Le soleil se levait lentement sur Hambourg, peinant à percer la brume épaisse qui recouvrait les docks.Le feu du laboratoire s’était éteint quelque part derrière eux, avalé par le brouillard et les cris des sirènes.L’air sentait la cendre et le métal.Léa tremblait, adossée à une cheminée industrielle. Ses doigts portaient encore la trace du sang d’Aiden une coupure fine, juste au-dessus de son poignet, qu’il refusait de faire soigner.Il fixait l’horizon, le regard perdu, la puce entre ses doigts, minuscule, presque dérisoire face à tout ce qu’ils venaient de perdre.— Tu ne devrais pas la garder sur toi, murmura-t-elle.— Si je la perds, tout ça n’aura servi à rien.— Et si elle est traçable ?— Elle l’est forcément, répondit-il. La question, c’est : par qui.Un silence.Puis un souffle court, presque un rire amer.— Tu te rends compte ? Je viens d’apprendre que je suis… un produit. Une expérience de laboratoire. Et je continue quand même à réfléchir comme eux.— Tu n’es pas un pr
Le vent balaya leurs visages. La ville d’Hambourg s’éveillait, indifférente à la guerre qui venait de recommencer. Et, quelque part, au loin, une voix froide, filtrée par un haut-parleur, prononça : “Sujet retrouvé. Phase deux engagée.” Et dans un coin quelque entrain de regarder la vie D'Aiden comme si c'était un film.« Le verdict était tombé trois semaines plus tôt, mais l’écho de cette journée continuait de hanter l’air. Le procès, repoussé à onze mois, avait laissé dans le cœur d’Aiden un vide aussi vaste que la ville elle-même. New York poursuivait son rythme électrique, insensible à la tempête intérieure d’un homme qui avait tout perdu, sauf sa rage de survivre. La pluie fine des matins d’octobre caressait les vitres de l’appartement de Brooklyn. Sur la table, un passeport ouvert, un billet d’avion, et une photo ancienne. Aiden la fixait depuis plusieurs minutes. Une femme souriante, cheveux relevés, robe claire, un regard doux : sa mère. Derrière elle, une maison en
Le vent du nord soufflait fort, charriant une pluie glaciale. Hambourg, ville d’acier et d’eau, les accueillit sous un ciel bas, où les grues du port ressemblaient à des monstres mécaniques endormis. Aiden et Léa avaient quitté le manoir à l’aube, après avoir traversé les forêts enneigées dans un silence tendu. Ils avaient roulé pendant six heures, changeant de route, de plaques, de voiture jusqu’à atteindre cette ville dans laquelle tout semblait construit sur des secrets. Léa observait le paysage urbain par la vitre du taxi : les quais, les entrepôts, les reflets froids du fleuve. Rien ici n’évoquait la chaleur ou la vie. Seulement le bruit des vagues contre le béton et la sensation d’une présence constante, invisible. — Tu crois qu’ils nous suivent encore ? demanda-t-elle. Aiden, capuche rabattue, gardait les yeux fixés sur la route. — Probablement. Mais ils ne savent pas encore ce qu’on cherche. C’est notre seul avantage. Ils descendirent devant un immeuble banal, en briq
La neige continuait de tomber, fine et silencieuse, comme une pluie d’aiguilles blanches. Le manoir dormait dans sa respiration lourde, et seul le feu dans la cheminée semblait encore tenir tête à la nuit. Léa était restée dans la bibliothèque, blottie dans un plaid, les yeux perdus dans les flammes. Aiden, lui, fixait toujours la fenêtre. Il n’avait pas bougé depuis dix minutes. Son corps entier s’était tendu à la seconde où le moteur avait résonné au loin. — Tu crois que c’est pour nous ? murmura-t-elle. Il ne répondit pas tout de suite. Le bruit s’était arrêté. Puis, un claquement sec : une portière, une autre, des pas dans la neige. Aiden éteignit les lampes. — Éteins tout. Et ne fais pas de bruit. Serena, déjà sur le qui-vive, attrapa son ordinateur et son arme de poing qu’elle gardait toujours dans un tiroir. — J’appelle Keller, souffla-t-elle. — Non, coupa Aiden. Pas encore. S’ils sont là pour observer, je veux savoir qui ils sont avant qu’ils sachent qu
Le silence qui suivit la victoire partielle d’Aiden Knight avait un goût étrange. Pas celui du triomphe, non. Plutôt celui, plus subtil, du répit entre deux tempêtes. Un de ces silences trompeurs qui ressemblent à la paix mais n’en sont qu’une imitation fragile.Le verdict provisoire était tombé, suspendant les batailles juridiques dans une atmosphère saturée d’encre, de flashes et de murmures. New York, cette bête insatiable, continuait de courir à mille à l’heure, indifférente à la chute ou à la rédemption d’un seul homme. Mais dans un appartement modeste de Brooklyn, derrière des rideaux tirés et des tasses de café oubliées, trois destins retenaient leur souffle.Le procès, normalement prévu dans trois mois avait été repoussé à onze. Onze mois. Onze longs mois d’attente, de stratégies, de nuits blanches et d’épuisement moral. Les avocats avaient plaidé la complexité du dossier ; les juges avaient soupiré sous le poids politique du scandale ; et au bout du compte, tout le monde,
Trois semaines s’étaient écoulées depuis le verdict. Trois semaines où le temps n’avait plus la même densité : chaque minute était devenue une pierre que l’on remue pour trouver un trésor ou une bombe. New York continuait de vivre à mille à l’heure, indifférente à la chute d’un homme. Les taxis klaxonnaient, les pigeons se chamaillaient sur des rebords de fenêtres, et les traders continuaient d’actualiser des écrans comme s’ils tenaient le pouls du monde. Mais dans un petit appartement de Brooklyn, derrière des rideaux tirés, une guerre silencieuse venait de commencer.Aiden n’était plus le magnat impeccable des couvertures de magazines. Ses costumes trois pièces avaient rendez-vous ailleurs. Il portait désormais des chemises simples, aux tons neutres, et ses cheveux, autrefois coiffés avec soin, frisaient la rébellion d’un homme qui avait mieux à faire que de plaire. Il avait gardé la même posture l’épaule droite, la mâchoire ferme, mais une couche de fatigue, comme une pellicule, ava