Chapitre 6

« T'étais où hier soir, hein ? Sélina, je te préviens, tant qu'on n'a pas divorcé, si tu oses me tromper avec un autre homme, tu vas voir ce que je vais te faire ! »

Sélina l'a regardé d'un air méprisant et a écarté sèchement sa main de son épaule. « Monsieur Robert, c'est toi qui me trompes ! Ne viens pas jouer les innocents, la honte, elle est pour toi ! »

Chaque mot de Sélina était imprégné d'une arrogance dédaigneuse, comme si elle dominait le monde.

François a baissé les yeux sur elle, son expression impénétrable. Alors qu'il allait répondre, son téléphone dans sa poche a vibré.

Sélina a jeté un coup d'œil à l'écran affichant le nom de Sophie, un ricanement glacial s'est échappé de ses lèvres. Elle s'est dégagée de ses bras, dégoûtée de rester plus une seconde près de lui.

François a regardé sa montre, son visage affichant une certaine urgence. « Reste allongée, je viens tout de suite ! »

Sélina a fait un pas en arrière, observant François raccrocher précipitamment et se diriger rapidement vers la porte.

« Tu retournes au Manoir Robert, je viendrai plus tard. N'oublie pas d'expliquer la situation à mamie ! Tu sais comment lui dire, n'est-ce pas ? Et n'oublie pas que tu as déjà reçu un million ! »

« Hah… » Un sourire amer s'est dessiné sur les lèvres de Sélina. Voilà le prix de son entêtement : se ridiculiser elle-même.

Sélina s'est tenue devant la fenêtre, observant froidement l'homme qui s'éloignait précipitamment en voiture. Un mal de cœur douloureux se faisait sentir.

Ayant récemment eu un accident de voiture, Sélina n'osait pas conduire elle-même. Alors qu'elle se préparait à appeler Lucas, son téléphone a soudainement sonné. Elle a regardé le nom affiché à l'écran et a hésité un instant avant de décrocher.

« Gabriel… »

« Pour un homme, tu as eu un accident aussi grave et tu as encore caché ça à la famille ? Sélina, tu te rends compte que tu ne te comportes même plus comme une membre de la famille Thibault ? » La voix de Gabriel Thibault au bout du fil était emplie de colère refoulée. Pour François, elle avait presque coupé les ponts avec toute sa famille et maintenant, elle n'avait plus la force de retourner les voir.

Sélina a attrapé Le Grand Dictionnaire des Plantes Médicinales, que François avait laissé sur le canapé. Ses yeux se sont embués de larmes et, d'une voix remplie de douleur, elle a murmuré : « Désolée, Gabriel… »

Romain était toujours en soins intensifs. Pour obtenir le meilleur traitement pour ses jambes, les connexions et les ressources de la famille Thibault étaient indispensables. Mais elle n'osait pas aller voir son père ni son grand frère, elle devait se tourner vers Théo pour obtenir de l'aide.

Elle croyait que la famille Thibault ne s'occuperait plus d'elle, mais elle avait oublié que la famille reste la famille.

« Je suis devant la porte de Villa Vue Montagne, sors tout de suite. » En voyant son comportement, Gabriel, furieux, a directement raccroché le téléphone.

La famille Thibault n'avait jamais eu qu'une seule fille en trois générations, et tout le monde la couvrait de soins et d'affection comme s'il s'agissait de leur trésor unique.

Elle ne pouvait ni être frappée, ni réprimandée ; tout ce qu'elle voulait, la famille la soutenait sans condition. Mais, pour un homme, elle avait fini par s'enfuir à Paris et se marier en cachette sans en parler à personne !

Si François avait vraiment été un homme digne d'elle, la famille Thibault n'aurait pas eu de problème à l'accepter, étant donné que leur petite Sélina n'avait pas besoin d'un mariage arrangé pour renforcer l'entreprise familiale.

Mais le problème, c'était quoi exactement ce François ?

Il passait son temps avec son premier amour, et leurs rumeurs faisaient encore la une des réseaux sociaux. Dieu savait combien de souffrance cela avait causé à la précieuse fille des Thibault !

Gabriel enrageait à l'idée de ce que François lui avait fait. Il aurait voulu le saisir et lui donner une bonne correction.

Le temps se rafraîchissait, Sélina avait enfilé une tenue d'automne et était sortie en portant le sirop de poire qu'elle avait préparé.

Elle portait une chemise bleu clair et un jean, avec un long manteau par-dessus. Elle portait un béret pour cacher sa blessure, et ses cheveux noirs encadraient délicatement son visage. En marchant, le manteau flottait autour d'elle, mettant en valeur ses longues jambes élancées.

Le soleil de midi se faufilait à travers les arbres de platane et éclairait son visage délicat. De loin, on pouvait sentir l'énergie et la confiance qui émanaient d'elle.

Devant la Villa Vue Montagne, Sélina a aperçu la Maybach garée à l'extérieur. Elle s'est dirigée directement vers le côté passager, a ouvert la porte et est montée dans la voiture.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Gabriel a enfin tourné la tête vers sa sœur, qu'il n'avait pas vue depuis longtemps. Il a levé la main pour retirer son béret et a examiné attentivement la blessure cachée sous ses cheveux. Son visage s'est durci instantanément.

« Ta blessure n'est même pas guérie, pourquoi tu ne restes pas à l'hôpital ? Pourquoi tu es sortie ? Est-ce qu'on manque de ton argent pour les frais médicaux dans cette famille ? »

Bien que sa voix fût pleine de colère, Gabriel s'est forcé à se contrôler, se répétant sans cesse dans sa tête que c'était sa sœur ! Sa sœur biologique!

« Gabriel... » Sélina lui a arraché précipitamment son béret des mains, et, avec un air contrit, elle a tendu les bras pour le câliner, exactement comme lorsqu'elle était petite et qu'elle faisait des caprices.

Gabriel est resté un instant sans voix, plein de colère, avant de finalement avoir lâché un léger soupir.

Il a levé la main et lui a caressé doucement la tête, avec une extrême précaution, de peur de toucher sa blessure.

« Puisque, après trois ans, tu n'as pas réussi à faire en sorte que François t'aime, alors divorce ! À Marseille, il y a tant de fils de bonnes familles, lequel n'est pas meilleur que François ? »

Gabriel ne comprenait vraiment pas ce que François pouvait bien avoir de si spécial pour que Sélina, qui faisait partie de la famille Thibault, avec son regard si exigeant, soit tombée si profondément amoureuse de lui au point de vouloir l'épouser !

« J'ai déjà parlé de divorce avec François ! Dès qu'il aura rédigé l'accord, je signerai immédiatement pour divorcer ! »

Trois ans, plus de mille jours et nuits, elle avait tout sacrifié pour cet homme qui ne l'aimait pas. Et au final, ce n'était qu'une farce !

En entendant qu'elle avait enfin décidé de divorcer, Gabriel a laissé échapper un soupir de soulagement. « Si tu divorces, peu importe ce que tu veux faire après, je te soutiendrai ! Le professeur Garnier attend toujours que tu prennes la relève à l'Hôpital de la Paix. »

« Je n'ai pas encore réfléchi à ce que je vais faire. »

Sélina a baissé la tête, ses cheveux noirs tombant et couvrant ses yeux.

Elle avait passé trois ans à ne rien faire, apprenant à être une épouse de famille influente. Elle avait fait des efforts pendant trois ans, mais elle se rendait compte qu'être une simple décoration dans une telle famille n'avait vraiment aucun sens.

Surtout quand son mari s'affichait de temps en temps avec son premier amour, et que sa maîtresse lui envoyait des photos pour la provoquer et afficher leur amour. Au début, cela la blessait, mais à force, elle s'était habituée.

Gabriel pensait qu'elle n'avait toujours pas tourné la page avec François, ce type indigne, et son visage s'assombrit un peu : « Sinon, tu pourrais retourner travailler dans ta propre entreprise, Henri n'étant pas du tout un professionnel, ses compétences étant limitées pour gérer l'entreprise, c'est vraiment trop pour lui ! »

À 18 ans, Sélina avait fondé sa propre marque indépendante, « Poésie Française », spécialisée dans la conception de robes de haute couture inspirées des traditions françaises. Au départ, elle voulait simplement prouver qu'elle pouvait subvenir à ses besoins, mais son style de design avait rapidement séduit les épouses des grandes familles parisiennes. En seulement six mois, elle avait fait son entrée dans les cercles sociaux les plus huppés.

Contrairement aux robes de soirée occidentales qui avaient déjà lassé les dames de la haute société parisienne, les robes de haute couture « Poésie Française » fusionnaient l'artisanat traditionnel français avec des éléments modernes, et grâce à leur originalité et leur savoir-faire rétro, elles étaient devenues un symbole de statut et de goût unique.

Son entreprise ne cessait de croître. Depuis son mariage avec François, Sélina avait confié la gestion de l'entreprise à son deuxième frère, Henri Thibault, et passait son temps à répondre aux e-mails et à dessiner des projets chez elle, pour combler l'ennui pendant l'absence de François.

Sélina a réfléchi un moment avant de relever la tête. « Je vais y réfléchir. »

Gabriel l'a regardée avec son air apathique et lui a souri, résigné. « Très bien ! J'ai installé la nouvelle filiale de ma société dans le Quartier Central des Affaires de Paris, juste en face de ton entreprise Poésie Française. Peu importe dans quelle société tu choisis de travailler, c'est à toi de décider. »

Sélina a levé les yeux, a mordu sa lèvre et a demandé d'une voix faible : « Est-ce que papa est au courant de ce qui s'est passé ici ? »

« Ces nouvelles ont fait le tour des réseaux sociaux, tu crois quoi ? » Gabriel a détourné le regard, agacé. « Non seulement papa est au courant, mais papi aussi ! Ils sont vieux, et toi, tu n'es plus un enfant. Tu as quitté la maison pour un homme qui ne le mérite même pas, et tu laisses les aînés se faire du souci pour toi, réfléchis un peu à ce que tu as fait ! »

Pensant à son grand-père et à son père qui l'aimaient tant, Sélina a senti ses yeux se remplir de larmes. « Je sais que j'ai tort ! Dès que je serai divorcée, je reviendrai à la maison. »