Elena
Mon cœur bat à tout rompre. C’est comme si une lueur d’espoir venait de traverser l’obscurité dans laquelle je me suis enlisée pendant ces trois dernières années. Je serre le téléphone dans ma main, comme s’il pouvait m’offrir des réponses immédiates. Je me dirige vers la chambre d’amis d’un pas rapide, ne prêtant plus attention aux conversations qui continuent dans le salon. Une fois la porte refermée derrière moi, je m’assieds sur le lit et agrandis la photo. Il faut que je trouve un indice, un détail, n’importe quoi. Le miroir derrière lui est orné d’un motif doré assez distinctif… Et ces carreaux au mur… Ces éléments me semblent familiers comme si je les avais déjà vu à quelque part. Je me lève d’un bond et sors mon ordinateur portable. Je me connecte et commence à chercher des hôtels de luxe à Monaco avec une décoration similaire. L’un après l’autre, je passe les photos en revue. Mes doigts tremblent sur le clavier, mais je continue. Je ne dois pas abandonner maintenant. Je retourne discrètement dans le salon. Les conversations battent leur plein, mais personne ne semble avoir remarqué mon absence prolongée. Je croise le regard d’Adrian un instant. Il détourne aussitôt les yeux. Mon cœur se serre, mais je ravale ma peine. Je n’ai plus de place pour les larmes. Pas ce soir. Je dois rester concentrée. Je m'assieds à ma place, le regard fixé sur mon assiette encore pleine. La voix de Louise résonne encore dans ma tête, comme une gifle qui tourne en boucle. Mais cette photo… ce visage… c’est peut-être enfin ma chance de laver mon nom. Trois ans à souffrir en silence, à porter l’étiquette de la traîtresse, à être jugée pour quelque chose que je n’ai jamais fait. Et si cette photo venait de quelqu’un qui voulait m’aider ? Ou me prévenir ? Est-ce un avertissement ou une opportunité ? Et surtout, pourquoi maintenant ? Je sens une tension nouvelle en moi, une force que je n’avais plus ressentie depuis longtemps. Je vais découvrir la vérité, coûte que coûte. Et ce soir, en silence, je fais un vœu : que justice me soit rendue. Pas seulement pour moi, mais pour la femme que je suis devenue, malgré les tempêtes. ___ « Dis-moi, Louise est ta fiancée ? » interroge un homme, de la cinquantaine. Je faillis m'étouffer en entendant cette question. Je tousse sèchement et la mère d'Adrian me passe son verre d'eau que je prends. ___ « Merci ma tante. » dis-je. Je sens le regard d'Adrian sur moi et je l'évite. ___ « Fiancés ? Oh, pas encore. Seul le destin nous le dira, mais Adrian et moi, avons beaucoup de choses en commun et on formera certainement un beau couple. » ___ « Je n'en doute pas, puisque vous semblez former un superbe duo. » ajoute je en fixant Adrian avec indifférence. Il reste silencieux, déconcerté que je puisse être indifférente. Je leur souris à tous les deux en prenant mon verre de champagne. Je rentre chez moi après le dîner. Anna est assise devant la télé, grignotant des chips. Elle tourne sa tête vers moi, surprise. ___ « Déjà de retour ? » m'interroge t’elle, un peu surprise. Après le dîner, j'ai feint un mal de tête pour regagner l'appartement. Ils avaient prévu un dessert mais depuis que j'ai reçu cet email, je n'ai plus la tête qu'à découvrir qui est derrière tout ça. Je vais m'assoir près d'elle, poussant un soupir de fatigue en me débarrassant de mes chaussures. Lorsque je réussis à libérer mes pieds, je me blotie sur le canapé pour me détendre. ___ « Ça s'est bien passé, j'espère ? » ___ « Ouais, ne t'inquiète pas. Adrian et son amie, ont essayé de me mettre mal à l'aise. » lui raconte je, d'une voix un peu épuisée. Elle serre ses sourcils. ___ « Son amie ? » répète t'elle faiblement. ___ « Oui. Il est revenu avec une jeune femme de ma génération. Ce soir, elle m'a insulté ouvertement. » Anna ouvre légèrement sa bouche et reste immobile. Je lui raconte en détails la soirée et elle était sidérée. J'aurai pu répondre à cette jeune femme quand elle me dénigrait, mais le faire revient à tomber dans son jeu. Louise me cherche des noises et c'est pour cela qu'elle ne s'est même pas gêné de me rabaisser. ___ « Tu as bien fait de n'avoir pas réagi. Je parie qu'elle faisait tout ça pour que tu pètes un câble devant ces gens respectables. » ___ « Elle n'aura aucune considération de ma part, tu peux me croire. » rajoute je. Nous ne nous disons plus rien. ___ « Mais tu penses qu'elle est une personne assez spéciale pour Adrian, une copine peut-être ? » me demande mon amie d'une voix curieuse. Je lui regarde brièvement avant de répondre avec détachement : ___ « Ça m'interroge pas de savoir ce qui les lie. Ils peuvent être des amis ou même plus, ça m'est égal. Adrian et moi, s'est du passé. » Je repose mon regard sur elle et elle secoue simplement la tête en guise de compréhension. Je me relève du canapé, prends mes chaussures et me dirige vers ma chambre. ___ « Je vais me changer et je reviens. » lui informé je en partant. ___ « OK. » Je monte dans ma chambre, pose mon sac à main sur le lit, range mes chaussures, me débarrasse de ma robe et porte un vêtement plus léger et confortable. Ensuite, je vais dans la douche où je me démaquille. Je repense à l'email que j'ai reçu. Dois-je le dire à Anna ? Peut-être qu'elle pourrait m'aider à retrouver cet homme. Je sors de la douche après avoir fini. Je me rends au salon, Anna est toujours devant la télé. Je m'affale sur le canapé, encore une fois auprès d'elle. Elle me tend son paquet de chips que je refuse. ___ « Qu'est-ce que tu as ? Tu m'as l'air soucieuse et détachée du reste du monde depuis que t'es rentrée. » me fait-elle la remarque. Je la regarde dans les yeux, me demandant encore si je dois lui raconter. ___ « Une personne m'a envoyé une photo. » commence je d'une voix cassée. Devoir fouiller encore le passé me fout la trouille. J'ai une de ces peurs que je ne saurai décrire. Mon cœur bat très fort en ce moment et il y'a un nœud qui s'est formé dans mon ventre depuis que j'ai reçu cette photo. De quoi ai-je peur ? Trouver la vérité ? La suite des événements ? Ou encore réveiller certaines blessures du passé ? Je ferme les yeux et respire ouvertement. Ma main tâte mon collier, sous l'observation silencieuse et inquiète de mon amie. ___ « Adrian avait reçu des photos de moi et d'un autre homme dans un lit. Je te l'ai raconté, si tu t'en rappelles ? » ___ « Oui oui, je m'en souviens. » répond t'elle précipitamment. ___ « J'ai reçu une photo de ce type. J'ai fait quelques recherches et je pense qu'il est revenu à Monaco. Il séjourne dans un hôtel d'ici mais je ne l'ai pas encore trouvé. » ___ « Ça alors ?! » s'exclame t'elle, étonnée. « Et qu'est-ce que tu comptes faire ? » Je me pince les lèvres une seconde fois. ___ « Je veux le retrouver et le confronter. Il me doit des explications, c'est la seule chance que j'ai de laver mon honneur. » ___ « Tu as raison. Si tu veux, je peux t'aider avec les recherches. » me propose t'elle. Mes yeux s'illuminent de reconnaissance et de joie. Je la remercie et nous continuons la discussion. *** Assise dans la salle où se tient la réunion, Adrian est entrain de parler. Mais mon esprit divague et je n'écoute même plus ce qu'il dit. Tout ce qui me préoccupe en ce moment, c'est qu'Anna réussisse à retrouver cet homme. Elle ne travaille pas aujourd'hui et a décidé de consacrer cette journée aux recherches. Alors que mon esprit est toujours en divagation, un bruit sec et assourdissant résonne dans mes oreilles, me faisant sursauter. Je reprends mes esprits, remarquant que toute l'attention est portée sur moi. Adrian, debout, près de moi, il vient de taper violemment sur la table. Mes battements cardiaques s'accélèrent, ma gorge serre et j'évite le regard tranchant de mon patron. Il ne dit rien, il se contente juste de me fusiller du regard. Je tourne la tête autour de moi et mes collègues nous regardent. Louise, au devant de la scène, nous observe aussi. Je baisse lentement les yeux, honteuse, mes doigts qui caressent nerveusement mon cou. ___ « Je suis désolée, monsieur. » m'excuse je publiquement d'un ton faible. ___ « La prochaine fois, tu seras mise à la porte. » m'avertit il avant de repartir vers Louise. J'expire discrètement, soulagée qu'il n'en fasse pas tout un drame. Il s'éclaircit la gorge, avant de reprendre la parole. Quant à moi, je me force de rester attentive. Je l'écoute nous exiger la discipline, la propreté, le respect, etc. ___ « Mon assistante et moi, nous irons en Italie demain, dans le but de décrocher un marché. » déclare t’il. Mon cœur rate un battement. Je hausse les sourcils d'étonnement, pendant que les autres parlent tout bas. Je fixe mon patron d'un regard interrogatif, mais il ne m'accorde aucune importance. ___ « Louis Rey recherche une agence publicitaire pour la publicité de son nouveau parfum. C'est une belle opportunité à décrocher, car après cette collaboration, cette agence sera plus reconnue. Alors, mon assistante Elena va tenter de décrocher un contrat auprès de cet homme. » poursuit il.ElenaDepuis cette soirée de gala où je me suis faite humiliée, je n'ai plus revu Louise. Je n'ai pas osé demandé de ses nouvelles à Adrian, mais je compte bien remettre les pendules à l'heure avec elle. Elle va regretter de s'être moquée de moi. Assise dans mon bureau, je grignote le bout de mon stylo, en guettant cette folle depuis son bureau. Elle est au téléphone et n'a pas l'air de me remarquer. Lorsqu'elle raccroche le téléphone, je la vois sortir de son bureau et se diriger vers les toilettes. Une petite voix me souffle que c'est le moment. Je pose immédiatement le stylo et me lève aussi. Je prends une grande inspiration avant de rejoindre Louise en toute discrétion. Je vais attendre impatiemment dans le couloir, attendant qu'elle sorte.Quand j'entrevois la porte s'ouvrir, mes palpitations cardiaques s'accélèrent. Elle fait sortir sa tête et fronce légèrement les sourcils quand elle m'avise. Je crispe mon visage et la foudroie du regard. ___ « Ah,
Elena ___ « On doit parler, Adrian. » répète je pour la énième fois en le poursuivant. ___ « Je ne vois pas de quoi, nous devons parler. » dit-il, sans même m'accorder un regard. Il contourne la voiture et s'enfonce dans le siège passager. Je râle de frustration et vais ouvrir la portière et m'installe aussi sur le siège passager. Puis, je fais claquer violemment la portière. Il grogne furieusement, puis démarre la voiture. Tout mon sang est en train de bouillir de colère. Mon cœur bat maladroitement dans mon cœur et mes mains tremblent, comme à chaque fois que je suis très en colère. ___ « Tu ne peux pas decider de t'en aller de cette façon. Louis va prendre ce geste comme une humiliation. » poursuis-je, avec la voix tremblante. ___ « Qu'il le considère comme une humiliation ou une provocation, ça m'est égal. » réplique Adrian, d'un air détaché. Je reste sidérée. Il se met à rouler, tout en évitant mon regard. Je lâche un gros souffle, essayant de me cal
ElenaNous rentrons à la maison, sans terminer la soirée de gala de charité. Je me laisse tomber sur le canapé du salon, laisse échapper un gros soupir, pendant qu'Anna referme la porte après elle ___ « Je vais faire du café, t'en veux ? » me demande-t-elle en se dirigeant vers la cuisine. ___ « Ouais. » lâche je. Elle se rend à la cuisine, pendant que je ressasse encore ce moment d'humiliation et mon cœur se retourne une nouvelle fois dans ma poitrine Je me mords la lèvre, retenant mes larmes. Je baisse mon regard sur la veste de mon ex-fiancé, nouée autour de ma taille. Quelques images de nous deux dans le jardin refont surface. Je me revois dans ses bras, ma tête posée contre son torse, écoutant son rythme cardiaque qui battait au même rythme que le mien. Et ses mains qui caressaient mes cheveux avec tendresse. Son doux parfum qui ont pris d'assaut mes narrines. Je me sentais étrangement bien dans ses bras. Ce câlin qui n'a duré que quelques secondes m'a ap
AdrianJe rattrape Elena dans le jardin. Elle est en larmes, son mascara dévale ses joues. Sans hésiter, je retire ma veste et la lui attache autour de la taille. Puis, je me tiens droit devant elle, cherchant les justes mots pour la consoler. J'ouvre la bouche, mais rien ne sort. J'ignore quoi dire, pour la soulager. ___ « Je suis désolé, Elena. »___ « Ce n'est pas de ta faute » ; réplique t'elle en reniflant. Elle essuie ses larmes, souffle en levant les yeux au ciel. Elle tente de se calmer tandis qu'un pincement atroce me serre la poitrine. La voir dans cet état, vulnérable et humiliée, me transperce le cœur. J'aimerais pouvoir lui venir en aide, mais j'ignore comment. Je fais un pas en avant, vers elle. Elle n'ose pas me regarder dans les yeux, et je comprends. ___ « Je viens d'être humiliée... encore une fois de plus. » Sa voix étouffée par ses pleurs, me peine énormément. Je contracte la mâchoire, me maudissant intérieurement de ne pouvoir rien faire pour
Anna___ « Quelqu'un t'a agressé ? » m’exclame je d'un ton scandalisé. Recroquevillée dans le canapé, mon amie frissonne encore. Elle ne semble pas s'être remise de son agression dans le parking de leur entreprise. Je n'en reviens toujours pas, une personne a essayé de la tuer et le pire, c'est à cause de cette enquête que nous menons. Je me rends à la cuisine et lui rapporte un verre d'eau. Elle le prend et boit quelques gorgées. Puis, elle lâche un gros soupir avant de poursuivre son récit d'une voix bouleversée.___ « Si Adrian n'était pas là, je... je serai déjà morte. » ___ « Adrian t'a sauvé la vie ? » demandé-je, surprise. ___ « Oui. Il a même essayé de rattraper mon agresseur mais ce dernier avait déjà pris la fuite. » D'après Elena, son ex fiancé et elle, sont comme le chat et la souris. Il ne la supporte pas et emploie tous ses moyens pour lui rendre la tâche encore plus difficile au bureau. À croire qu'il la hait vraiment, pourtant il n'a pas hésit
Elena Je retourne au bureau, toute dévastée de ne pas avoir obtenu ce que je voulais avec ce type. Dès que je passe la porte de l'entreprise, je sens tous les regards sur moi. Je mords l'intérieur de ma lèvre inférieure, consciente de mon retard. Alors que j'avance pour regagner mon bureau, j'aperçois Adrian, assis sur mon fauteuil et faisant claquer le bout d'un stylo contre la table. Mes pas s'estompent aussitôt, et mes battements cardiaques commencent à résonner comme un tambour. Je tourne d'abord ma tête autour de moi et remarque mes collègues qui me dévisagent avec curiosité. Certains même vont jusqu'à chuchoter entre eux. Je ravale ma salive, ne pouvant ni faire marche arrière, ni disparaître. J'avise mon patron,qui me fixe du coin de l'œil, tout en continuant de trimballer le stylo sur mon bureau. Je prends une grande respiration et reprends lentement ma marche, en priant que la situation ne tourne pas au vinaigre. Lorsque je me présente face à lui, je fro