Chapitre 2

« Romain est encore en soins intensifs, il a été le plus gravement blessé sur le lieu de l'accident, et sa situation n'est pas très optimiste. Il a plusieurs fractures sur tout le corps, la jambe gauche près de la porte de la voiture est gravement fracturée, touchant les nerfs. Même après des traitements de rééducation, il pourrait avoir une certaine boiterie en marchant... »

Théo la regardait, voyant la lumière dans ses yeux s'éteindre petit à petit. Il n'arrivait même pas à trouver les mots pour lui mentir. Après tout, ses talents en médecine n'étaient pas inférieurs aux siens, et il n'y avait donc aucune raison de faire un tel effort.

« Je vais aller le voir ! » Elle s'est redressée brusquement, enlevant la perfusion de son bras et se levant avec difficulté pour marcher vers la sortie.

Théo s'est touché le nez, sachant qu'il ne pourrait pas la raisonner, alors il n'a même pas essayé de l'arrêter. Il a appelé l'infirmière pour qu'elle lui apporte une nouvelle perfusion, puis il s'est tourné et l'a suivie.

De l'autre côté des fenêtres des soins intensifs, Sélina regardait son frère, branché à une multitude de tubes. Dans sa tête, elle ne cessait de revivre le moment de l'accident, où la première réaction instinctive de Romain avait été de la protéger avant tout.

Mais son mari, qu'elle aimait de tout son cœur depuis plusieurs années, n'avait même pas pris la peine de répondre à son appel de détresse.

Elle a serré les dents, un goût métallique de sang dans la bouche, et d'une voix rauque, elle a dit : « Théo, appelle mon père, demande-lui d'envoyer quelqu'un pour ramener Romain à Marseille pour le traitement. »

« Et toi ? Après tout ce qui s'est passé, tu ne comptes pas prévenir François ? »

« Il est occupé en ce moment ! » Sélina a esquissé un sourire amer et a agité la main, prenant quelques pas, comme si elle avait épuisé toute son énergie.

Théo comprenait bien sûr, avec l'énorme agitation sur les réseaux sociaux et les discussions de l'infirmière à l'hôpital tout l'après-midi.

De retour dans la chambre, Sélina a saisi son téléphone posé sur la table de chevet et a envoyé un message à François : « Reviens signer le contrat de divorce ! »

Elle semblait savoir que François ne pourrait pas rentrer ce soir. Elle s'est branché la perfusion que l'infirmière lui avait apportée, a attendu patiemment qu'elle soit terminée, tout en contactant le professeur de chirurgie orthopédique aux États-Unis.

Elle avait étudié la médecine interne et les médecines douces, sans jamais vraiment maîtriser la chirurgie orthopédique ni la chirurgie générale. Son frère était encore jeune, et s'il devait en garder un handicap, les conséquences sur le reste de sa vie seraient presque dévastatrices.

Elle n'osait pas imaginer comment Romain réagirait une fois qu'il serait réveillé, face à cette réalité.

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Devant la chambre privée, François était resté auprès de Sophie jusqu'à ce qu'elle termine sa perfusion et s'endorme. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il avait quitté la chambre et sorti son téléphone pour ouvrir le message envoyé par Sélina.

Son visage, qui était déjà tendu, s'était encore assombri en voyant le message. Il s'est souvenu de l'appel qu'elle lui avait passé plus tôt, et le froid dans son regard a fait que l'assistant, qui se préparait à avancer, s'est arrêté immédiatement.

Il a rappelé Sélina, sa voix glaciale et dénuée de toute émotion : « Tu m'appelles juste pour me parler du divorce ? ! »

Son ton froid et impatient a fait que Sélina s'est sentie comme si son appel de détresse, qu'elle lui avait passé lorsqu'elle a eu l'accident, avait été totalement inutile.

Elle a détourné la tête, a pris quelques grandes inspirations, puis a réussi à réprimer la vague d'émotion qui s'était soulevée lorsqu'elle avait vu l'appel entrant.

Toutes ses attentes et son amour pour cet homme dont le cœur n'appartenait qu'à son premier amour s'étaient finalement transformés en une gifle retentissante qu'elle s'était donnée à elle-même.

« Et sinon ? » Sélina a souri avec mépris, son ton teinté de sarcasme et de raillerie. « Monsieur Robert, toi et ta nouvelle compagne vous êtes tout tendres l'un envers l'autre, et moi je continue à jouer Madame Robert, tu ne crois pas que ça va faire de la peine à ton premier amour ? Si ça se savait, ça ferait jaser. En tant qu'épouse douce, attentionnée et raisonnable, je me dois évidemment de soulager mon mari, pour ne pas te mettre dans l'embarras. »

François a serré les dents en ricanant froidement : « Tu es vraiment 'attentive', hein ! »

Ces trois dernières années, ils n'avaient jamais officialisé leur mariage, mais Sélina, devant la grand-mère de François, Isabelle Morel, avait toujours été une épouse parfaite, irréprochable, et une femme au foyer modèle.

Mais chaque fois qu'il la voyait, avec son air parfait et sans défaut, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était d'une hypocrisie extrême !

Sélina a tiré un coin de ses lèvres avec moquerie : « Si je n'étais pas attentive et discrète, ton premier amour serait déjà en train de s'impatienter. »

Sophie avait secrètement préparé le terrain pendant trois ans, en envoyant régulièrement à Sélina des photos montrant l'amour que François lui portait.

François multipliait les apparitions avec Sophie dans les galas caritatifs et l'aidait à organiser ses expositions, au point que Sélina, sa femme légitime, en venait à ressembler davantage à une maîtresse cachée qu'à une épouse.

La maîtresse gambadait partout, tandis que l'épouse légitime se faisait toute petite.

Dans leur cercle, tout le monde savait que François avait un premier amour, une femme qui étudiait à l'étranger. Mais personne ne savait que Sélina et lui avaient déjà officialisé leur union.

À l'écoute de ces remarques cinglantes, son visage s'est fermé et son regard est devenu sombre, voilé de colère. Il est resté un long moment sans rien dire, avant de lâcher finalement : « Sophie a été choquée, elle doit rester sous observation à l'hôpital. On parlera du divorce un autre jour. »

Le ton de Sélina s'est fait immédiatement glacial. « François, tant que je suis de bonne humeur aujourd'hui, je peux signer les papiers de divorce sans hésitation. Mais un autre jour, tu n'auras peut-être pas la même chance. »

Le visage de François exprimait une légère colère, ses yeux trahissant une fureur contenue.

« Sélina ! Que l'on divorce ou non, c'est moi qui décide maintenant ! »

Sélina ne se souciait guère de l'accord de François. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire et a raccroché sans hésiter.

Elle était convaincue que, compte tenu de l'importance de la première amoureuse dans son cœur, il reviendrait sûrement pour signer le divorce.

En regardant le téléphone raccroché, François a froncé les sourcils, tenant son téléphone dans la main. Il s'est tourné, a demandé à son assistant de rester à l'hôpital, et a pris les clés de la voiture, prêt à rentrer chez lui.

« Monsieur Robert, votre main est blessée. Vous ne devriez pas conduire. Laissez-moi vous ramener à la maison. Les infirmières peuvent s'occuper de Sophie ici. »

L'assistant, ayant entendu vaguement le contenu de l'appel, s'est tendu, mais finalement, pensant qu'il était payé pour cela, il a décidé de prendre la parole.

En tant qu'assistant personnel de François, il était payé grassement pour s'occuper de ce genre de détails.

Il n'a pas pu s'empêcher de se demander ce que madame Robert avait bien pu dire pour mettre François dans un tel état de colère.

Le couple semblait toujours se respecter mutuellement, vivant dans une harmonie presque étrange. Le divorce avait toujours semblé être ce que François avait voulu, alors pourquoi avait-il eu l'air si contrarié maintenant ?

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Villa Vue Montagne.

À cause de l'heure de pointe, François est rentré chez lui lorsque la nuit était déjà tombée.

La gouvernante avait allumé la lumière du salon. En le voyant arriver, elle s'est empressée de s'approcher, a pris son manteau et lui a demandé : « Je ne savais pas que vous rentreriez, monsieur. Je vais préparer le dîner tout de suite. »

François s'est arrêté un instant dans sa marche, « Madame n'est pas encore rentrée ? »

« Madame est sortie tôt ce matin, elle a dit qu'elle ne reviendrait pas pour le dîner. »

En entendant cela, François a compris immédiatement qu'il avait été joué par Sélina. Elle l'avait appelé pour qu'il revienne signer des papiers, mais elle n'était même pas chez eux.

En tant que grand PDG, c'était toujours les autres qui l'attendaient. Il avait peu de patience, ses yeux sombres dégageaient une froideur glaciale, et l'atmosphère dans le salon avait immédiatement changé, devenant plus lourde.

« Appelle Madame et dis-lui de revenir immédiatement ! »

Sa voix grave et sombre exprimait clairement son mécontentement.

La gouvernante a acquiescé rapidement, posant le verre qu'elle tenait, et s'est précipitée pour saisir le téléphone fixe du salon et composer le numéro de Sélina.

« … » Dans la chambre d'hôpital, Sélina regardais le numéro qui apparaissait sur l'écran. La dernière lueur d'espoir dans ses yeux s'était éteinte instantanément.

Elle avait eu raison de supposer, François n'avait vraiment pu attendre une seconde de plus pour divorcer.

Sans hésiter, elle a tourné la dernière page du contrat de divorce et y a apposé sa signature.

Ne jetant pas un autre regard, elle a simplement mis l'accord dans une pochette en papier kraft et l'a remis à un jeune homme portant une veste de coursier.

« Donne-lui ceci en main propre et n'oublie pas de récupérer les frais de livraison ! »

Lucas Moreau a aperçu les mots « contrat de divorce » inscrits sur l'enveloppe, et ses yeux se sont agrandis de surprise. « Cheffe, tu veux vraiment divorcer de François ? »

Alors, cela profiterait-il à cette femme hypocrite ?