LOGINLes jours suivants s’enchaînèrent dans une sorte de brume dorée, un mélange de fatigue extrême, de bonheur pur, d’angoisse permanente, de petites victoires et de larmes imprévues. Léa et Aiden n’avaient même plus conscience du temps. Les heures n’existaient plus. Il n’y avait que les pleurs, les respirations, les biberons, les câlins, les battements de cœur des bébés, et leurs deux voix murmurant sans cesse des mots doux pour les apaiser. Léa se surprenait parfois à regarder sa fille, puis son fils, comme si elle s’assurait qu’ils étaient bien réels. Que leurs visages minuscules existaient réellement, qu’ils n’étaient pas une projection, un rêve éphémère. Chaque fois, un poids se libérait de sa poitrine. Ils étaient là. Elle les avait mis au monde. Elle les touchait. Elle les sentait. Mais quelque chose d’autre changeait, lentement, comme une marée qui monte en silence. Elle-même. Elle devenait mère. Une vraie mère. Le cinquième jour après leur retour, Léa se réveilla avec un sur
ElviraJe n’arrivais toujours pas à chasser de ma mémoire le poids de Marcos dans mes bras. Même après toutes ces semaines, mes doigts me semblaient encore brûlants, comme marqués d’une empreinte invisible : la chaleur de sa peau, ce souffle délicat qui soulevait à peine sa poitrine, l’agrippement minuscule de ses doigts sur mon chemisier, comme s’il me reconnaissait instinctivement, comme si, pour lui, j’avais été un refuge sûr, un abri immuable. Dans ce geste, il y avait une confiance absolue… et c’était justement cela qui me détruisait. Parce que je n’avais pas su le protéger. Chaque fois que je fermais les yeux, je revivais la scène, encore et encore. Et à chaque fois, la même question revenait : à quel moment avais-je failli ? Pourtant tout avait commencé comme un jour presque ordinaire. Nous étions prêts à quitter l’appartement, nos valises fermées, Marcos dans mes bras, apaisé, somnolent. Je profitais de mes derniers instants dans ce lieu qui avait été notre refuge durant pres
Les premiers instants après la naissance furent comme suspendus dans du coton. Le monde semblait avoir actionné un bouton « pause », ne laissant plus exister que trois respirations fragiles : celle de Léa, haletante et brisée d’épuisement, celle de sa fille, douce comme un souffle, et celle de son fils, plus rapide, plus nerveuse, presque impatient de vivre. Aiden ne parlait presque plus. Il observait, absorbait, retenait chaque détail. Ses yeux n’avaient jamais brûlé de cette façon-là. Ce n’était plus seulement de l’amour. C’était quelque chose de plus vieux, plus profond, animal presque un instinct de protection absolu. C'est vrai ce n'était pas son premier enfant mais il n'a pas connu l'enfance de Marcos. Il s’assit à côté d’elle, les doigts tremblants lorsqu’il toucha pour la première fois la minuscule main de son fils. Le bébé serra son index comme s’il avait attendu cet instant depuis toujours. Aiden leva les yeux vers Léa, bouche légèrement ouverte. — Il… il m’a attrapé… tu a
La fin du septième mois arriva comme un mur invisible contre lequel le corps de Léa vint se heurter. Jusqu’à présent, malgré la fatigue, malgré les émotions démesurées, elle tenait debout. Elle marchait, elle riait, elle pleurait, elle protestait, elle vivait. Mais soudain, tout sembla devenir plus lourd. Lourd comme son ventre qui prenait une ampleur inattendue. Lourd comme ses jambes qui enflaient un peu plus chaque jour. Lourd comme son dos qui la tirait vers l’avant. Et lourd comme la peur qui, sans raison apparente, se réinstalla dans un coin de son esprit. Un soir, elle se retrouva assise au bord du lit, les deux mains soutenant son ventre gigantesque. Aiden arriva derrière elle. — Tu as mal ? demanda-t-il immédiatement, déjà prêt à l’allonger ou à appeler Serena. Léa secoua la tête. — Non… enfin si… mais pas comme tu penses. Je suis juste… fatiguée. Il vint s’accroupir devant elle. — Tu n’arrives plus à respirer ? Elle rit faiblement. — Si… mais lentement. Je crois q
La routine se construisit presque sans qu’ils s’en rendent compte. Une routine douce, réglée par les mouvements des jumeaux, les respirations de Léa et les pas incessants d’Aiden dans la maison. Une routine faite de gestes quotidiens, d’attentions silencieuses, d’émotions imprévisibles, mais surtout… d’un rapprochement que plus rien ne semblait arrêter. Léa atteignit bientôt le septième mois de grossesse, et son ventre prit une ampleur qui impressionnait même les médecins. Deux bébés. Deux cœurs qui battaient. Deux vies qu’elle portait avec une force qui la dépassait parfois. Et un homme de qui, chaque jour, elle tombait un peu plus amoureux. Le matin où elle réalisa qu’elle avait officiellement « doublé de poids », Léa éclata en larmes au milieu de la salle de bain. De vraies larmes. Des torrents. Aiden, alerté par son cri étouffé, ouvrit brusquement la porte. — Léa ? Léa qu’est-ce qui se passe ? Tu as mal ? Elle pointa la balance d’un doigt tremblant, incapable de parl
La première nuit après l’annonce des jumeaux fut étrange. Étrangement calme. Étrangement lourde. Étrangement douce. Léa ne dormit qu’à moitié, son esprit oscillant entre incrédulité et émerveillement, entre tremblements et chaleur. Elle avait passé une partie de la nuit à simplement regarder son ventre, immobile sous les draps, comme si elle attendait qu’un autre mouvement se produise, une preuve supplémentaire que tout cela n’était pas un rêve étrange. Aiden, lui, n’avait pas dormi davantage. Il restait à côté d’elle, incapable de la quitter des yeux trop longtemps, incapable d’oublier l’image de l’écran, incapable d’oublier la terreur d’avant, la douceur d’après. Le matin arriva comme une lente respiration. Léa ouvrit les yeux la première. Aiden dormait encore, le visage tourné vers elle, la main glissée presque instinctivement le long du drap, comme s’il cherchait à maintenir leur contact même en dormant. Elle l’observa un moment, un peu troublée par la douceur qu’elle ressen







