Adrian
À peine, ai-je mis pied dans mon bureau que Louise me rejoint. Je sais qu'elle est confuse pour ce qui vient de se passer et elle mérite des explications. Elle referme la porte derrière elle pendant que j'observe Elena depuis mon bureau. Je la vois s'installer dans son nouveau bureau comme si de rien n'était. ___ « Pourquoi tu as fait ça ? » demande t'elle, les bras croisés et les yeux plantés dans le mien. Elle ne me lâche pas du regard comme si elle cherchait à lire quelque chose en moi. ___ « On s’était mis d’accord : tu ne devais pas rester longtemps à Monaco. Et cette entreprise, c’est moi qui devais la diriger. » Elle a raison. C’était le plan. Jusqu’à ce que je la revoie… Elena. Elle est la seule raison pour laquelle j’ai quitté Monaco. Et aujourd’hui, elle est là. Assise à quelques mètres. Comme un rappel vivant de cette trahison. ___ « C’est à cause d’elle, pas vrai ? » reprend Louise d’un ton plus doux. Elle jette un œil par la baie vitrée, puis revient vers moi. Je ne dis rien. Mon silence parle pour moi. Elle s’installe dans le fauteuil en face, visiblement contrariée. ___ « Je croyais que c’était derrière toi, Adrian. ___ « Ça l’est. » ___ « Alors pourquoi chambouler tous nos plans ? Pourquoi la choisir, elle, comme assistante ? » Elle marque une pause. Puis me lance la question que je redoutais : ___ « Tu l’aimes encore ? » Je ris. Un rire sec, sans joie. ___ « Si je devais aimer à nouveau, ce ne serait certainement pas elle. » FLASHBACK : Trois ans plus tôt C’était un soir banal. J’étais seul à l’hôtel, en déplacement à Paris pour un contrat. Je n’arrivais pas à dormir, alors j’ai pris mon téléphone. J’ai ouvert mes messages. Et c’est là que je l’ai vue. Des photos. Envoyées par un numéro inconnu. Sur l’image : Elena dans les bras d’un homme. Son visage tourné, à moitié flou, mais je l’ai reconnue immédiatement. Son sourire… celui qu’elle ne réservait qu’à moi. Ils semblaient proches. Intimes. Bien trop. Le message qui accompagnait la photo était simple : “Tu mérites de savoir.” Je suis resté figé pendant de longues secondes, incapable de respirer. Mon monde s’est effondré en silence. J'ai tenté de comprendre ce qui s'est passé, je refusais de croire. Pourtant, c'était la vérité : la seule femme que j'ai follement aimé, venait de me trahir. Elle m'a poignardé dans le dos, alors que j'étais prêt à tout pour elle. J'ai voulu connaître sa version des faits, je voulais savoir pourquoi elle m'a fait ça. Mais quand je l'ai confronté avec ces preuves à l'appuie, elle n'a pas su m'expliquer quoique ce soit. Au contraire, elle niait catégoriquement les faits. Alors, je ne l'ai plus contacté pour comprendre quoique ce soit. Je n'ai plus rien dit. Je suis juste parti en mettant fin à tout ce qui nous liait. Et depuis, je n’ai plus jamais cherché à savoir la vérité. Parce qu’au fond, j’en étais certain : elle m’avait trahi. Fin du Flashback. Je serre la mâchoire, rongé par la colère et la haine. Cette douleur est toujours là. Elle n'a pas disparu. J'ai peut-être tourné la page, mais je n'oublie pas ce qu'elle m'a fait. Je la déteste comme la dernière fois que je l'ai quitté, je veux la voir souffrir et je vais la faire souffrir. Elena doit ressentir la même douleur que j'ai ressentie autrefois. ___ « OK, maintenant que tu as changé les choses sans mon avis, quelle est donc mon rôle dans cette boîte ? » questionne t'elle en appuyant sur le "tu" comme pour m'accuser. Je m'installe dans mon fauteuil et elle se retourne vers moi. ___ « Tu seras la directrice de la création. » Elle reste bée et me scrute. ___ « Tu l'as déjà été à plusieurs reprises et j'avoue que tu fais du bon boulot. » reprends je aussitôt pour m'expliquer. Elle fait un léger rire ironique. ___ « Tu rigoles, j'espère ? » Je fronce les sourcils d'incompréhension. Elle se pince les lèvres, puis poursuit : ___ « Que vont penser les autres employés ? Que je suis la remplaçante de Elena. » ___ « On s'en fout des avis extérieurs. Et s'il arrive qu'un employé te critique pour cela, et bien je le fous à la porte. » Je comprends que Louise soit mal à l'aise de devoir remplacer Elena, elle doit se sentir comme celle qui doit se contenter du reste de mon ex fiancée. Pourtant ce n'est pas le cas, je lui attribue ce poste parce que je sais qu'elle sera à la hauteur de mes attentes. ___ « Pourquoi ne pas laisser ton ex à son ancien poste et moi, je serai ton assistante personnelle. Comme ça, on restera très proches. » propose t'elle d'une petite voix. J'aimerais bien procéder de cette façon, mais je veux avoir Elena près de moi. Ainsi, je pourrai la faire subir toute sorte d'humiliation que je voudrai. Je veux la briser, tout comme elle m'a brisé. Je soupire profondément en regardant mon amie d'un air désolé. Elle se pince la lèvre, saisissant mon message. Elle se relève et gesticule brièvement. ___ « Je vais voir à quoi ressemble mon bureau. » lâche t'elle finalement ; « on se retrouve à la pause. » Elle m'offre un simple sourire avant de s'en aller. Je me renfrogne dans mon fauteuil une fois qu'elle soit partie. Je me balance dans tous les côtés avec mon fauteuil, réfléchissant à la prochaine étape. J'ai pleines de choses à gérer en ce moment, surtout que j'ai changé mon programme de base. Pourquoi me stresser sur mon organisation personnelle alors que j'ai une nouvelle assistante ? C'est à elle de s'occuper de tout cela, pas moi. Je cherche Helena du regard et lorsque mes yeux tombent sur elle, entrain de discuter avec un collègue en souriant, je sens mon front se plisser et la colère me consumer. Leur discussion semble intéressante et qu'une personne la mette fin. Cette personne sera moi. Je quitte mon fauteuil, ouvre la porte de mon bureau et me penche vers l'extérieur. ___ « Vous allez devoir m'excuser, mais j'ai besoin de mon assistante dans mon bureau dans les trente secondes qui suivent. » leur dis-je. Ils se retournent immédiatement, sûrement pris de peur. J'esquisse un petit sourire sinistre en les scrutant. Elena me regarde de ses yeux noisettes, ses joues virent à l'écarlate. Je retourne dans mon bureau après avoir gâché leur ambiance. La porte s’ouvre doucement, laissant entrer une fragrance discrète mêlant jasmin et bois de santal. Elena apparut dans l’encadrement, droite et assurée, comme à son habitude. Vêtue d’un tailleur noir parfaitement coupé, elle avançait d’un pas mesuré, les talons effleurant à peine le parquet. Mes pupilles sombres la suivent, traçant les contours de son visage fin, de ses yeux profonds aux reflets ambrés, jusqu’à ses lèvres pleines et posées. Ses longs cheveux châtain glissent sur ses épaules avec une fluidité presque hypnotisante. Elle semble sortie tout droit d’un magazine de mode… mais il y'a autre chose. Une intensité dans son regard, une maîtrise froide et élégante qui me déstabilise toujours un peu. Elle s’arrête devant moi, sans un mot, me fixant avec calme. ___ « Tu voulais me voir ? » demande-t-elle, d’une voix douce, mais ferme. Elle essaie de cacher ses émotions. ___ « Oui. Je veux que tu planifies le reste de ma journée et toute cette semaine. » réponds je d'un ton calme et indifférent. ___ « D'accord. Que dois-je mettre dans votre emploi du temps ? » ___ « J'ai un dîner ce soir avec ma famille, je veux que tu sois là aussi. » lui annonce je en me documentant. Silence. Elle reste silencieuse et je relève mes yeux de mon dossier. Elle est muette et déconcertée. ___ « Euh... » commence t'elle, d'un air confus. ___ « Tu es désormais mon assistante personnelle et je veux que tu m'accompagnes à ce dîner. » répète je froidement. ___ « J'ai déjà un programme pour ma soirée et je ne peux vous accompagner à cette fête. Je suis désolée. » réplique t'elle calmement. Je crispe mon visage, furieux qu'elle essaie de me tenir tête. Je ris amèrement, puis reprends mon sérieux et ma dévisage fortement. ___ « Je crois que tu n'as pas bien saisis la situation. Je ne te demande pas ton accord, je te veux près de moi pour ce dîner. » répète je mot par mot.Dans la peau de l'auteure Allongée dans son lit d’hôpital, le regard perdu sur le plafond immaculé, Elena a encore du mal à croire ce qui venait de se passer. Son cœur bat à tout rompre. Ses doigts caressent machinalement son ventre, encore invisible mais déjà porteur d’un monde nouveau.Et soudain, une évidence s’impose à elle : elle devait appeler Adrian. Sans même réfléchir, elle attrape son téléphone posé sur la table de chevet et compose son numéro. Il répond aussitôt, comme s’il l’attend.___ « Mon cœur ? »___ « Adrian… »Sa voix tremble d’émotion, de joie, d’un vertige doux et irréel.___ « Tu vas bien ? Tu as l’air... bizarre, tu m’inquiètes. »Elle inspire profondément, cherchant les mots justes, les plus simples.___ « Adrian… Je suis enceinte. »Un silence. Un long silence. Puis…___ « Tu… Tu es sérieuse ? » ___ « Oui. Je viens de l’apprendre. J’ai fait un malaise, Anna m’a amenée à l’hôpital… Et le médecin m’a dit que je suis enceinte de six se
Dans la peau de l’auteureDeux mois se sont écoulés depuis l’éclat de colère d’Adrian. Deux mois depuis cette confrontation glaciale qui met définitivement fin aux manigances de Roméo et Louise. Depuis, la vie reprend son cours avec une douceur surprenante, presque irréelle, comme si le calme est enfin autorisé à s’installer.L’entreprise prospère. Les chiffres montent, les partenariats se multiplient, les collaborateurs travaillent avec enthousiasme. Adrian, plus serein, reprend confiance. Il accepte même une invitation à un congrès international, un voyage d’affaires de quelques jours, seul, à l’étranger. Une première depuis longtemps. Elena, de son côté, trouve un équilibre. Les douleurs, les peurs, les doutes s’estompent, remplacés par une routine paisible et sincère.C’est dans cette atmosphère plus légère qu’un samedi ensoleillé pointe le bout de son nez. Le genre de journée où le ciel est d’un bleu éclatant, sans l’ombre d’un nuage. Elena et Anna décident d’en profiter pour sor
AdrianLe silence dans mon bureau est pesant, presque suffocant. Seul le tic-tac de l’horloge semble oser braver l’ambiance électrique. Roméo se tient devant moi, les bras croisés, le regard noir. Il n’a même pas pris la peine de frapper. Il est entré comme un voleur, comme s’il avait le droit d'être là. Il a osé réapparaître après tout le chaos qu'il a causé. ___ « Tu pensais vraiment que je n’allais pas comprendre que c’était toi ? » lancé-je, la voix basse, mais tranchante.Il ricane, pendant que moi je brûle de rage.___ « Tu t’imagines toujours que tout tourne autour de toi, Adrian. Tu penses que je n’ai que ça à faire ? Saboter ta petite entreprise, c’est ça ? »Je me lève lentement, la chaise crissant contre le parquet. Je m’avance vers lui, chaque pas appuyant ma colère que je contiens tant bien que mal.___ « Tu m’as trahi, Roméo. Toi… mon propre cousin. Tu crois que je vais laisser passer ça ? »Il fronce les sourcils, mais je vois son trouble dans le f
ElenaAprès la soirée d'hier dans son bureau, il a voulu qu'on aille dans sa villa et nous avons dormi, l'un à côté de l'autre. Le lendemain matin, l’air est différent.Je me réveille dans sa chambre, dans ses bras, et pour la première fois depuis longtemps… je respire sans douleur.Adrian dort encore, un bras posé sur ma taille. Son visage est détendu, paisible. Je pourrais rester là pendant des heures à le regarder, à mémoriser chaque trait, chaque ride au coin de ses yeux. Il est beau. Dangereusement beau. Mais surtout, il est à moi.Je me lève à contre-cœur, m’habille rapidement et descends préparer du café. Une routine simple, presque normale. Et pourtant, tout me paraît nouveau.Lorsque j’arrive à l’agence un peu plus tard, il est déjà là. En costard, cheveux en arrière, l’air parfaitement concentré. Mais dès qu’il me voit, il sourit. Et mon cœur rate un battement. Les souvenirs d'hier soir reviennent et je ne peux m'empêcher de sourire, comme une idiote. Il s’
ElenaLe lendemain, je me force à venir plus tôt. Comme si, inconsciemment, j’espérais croiser son regard, lui dire un mot… ou juste exister un peu dans sa journée. Et pour dire vrai, les mots de mon amie me hantent encore. Mais à 9h25, alors que je sors de la salle d’archives avec quelques dossiers, je m’arrête net. La porte de son bureau est entrouverte. Et à l’intérieur, je l’entends rire. Je serre les sourcils, les observant. Pas n’importe quel rire. Celui qu’il a quand il est vraiment amusé. Franc. Léger. Décontracté.Mon cœur rate un battement et la curiosité m'envahit. Je m’avance. Discrètement. Sans bruit. Et je la vois.La nouvelle employée du service marketing. Clara. Blonde platine, chemisier blanc trop cintré, et ce rire de dinde qui perce les murs.Elle est assise face à lui, un dossier à la main, mais elle ne regarde pas les documents. Elle le regarde lui. Comme s’il était la chose la plus drôle au monde. Et lui, il sourit comme un idiot. Il lui
Elena Cela fait trois jours qu’on s'évite au bureau. Trois jours que mon sommeil se trouble.Trois jours que mon téléphone reste muet. Pas un message. Pas un appel. Pas même un mot glissé sous la porte. Et lorsqu'on se croise à l'agence, nos rapports se limitent juste au travail. Je sens qu'il est froid et qu'il m'en veut de lui avoir fait des reproches. Le silence s’est installé comme une brume épaisse entre nous. Et je n’arrive pas à le dissiper. Je m’en veux. Il a peut-être séquestré un mec, mais il avait toutes les raison de le faire. Je suis dans la cuisine, assise à la table, une tasse de thé froide entre les mains, quand Anna débarque. Elle s’invite sans prévenir, comme toujours. Ses cheveux sont relevés en un chignon désordonné, et elle porte son vieux pull rouge troué à la manche.___ « On devrait te trouver un psychologue, tu ne penses pas ? Je te trouve bizarre dernièrement, mais tu ne me dis rien, non plus. Ou tu préfère que j'aille rendre visite à Adria