captive d'un milliardaire

Merliah avait toujours su qu’elle n’était pas la bienvenue. Orpheline depuis l’enfance, elle vivait chez sa tante avec sa sœur aînée, Nadia une beauté déchue à la jalousie aussi tranchante qu’un rasoir. Si Merliah était douce, lumineuse et discrète, Nadia, elle, était une flamme amère, consumée par l’envie.

Ce soir-là, tout avait basculé.

Un verre. Un simple verre tendu avec un sourire trop large. Merliah avait senti un goût étrange, puis une chaleur envahir son corps. Les rires de Nadia s’étaient brouillés. Puis... le noir.

Quand Merliah rouvrit les yeux, ce fut dans une chambre qu’elle ne reconnut pas. Des draps soyeux. Un plafond orné de moulures dorées. Le parfum subtil d’un bois de santal flottait dans l’air.

Elle tourna lentement la tête. Un homme dormait à ses côtés. Torse nu, une cicatrice fine sur la clavicule, les cheveux noirs épars sur l’oreiller. Et beau. D’une beauté brutale, glaciale. Un inconnu.

Le choc la réveilla totalement. Elle était nue.

Paniquée, elle attrapa les draps, chercha ses vêtements du regard. Une veste sombre était jetée sur un fauteuil. Et sur la table de nuit, un portefeuille entrouvert.

Elle s’en empara, fébrile. Une carte d’identité :

John Sperk.

35 ans. PDG. Milliardaire. Et d’après les rumeurs... un homme sans cœur.

Merliah sentit la peur lui nouer le ventre. Que s’était-il passé ?

Elle s’approcha de la porte. Verrouillée.

Derrière elle, une voix grave brisa le silence.

— Bonjour. Je vois que vous êtes réveillée.

Elle se retourna d’un bond. John était éveillé, la fixait, appuyé sur un coude, l'air intrigué. Son regard clair la transperçait.

— Qui êtes-vous ? bredouilla-t-elle. Qu’est-ce que je fais ici ?

Il se redressa lentement, sans quitter son calme.

— John Sperk, répondit-il simplement. Et vous... vous êtes Merliah. N’est-ce pas ?

Elle hocha la tête, méfiante.

— Je ne me souviens de rien.

— Vous étiez dans le hall de l’hôtel, tard dans la nuit. Seule, troublée. J’ai vu que vous alliez mal. Je vous ai aidée.

Elle fronça les sourcils.

— Vous voulez dire... je suis venue ici de moi-même ?

Il secoua la tête.

— Non. Je crois que quelqu’un vous a déposée. Mais je n’ai pas vu son visage.

Merliah sentit le sol vaciller sous elle. Elle se souvenait d’un homme. D’une voix grave. Mais rien de clair. Juste le vertige.

— Je veux partir, murmura-t-elle, en se dirigeant vers la porte.

— Attendez.

Il l’attrapa doucement par le bras. Ferme, mais pas brutal.

— Je ne pense pas que ce soit prudent. Quelqu’un a voulu vous nuire. Et je veux comprendre pourquoi.

Elle tenta de se dégager. Il la força à s’asseoir sur le lit.

— Je vous aiderai, Merliah. Mais il faut que vous me fassiez confiance.

Elle hésita. Il aurait pu profiter d’elle. Peut-être l’avait-il fait. Mais... il n’avait rien d’un prédateur. Il semblait sincère. Et étrangement inquiet.

— Très bien, murmura-t-elle. Mais dites-moi tout.

John lui expliqua ce qu’il savait. Qu’il avait trouvé dans son sac une carte indiquant qu’elle vivait chez sa tante. Qu’il avait tenté de joindre cette dernière. En vain. Et que le personnel de l’hôtel se souvenait d’avoir vu une femme sa sœur Nadia discuter avec un homme louche avant de disparaître.

Merliah sentit son estomac se nouer.

— Nadia... pourquoi ?

— Par jalousie ? proposa John. Pour vous punir d’exister ?

Elle baissa la tête. Tout se mélangeait en elle : colère, honte, chagrin.

— Elle voulait juste me donner une leçon, dit-elle d’une voix brisée. Voilà ce qu’elle dira sûrement.

John la fixa avec une intensité troublante.

— Peut-être. Mais elle vous a mise en danger. Et à présent, je ne compte pas vous laisser seule avec ça.

Plus tard dans la journée, ils se rendirent ensemble chez Nadia.

Quand cette dernière ouvrit la porte, le masque tomba immédiatement. Sa surprise trahissait sa culpabilité.

— Merliah... Je ne pensais pas te revoir aussi vite.

— Nous savons ce que tu as fait, dit John d’un ton tranchant. Nous avons des preuves.

Nadia blêmit.

— Je... je voulais juste qu’elle comprenne, balbutia-t-elle. Qu’elle arrête de jouer les petites princesses. Elle m’a tout volé. L’attention. L’amour de notre tante. Je voulais juste... la secouer un peu.

— Tu m’as droguée, Nadia, dit Merliah d’une voix tremblante. Tu m’as livrée à un inconnu. Tu m’as trahie.

Nadia éclata en sanglots. Mais pour Merliah, le mal était fait.

Elle se tourna vers John. Ses yeux brûlaient d’une nouvelle détermination.

— J’ai perdu ma famille. Mais je veux retrouver ma vie.

Et dans le regard de John, elle vit une promesse silencieuse.

Il ne la laisserait plus seule.