La villa de Manon se trouvait en plein centre-ville. De grands platanes bordaient la rue. Leurs feuilles dansaient doucement dans le vent, et la lumière du soleil, éclaboussée entre les branches, venait se poser sur le visage de Mathis.Il avait la peau très claire, mesurait un mètre quatre-vingt-huit, les épaules larges, la taille fine. Après trois années à la tête de la direction générale, à donner des ordres au quotidien, il dégageait une aura à la fois noble et distante.C’était le week-end. Mathis portait un fin pull gris anthracite et un pantalon décontracté. À première vue, il avait vraiment fière allure : élancé, élégant, le port droit. Son visage, toujours aussi beau, attirait immédiatement le regard.Peut-être était-ce à cause de la lumière douce de l’après-midi, mais il semblait moins froid qu’à l’accoutumée. Le gestionnaire immobilier, plus petit d’une bonne tête, lui parlait. Mathis baissait les yeux pour écouter, avec une attention rare chez lui, presque de la douceur.
Léa se disait dit que s’ils arrivaient encore à s’entendre, c’était uniquement parce qu’Arthur faisait des efforts. Ce n’était pas grâce à elle. Il aurait été tout aussi tolérant avec n’importe quelle autre secrétaire.Entre deux personnes, si vraiment elles ne pouvaient pas s’entendre, alors il fallait accepter de ne pas s’entendre. Léa ne comptait pas rester la secrétaire d’Arthur toute sa vie. Il fallait donc se demander si cette relation valait la peine d’être entretenue.Vu le statut et la position d’Arthur, il était évident que plein de gens cherchaient à se le mettre dans la poche. Rien que pour ça, Léa avait déjà de bonnes raisons de préserver leur lien, sans même parler de tout ce qu’Arthur avait fait pour elle.Mais si elle n’y arrivait pas seule, autant chercher du renfort.Adrien était son assistant, Damien son directeur adjoint, tous les deux étaient inadaptés. Après avoir fait le tour dans sa tête, elle pensa à Octave. Ce type-là se prenait tout le temps la tête avec
Arthur a de nouveau demandé : « Vous aviez prévu ça ensemble ? »Léa : « Non ! »« Non ? Pourtant vous avez pris le petit-déjeuner ensemble. Léa, tu es sûre ? »Léa savait qu’Arthur ne lui faisait pas confiance : « J’ai rendez-vous avec lui lundi à la mairie, je récupérerai mon certificat de divorce ce jour-là ! Et je vais devoir poser un jour de congé. »Le visage d’Arthur s’est légèrement détendu, mais son regard restait aussi noir qu’opaque. Léa, sous ce regard impénétrable, avait du mal à respirer : « Je te le promets, je ne reviendrai jamais en arrière ! »Elle avait déjà exprimé sa loyauté auparavant. Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait encore une fois se justifier. Ou pourquoi elle le faisait d’elle-même, sans raison.C’était sûrement à cause de la pression qu’Arthur dégageait. Elle n’avait pas d’autre choix.Elle a repensé aux attentions d’Arthur à Fleuville. Elle ne voulait pas faire comme si de rien n’était.Puisque c’était à cause de Mathis qu’Arthur s’est én
Gérard venait de terminer sa conversation avec Adrien. Lorsqu’il a levé les yeux, il a vu Arthur lui lancer un regard.Un seul. Froid au point de lui glacer l’échine.Est-ce qu’il avait entendu ?De toute façon, Arthur n’aimait pas Léa. Ce n’était pas censé avoir d’importance.Mais non. Arthur était juste possessif à l’extrême. Même sa secrétaire, il ne tolérait pas qu’on lui fasse la cour.L’heure tournait. Léa est descendue avec sa valise.Elle a jeté un coup d’œil à Mathis au loin.Sans doute il a senti son regard, car il a relevé les yeux, puis l’a fixée froidement.Troisième anniversaire de mariage.C’était donc ainsi que ça se terminait.Léa a détourné les yeux et s’est dirigée vers Arthur.Arthur n’a rien dit, s’est simplement levé, puis est sorti.Pour rentrer de Fleuville à Merville, ils ont pris l’avion privé d’Arthur.Mathis les a regardés s’éloigner. Sa mâchoire était crispée, son regard débordait de sarcasme.Pendant tout ce temps, il n’a cessé de repenser à
Arthur a regardé Léa dans les yeux, sans répondre immédiatement. Il l’a contournée, puis a fixé Mathis de loin.Ce regard-là, il a été glacial. Terrifiant.Comme un prédateur croisant un rival sur son propre territoire. Un duel silencieux : toi ou moi.Cela n’a duré qu’une ou deux secondes. Ensuite, Arthur a détourné les yeux et les a reposés sur Léa. Dans son regard, il n’y avait plus rien de lisible.Il a parlé d’une voix calme, égale, empreinte de cette froide noblesse qu’il gardait toujours : « On rentre à Merville. »Léa s’apprêtait justement à réfléchir à comment passer sa journée, mais elle n’en avait plus besoin.Arthur s’est installé sur le canapé du hall, attendant qu’elle fasse ses bagages. À part ce regard initial, il n’a plus accordé un seul regard à Mathis.Mathis n’est pas parti. Il est resté assis dans la salle du petit-déjeuner, le visage fermé, glacé.Les clients de l’hôtel faisaient de larges détours pour éviter les deux hommes.Gérard, lui, n’arrêtait pas d
Si Mathis avait capté ce point faible, il aurait probablement continué à traîner sous son nez, juste pour la provoquer, juste pour l’écœurer.Mais Mathis n’était plus rien d’autre qu’une page tournée dans la vie de Léa. Qu’il soit là ou pas, ça ne changeait strictement rien. Il n’avait plus aucun pouvoir sur elle.Le vrai détachement, c’était l’indifférence totale.« Tu comptes vraiment passer la journée avec moi ? » a-t-elle demandé froidement.« Un anniversaire de mariage, ça dure toute une journée. »Léa a éclaté d’un rire glacé : « Tu veux commémorer quoi, exactement ? »Mathis a ricané à son tour, la voix pleine de sarcasme : « Commémorer à quel point tu m’as aimée. »« Ah, donc tu penses à mes bons côtés ? » Léa a étiré les lèvres. « Très bien, Mathis. Moi, je vais commémorer à quel point tu as été une ordure sans cœur. Comme ça, chaque fois que je repenserai à toi, je n’aurai plus que du dégoût, rien d’autre. »Mathis ne l’avait jamais aimée. Alors même lorsqu’elle avait