Chapitre 7

Gabriel a déposé Sélina devant le Manoir Robert, lui a donné quelques conseils puis l'a regardée sortir de la voiture.

Il a remarqué le béret tombé sur le siège, et après avoir dénoué sa ceinture de sécurité, il est sorti précipitamment.

« Seli ! » Gabriel s'est avancé, lui a remis son béret et a ajusté légèrement l'angle pour cacher la blessure derrière sa tempe. « On dîne ensemble ce soir ! J'inviterai aussi Henri ! »

Sélina savait que François ne reviendrait pas forcément, et elle ne pouvait pas rester longtemps au Manoir Robert. Elle a donc hoché la tête en signe d'accord. Son visage était d'une blancheur translucide, comme de la porcelaine, et elle avait l'air calme et docile.

Lorsque Gabriel a ouvert la porte pour monter dans la voiture, il a vu dans le rétroviseur une Bentley qui arrivait. Un éclat de froideur a traversé son regard.

Lorsque les deux voitures se sont croisées, les fenêtres du conducteur et du passager arrière se sont abaissées presque simultanément. Les deux hommes se sont regardés, leurs regards emplis d'hostilité et de froideur. François n'avait pas imaginé qu'en se précipitant de retour, il verrait de loin Sélina, au Manoir Robert, en train de discuter avec un homme inconnu.

La rage bouillonnait dans les yeux de l'homme. Dès que la voiture a stoppé, il n'a pas tardé à en sortir.

Alors que Sélina s'apprêtait à entrer, elle a entendu à nouveau un bruit de voiture. En se retournant, elle a vu François descendre de la voiture. Il a claqué la porte avec force et, tout son corps dégageant une froideur glaciale, il est apparu devant elle.

Il avait changé de manteau, enfilant une longue veste noire, et la chemise sous son manteau était parfaitement lisse. Il semblait pressé, et une aura tranchante se dégageait de lui.

Sélina s'est arrêtée net, son regard croisant celui de l'homme. Elle se sentait un peu perplexe : « Tu n'étais pas censé être à l'hôpital avec ta première amoureuse ? »

François n'a pas répondu. Son regard noir est tombé sur le béret que l'autre homme venait de poser sur sa tête. Ses yeux se sont immédiatement glacés.

Voyant sa réaction tendue, Sélina a éclaté de rire, une lueur de dédain dans les yeux.

François avait sûrement eu peur que s'il n'était pas revenu avec elle, mamie en vienne à en vouloir à Sophie, alors il n'avait même pas eu le temps de s'asseoir qu'il était déjà parti précipitamment. Après tout, l'influence de la première amoureuse était immense. Il protégeait Sophie de cette manière. Si elle ne divorçait pas, elle deviendrait la cible de tout le monde !

Elle a détourné la tête, un sourire fier étirant ses lèvres. Le ton de sa voix est monté légèrement : « Ne t'inquiète pas, Robert, puisque j'ai accepté ton million, je vais jouer la comédie devant mamie, et ce sera encore plus convaincant ! »

La voix calme de Sélina était teintée de sarcasme : « Après tout, je ne vais pas laisser ton million partir en fumée ! »

Elle parlait d'un ton léger, traitant toujours leur relation comme un simple échange, comme si tout entre eux n'était qu'une question de transaction.

Transaction ? !

Ce mot a frappé François de plein fouet, lui dont les nerfs étaient déjà à vif.

Son regard glacé est tombé sur le visage de Sélina, et il a lutté pour contenir sa colère. Sa voix, froide comme de la glace, a fait frissonner l'air autour de lui : « Sélina, tu sais ce que tu es en train de dire ? »

Ces mots, venant d'elle, qui avait toujours été si douce et bien élevée, étaient presque incroyables !

Sélina a ri légèrement, a levé les yeux et son sourire s'est chargé de faux sarcasme.

« Bien sûr que je sais ce que je dis ! Si tu dépenses un million pour que je réussisse à apaiser mamie, tu devrais trouver cela vraiment un bon rapport qualité-prix. Et tu veux aussi que j'aie des talents d'actrice, comme une star de cinéma ? Pourquoi ne montes-tu pas au ciel, tant que tu y es ? »

« Tais-toi ! » Les yeux noirs de François se sont fixés sur elle, son visage devenant de plus en plus sombre et menaçant.

Il a soudainement fait un pas en avant, lui a saisi le poignet et l'a attirée vers lui, comme s'il ne pouvait garder le contrôle des choses qu'en la rapprochant de lui.

« Qui est l'homme qui t'a déposée tout à l'heure ? »

La voiture, une Maybach d'une valeur de plusieurs millions, et la plaque d'immatriculation de Marseille, peu commune, ne ressemblaient certainement pas à celles d'un homme ordinaire !

Quand avait-elle rencontré ces gens ? Et c'était un homme !

Il ressentait une angoisse grandissante, surtout en la voyant sourire si éclatante devant cet homme, tandis que dès qu'elle se tournait vers lui, son visage affichait une toute autre expression.

Elle se montrait entièrement opposée à lui, chaque fibre de son être semblait être en conflit, et même la douceur et l'attention qu'elle avait autrefois manifestées lui semblaient désormais illusoires !

Sélina a pensé que, puisqu'ils étaient presque divorcés, il n'y avait pas de raison de lui expliquer quoi que ce soit, encore moins de jouer à la femme parfaite devant lui.

« Qu'est-ce que ça a à voir avec toi ?! Ton premier amour t'appelle et tu pars comme ça, tu me laisses seule ici, je ne peux pas trouver quelqu'un d'autre pour m'accompagner ? »

Elle a tenté de retirer sa main, n'ayant aucune envie de se disputer devant le Manoir Robert.

Les caméras de surveillance tout autour renverraient chaque instant de leur scène au centre de surveillance, ce qui la gênait énormément.

« Sélina ! » François a froncé les sourcils et a saisi fermement sa main, « N'oublie pas que nous ne sommes pas encore divorcés ! »

« J'attends que tu rédiges de nouveau l'accord de divorce ! Si tu ne peux pas attendre, prends celui que j'avais signé auparavant, je peux le signer à tout moment ! »

Le regard de François s'est fait de plus en plus sombre, ses yeux perçaient profondément Sélina. Ses mots tranchants avaient réveillé une colère qu'il ne pouvait plus contenir.

« Alors, tu veux signer ce divorce, pour pouvoir être avec ce mec de tout à l'heure ? ! Tu peux toujours rêver ! »

Sélina était elle aussi tellement en colère qu'elle peinait à respirer. « François, ton premier amour est de retour, et vos photos en train de vous afficher sur les réseaux sociaux, tout le monde vous envie, vous êtes là à vous montrer devant tout le monde. Moi, j'ai déjà décidé de divorcer et de vous laisser en paix, je fais déjà tout ce que je peux pour vous aider, alors qu'est-ce que tu veux encore ? ! »

« Ce n'est pas une question de Sophie, ce dont nous parlons maintenant, c'est de toi et de cet homme ! »

Si ce n'avait pas été pour ce qu'il venait de voir de ses propres yeux, il n'aurait jamais imaginé que Sélina, cette femme douce et obéissante, presque trop parfaite au point de paraître ennuyeuse, puisse être ainsi. Mais pourtant, c'était bien un autre homme qu'elle regardait de cette manière !

« Ce n'est pas de lui qu'il s'agit ! Ce dont nous parlons maintenant, c'est de notre problème à nous… »

Sélina a aperçu Marie sortir de Manoir Robert, et d'un coup, elle s'est tue. Continuer à se disputer ne servirait à rien. Elle a pris une grande inspiration pour réprimer la colère qui bouillonnait en elle, puis a affiché un sourire.

« Marie, bonjour, où est mamie ? »

Marie, qui avait déjà entendu les éclats de voix à l'entrée, a souri doucement, et a ouvert la porte pour les laisser entrer.

« Madame Isabelle s'est réveillée tôt ce matin en attendant votre arrivée, et elle est maintenant dans le jardin en train de nourrir les poissons ! »

François la regardait en silence, observant sans qu'elle ne montre aucun signe de changement, son visage se transformant imperceptiblement. Ses yeux noirs, longs et étroits, étaient impossibles à lire.

Manoir Robert alliait la disposition traditionnelle des jardins français à un style paysager typiquement français, avec des haies taillées, des sculptures et une fontaine élégante. Même en automne, on pouvait encore voir des feuilles d'érable colorées et des grenadiers couverts de fruits.

Isabelle est née dans le sud de la France et a épousé Philippe Robert, le grand-père de François, qui vivait à Paris. Philippe a dépensé une fortune pour transformer le Manoir Robert selon les goûts d'Isabelle.

Sélina aimait se promener dans les jardins du Manoir Robert quand elle n'avait rien à faire, car le paysage ici rivalisait avec celui de n'importe quel jardin en France.

De l'autre côté du couloir, Sélina a aperçu Isabelle, assise près du bassin à nourrir les poissons, et l'a appelée doucement : « Mamie... »

« Seli, tu es là ! »

Isabelle a levé la tête et lui a fait signe, terminant de jeter la nourriture aux poissons. Les carpes koï se sont précipitées pour attraper leur repas, créant des vagues dans l'eau.

Sélina a aidé Isabelle à s'asseoir sur le canapé du jardin, sans jeter un regard vers l'homme en face, et s'est mise à discuter tranquillement avec Isabelle.

François l'a vue sortir un sachet de parfum en forme de fleur de son sac, mais elle a accidentellement aussi tiré un autre sachet parfumé qu'elle n'avait pas l'intention de montrer. Elle l'a rapidement remis dans son sac, ne laissant que le sachet en forme de fleur qu'elle a tendu à Isabelle.