perlaient sur son front, sa peau était couverte de chair de poule à cause du froid, et ses doigts tremblaient révélant son agitation intérieur. Elle jetait des regards inquiets aux alentours. Où était-elle ? Comment avait-elle atterri dans ce tunnel sombre et humide ? Était-ce de la réalité ou un rêve ?Soudain, au loin, elle aperçut une lumière violette et se dirigea vers la source avec appréhension. Lorsqu'elle y arriva, elle se retrouva devant une cellule. À l'intérieur, sur un lit de pierre, était allongée une femme. Cette dernière portait une longue robe noire qui couvrait son corps menu et fragile. Malgré cela, elle tremblait de froid. Lidya reconnut sa mère et en eut le cœur brisé. Faisant fi de toute vigilance, elle se précipita vers les barreaux et tenta d'ouvrir la serrure, en vain. Alertée par le raffut, Arielle se retourna avec difficulté. Les joues creuses,
Un léger vent souffla, soulevant et emportant avec lui des feuilles mortes. Juste après, sous le regard ahurie des trois filles, le paysage devant leurs yeux se transforma. Lorsque la mélodie prit fin, ce n'était plus une clairière qu'elles avaient en face, mais un camp.Des centaines de baraques construites proche les unes des autres servaient d'habitation aux rebelles. Lidya, qui s'attendait à un camp composé uniquement d'hommes, fut étonnée d'y trouver des femmes ainsi que des enfants. Ces derniers, insouciants, couraient et s'amusaient en groupe. L'agitation était semblable à celle d'un petit village paisible. N'eut pas été la présence de quelques gardes armés jusqu'aux dents, la jeune fille n'y aurait pas cru. Trop occupée à découvrir, le petit coin de paradis de leur hôte, elle ne remarqua pas deux hommes de la même carrure qu'Albierik se rapprocher d'eux. Ce ne fut qu'une fois la discussion entamée entre les trois Mirabelliens qu'elle se rendit enfin compte de leur présence.
La chute dura environ deux minutes. Léa, qui adorait tout ce qui provoquait une poussée d'adrénaline, jubilait. Gaël, lui, essayait de garder un air sérieux et ses sens en alerte. Après tout, il ne savait pas encore ce qui les attendait de l'autre côté.Petit à petit, ils perdirent en vitesse, signe qu'ils arriveraient bientôt. Soudain, suivant son instinct de félin qui lui avertissait la fin de la chute, Bartok s'échappa des mains de sa maîtresse pour retomber sur ses pattes. En se retournant pour voir si tout le monde était parvenu à destination, Gaël ne put retenir un fou rire.La blonde était allongée au sol, face contre terre, Lidya assise sur ses fesses. Elles mirent un peu de temps à reprendre leurs esprits. Quand elles y parvinrent, la Johnson saisit la main que lui tendait Gaël pour l'aider à se relever.- Ça va aller ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix en voyant sa camarade allongée.- T'inquiète pas, heureusement ce tas de feuilles a amorti la chute
Vêtue d'une longue robe de couleur or qui épousait parfaitement ses formes, ses cheveux rouges relâchés atteignant le bas du dos, la reine attendait patiemment l'arrivée des trois sœurs. Assise sur le trône Royal, un verre en cristal contenant un liquide jaune dans sa main droite, et l'autre soutenant son menton, elle avait le regard perdu au loin. Une expression de tristesse et de lutte intérieure planait sur son visage sans défaut.Chaque fois qu'elle se retrouvait seule, c'était toujours pareil. Elle ne pouvait s'empêcher de revivre ses malheureux souvenirs. De sentir sa poitrine se comprimer douloureusement, ses yeux se voiler de larmes, sa gorge devenir sèche et l'air commencer à lui manquer, comme ce jour fatidique. Sa main, tenant le verre de cristal, se mit à trembler et elle s'empressa de vider le contenu pour se calmer. Qu'elle les haïssait ! Tout était de leur faute. Rien que de penser à eux, la douleur qu'elle ressentait fit place à de la rage. Cette même rage qui lui av
Lorsque Lidya ouvrit les yeux, et se trouva allongée dans son lit. Elle se leva en massant ses tempes, sa tête étant un peu douloureuse.En la voyant bouger, Laurine, qui était assise sur une chaise à ses côtés, se précipita de la prendre dans ses bras.- Ne me refais plus une telle frayeur jeune fille, j'ai cru que... Ses mots moururent au bout de ses lèvres, échangeant leur place à un croissant de lune, lorsque Laurine vit son amie grimacer.- Heureusement tu t'es enfin réveillée. Tu es restée inconsciente durant une heure, annonça-t-elle avec soulagement.Sonnée par la nouvelle, Lidya ouvrit grand les yeux. Son regard dévia vers une montre accrochée au mur. Elle indiquait vingt-un heures. L'enlèvement de sa mère lui revint en tête, avec son lot d'inquiétudes. - Où est Léa ? demanda-t-elle en remarquant l'absence de la brunette dans la pièce.Au même moment, cette dernière entra dans la chambre, suivie de Gaël. En le voyant, le cœur de la jeune fille rata un battement. Elle eut u
Deux minutes plus tard, Lidya rejoignait Laurine au lieu de rendez-vous. De loin, elle vit son amie adossée contre l'un des arbres qui bordaient la route bitumée. Les magasins commençaient à fermer et les lampadaires à s'allumer. Dès qu'elle fut un peu plus proche, elle remarqua que cette dernière tenait une boule de poils dans ses bras.— Salut, lança-t-elle en arrivant auprès d'elle. Trop curieuse de savoir ce que tenait la blonde, elle enchaîna :— Quel est donc cet animal, Laurine ? On dirait un lynx, mais sa couleur...— Tu le vois ? s'étonna la jeune Butter.La surprise de Laurine était grande. Lorsqu'elle avait quitté la maison avec Bartok, ses grands-parents ne l'avaient pas remarqué.— Bien sûr que oui ! Quelle question ! Il est trop mignon ! s'extasia Lidya. Ah, je vois ! C'était ça, ta surprise, hein ? fit-elle en souriant. Par contre, il est bleu, c'est étrange. Où l'as-tu trouvé ?Le fait que Lidya puisse voir Bartok alors que ses grands-parents non, rendit Laurine per
Une nouvelle journée venait de débuter. Allongée sur son lit, un livre sur sa poitrine, les bras le long du corps et le regard perdu dans la contemplation du plafond, Lidya était plongée dans ses pensées. Elle se remémorait les révélations de Léa. Selon cette dernière, sa mère biologique serait peut-être vivante, ou morte. Un mystère qu'elle voulait résoudre. Mais pour le moment, sa sécurité était la plus importante. Raison pour laquelle il fallait qu'elle soit présente au rendez-vous de ce soir. Comment allait-elle s'y prendre ? Voilà ce qu'était le problème.Depuis la veille, elle n'avait pas adressé la parole à sa ‹‹ mère adoptive ››. Rien que l'énonciation de ce mot lui nouait la gorge. Celle-ci avait déjà frappé plus de deux fois à sa porte pour lui parler, mais elle l'avait ignorée. Voir Arielle souffrir autant lui faisait mal, néanmoins elle n'arrivait pas à lui pardonner ; pas pour le moment.Son ventre gargouilla, trahissant sa faim. Cela faisait un moment qu'elle ressentait