Chapitre 3

Sélina caressait la pochette un peu rugueuse, esquissant un sourire qui ressemblait plus à un rictus qu'à un sourire : « Cet homme m'a trahie, je vais le garder en déco plutôt que de divorcer ? »

Lorsqu'ils se sont mariés, ils avaient convenu que leur mariage durerait trois ans, après quoi il se terminerait. Maintenant, la date n'a été avancée que d'un mois.

Elle n'a pas réussi à faire en sorte que François tombe amoureux d'elle en trois ans, qu'est-ce qu'un mois de plus pourrait bien changer ?

« Mais toi... »

Lucas avait grandi avec elle, il la connaissait donc assez bien. Parmi les fils de familles riches à Paris et Marseille, seul François l'avait fait penser à lui pendant toutes ces années.

Pour lui, Sélina avait caché son identité, s'était précipitée de Marseille à Paris, et, après bien des efforts, elle avait fini par l'épouser. Mais à cause de cette fausse ingénue qui avait interféré dans leur mariage, elle avait enduré des humiliations, et ce, sans cesse, se retrouvant blessée à répétition par cet homme.

« Arrête de parler, c'est juste un divorce ! Tu crois que je vais mourir si je divorce ? Envoie-le tout de suite ! »

« D'accord, je vais y aller tout de suite ! Et ce soir, je demande à Juju de venir te garder ? »

« Pas besoin de te déranger, ça ira. Je vais juste dormir un peu. »

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Dans le salon de la villa.

La domestique a essayé plusieurs fois d'appeler Sélina, mais sans réponse. Elle a jeté un regard gêné vers l'homme assis sur le canapé, puis, prenant son courage à deux mains, elle a dit : « Monsieur, le téléphone de madame ne répond toujours pas. »

François a pris son téléphone et a appelé le numéro de Sélina. Dès que l'appel a été pris, sa voix glaciale, presque furieuse, s'est fait entendre : « Sélina, qu'est-ce que tu as fabriqué encore ? Dans une heure, tu reviens immédiatement ! »

« Attends-toi à ça ! » Sans dire un mot de plus, Sélina a raccroché immédiatement, puis, d'un geste, a bloqué le numéro de François.

Après que Sélina lui a raccroché plusieurs fois, la colère de François s'est dissipée de manière inexplicable.

Il est resté assis sur le canapé, les jambes croisées, s'enfonçant légèrement en arrière, ses yeux se sont emplis de sentiments confus.

Cette femme, d'ordinaire si douce et prévenante qu'elle en paraissait presque fausse, venait de lui raccrocher deux fois au nez et de le faire attendre, tout en le moquant avec un ton sarcastique ?

Elle agissait maintenant avec tant de caprice, était-ce vraiment sa femme, la Robert, celle qu'il connaissait, sans aucun intérêt pour la vie ? François n'en était pas si sûr.

Après tout, en trois ans de mariage, Sélina ne montrait sa séduction que dans le lit. Une fois hors du lit... elle redevenait cette femme parfaite, mais ennuyeuse.

Trente minutes plus tard, le majordome est arrivé avec un jeune homme livreur pour une livraison en ville.

« Monsieur, Madame m'a appelé pour que j'aille accueillir un coursier avec un document. »

La domestique a jeté un coup d'œil au livreur, hésitant à le laisser entrer. Elle allait poser la question quand François s'est levé et s'est approché.

Lucas a tendu le document : « Monsieur, les frais de livraison sont de 28 euros, pourriez-vous s'il vous plaît scanner le code pour régler ? »

Le majordome : « ... »

L'ambiance dans l'entrée était d'un silence de mort.

Le visage de François s'est immédiatement assombri, et Lucas a ressenti une pression immense. Il n'osait pas le regarder trop longtemps, baissant les yeux en disant : « Vous pouvez aussi payer en espèces... »

François : « Où est-elle ? ! »

Lucas, pris dans le regard perçant de François, n'a pas pu s'empêcher de reculer d'un pas, a dit : « Qu... qui ? »

« Celle qui t'a demandé de livrer le colis ! »

« Je... je ne sais pas ! Cette demoiselle a passé la commande en magasin, nous sommes le service de livraison en ville, livraison en une heure... »

Le regard de l'homme était aussi profond qu'un abîme, un simple échange de regards suffisait à dégager une atmosphère dangereuse. Lucas n'a pas pu s'empêcher de sentir qu'il était observé comme une proie dans l'obscurité, son cœur s'étouffant un instant !

Malgré la terreur qu'il ressentait sous le regard de François, Lucas n'a pas oublié l'instruction de Sélina.

François, qui n'avait jamais dépensé ce genre de petite somme, fixait le document d'un regard ténébreux.

Elle avait utilisé un service de livraison à paiement à la réception ? !

Cette femme était clairement en train de le ridiculiser avec ses 28 euros !

Le majordome, très attentif, a sorti son téléphone pour scanner le code et régler. De peur d'irriter François, il a rapidement pris Lucas par le bras et l'a emmené.

François a ouvert le dossier et a jeté un coup d'œil à l'accord de divorce, qui ne contenait que deux pages. Ces deux pages étaient légères, presque sans texte, tellement simples qu'elles en devenaient risibles.

Son regard s'est posé sur la cause du divorce : « L'homme a trompé, la femme le considère impur, et la femme renonce volontairement à ses biens et demande le divorce ! »

Dans cet accord de divorce, la femme demandait simplement le divorce sans aucune condition, omettant toute discussion sur les biens, comme les maisons et les actions. Cet accord de divorce était tellement simple qu'il en devenait presque une blague.

Le visage de François était marqué par une colère profonde. Il a de nouveau composé le numéro de Sélina, mais la voix au bout du fil annonçait : « Impossible de joindre le numéro pour le moment. »

Il ne faisait aucun doute que son numéro avait été bloqué par elle !

Furieux, François a serré l'accord de divorce dans ses mains, le froissant, sa colère débordant de lui. Il s'est levé, cherchant à contenir l'émotion qui montait en lui, et a rappelé.

À peine l'appel a-t-il été pris en charge que la voix de la jeune fille a éclaté de colère : « François, espèce de salopard sans cœur ! Qu'est-ce que Sélina t'a fait pour que tu la trahisses comme ça ? Tu as une femme à la maison et tu vas te mêler avec d'autres femmes, comment tu ne te sens pas honteux ? Sale traître… »

L'homme a froncé les sourcils, se massant le front qui le lançait douloureusement, et a grogné d'une voix basse : « Tais-toi ! Nancy Petit, est-ce que Sélina est avec toi ? Passe-lui le téléphone ! »

Il y a eu une pause de quelques secondes à l'autre bout du fil, avant que la voix de la fille, malicieuse, ne se fasse entendre : « Ta femme t'a quitté et tu viens me chercher ici, tu l'as bien cherché ! T'as osé faire porter des cornes à ma copine, alors dégage et va te mettre où tu veux, mais loin de moi... »

Sachant qu'il ne trouverait pas de réponse à ses questions, François a raccroché sèchement et a appelé Antoine Petit. « Trouve un moment pour bien éduquer ta sœur, et profite-en pour demander à ton majordome si Sélina est avec elle ! »

Antoine a répondu rapidement que Sélina n'était pas chez les Petit.

François a de nouveau essayé d'appeler le Manoir Robert, mais la réponse est restée la même : Sélina n'y était pas.

En feuilletant son carnet de contacts, il a réalisé que, bien que marié depuis trois ans, il ignorait tout du cercle d'amis de Sélina, et même combien d'amis elle pouvait avoir.

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Du côté du Manoir Robert, c'était Marie, la domestique qui avait pris soin d'Isabelle depuis son enfance, qui décrochait le téléphone. Maintenant, elle était la gouvernante du Manoir Robert.

Marie avait grandi près d'Isabelle depuis son enfance, et elle était même un peu plus âgée que le père de François. Isabelle l'avait toujours considérée comme une sorte de fille adoptive. Grâce à Isabelle, toute la famille Robert respectait profondément cette gouvernante.

François a appelé, semblant s'enquérir de la santé d'Isabelle, mais en réalité, il cherchait à savoir, de manière plus ou moins subtile, si Sélina se trouvait au Manoir Robert.

Marie n'était pas dupe, elle a pris ses lunettes de lecture et, après avoir scruté les tendances de Facebook pendant un moment, elle a vite compris ce qui se passait.

Après avoir entendu tout cela, Isabelle a cessé de faire osciller sa chaise à bascule et a soupiré. « Seli a beaucoup souffert ces dernières années. J'avais toujours cru que les enfants trouveraient leur propre chemin, mais voilà que mon petit-fils est un idiot, complètement pris dans ses histoires d'amour ! »

« Il est encore jeune et ébloui par les charmes d'une autre femme. Mais avec le temps, il finira par comprendre et apprécier les qualités de Madame Sélina. »

Isabelle n'était cependant pas aussi optimiste. Elle savait bien quel genre de personne était son petit-fils.

« Puisque la femme de la famille Chevalier est revenue, il est temps de prendre position. Sinon, on risquerait de faire croire que Sélina, la femme légitime de mon petit-fils, est facile à manipuler ! Appelle Sélina et dis-leur qu'ils doivent venir dîner au Manoir Robert demain. »

Marie a acquiescé, puis elle a entendu Isabelle ajouter : « Aurélie Simon, la mère de François, est toujours par monts et par vaux ? Franchement, pour une belle-mère, elle ne se préoccupe vraiment pas d'avoir des petits-enfants ! Passe-lui aussi un coup de fil, et dis-lui de rentrer plus tôt s'il n'y a rien d'important ! »