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Chapitre 3

Autor: Sept
Le trajet vers le parc de montgolfières a débuté dans une apparente sérénité.

Victor tenait ma main dans sa paume chaude, évoquant les célébrations qu'il avait préparées pour mon anniversaire. « J'ai réservé toute la nouvelle collection de robes sur mesure. Tu choisiras celle que tu préfères demain », a-t-il marqué une pause, sa voix devenant plus douce, « quand tout cela se sera calmé, il faudra songer à fonder une famille. Tu aimes tant les enfants... »

Je l'écoutais en silence, le regard perdu dans le paysage qui défilait.

Il ignorait toujours que nous avions eu un enfant, un petit être envolé à jamais à cause de son ordre.

Peu après avoir quitté le domaine, son téléphone a commencé à vibrer.

Après un bref échange, il s'est tourné vers moi avec une contrition calculée : « Un problème à l'entrepôt portuaire. Je dois m'en occuper personnellement. »

J'ai hoché la tête et lui ai répondu calmement : « Vas-y. Les affaires de la famille passent avant tout. »

Il a hésité, cherchant ses mots : « Zoé, je... »

« C'est pas grave, vas-y. Je t'attendrai au parc. Tu as promis de voir le lever du soleil avec moi. »

Arrivée seule au parc, j'ai déverrouillé mon téléphone. Le dernier post de Sabrina s'est affiché : une photo d'elle, fragile, sur un banc d'hôpital. La légende disait : « Quelle journée terrifiante ! Mais mon bébé va bien. Immense gratitude envers celui qui a tout laissé tomber pour veiller sur moi. »

La silhouette à ses côtés était floue, mais parfaitement reconnaissable. C'était mon mari, Victor.

J'ai composé son numéro. Après de nombreuses sonneries, la voix victorieuse de Sabrina a répondu :

« Zoé ? Tu cherches Victor ? Lâche-lui les talons ! Il est avec le médecin pour discuter de mon état », son triomphe suintait dans chaque syllabe, « tu n'imagines pas à quel point il veille sur moi. La dernière fois, après une simple chute chez moi, je l'ai appelé en pleurant, en disant qu'on m'avait agressée. Et devine quoi ? Il a dépêché tous ses hommes en dix minutes ! Tu ne pourras jamais gagner. »

Son rire a cascadé dans le combiné tandis qu'un froid mortel me transperçait.

Je savais bien sûr de quelle nuit elle parlait. La nuit où j'avais perdu notre enfant.

Ce drame trouvait son origine dans un simple caprice de Sabrina.

J'ai raccroché et ai levé les yeux vers le ciel, les mains tremblantes.

J'avais attendu toute la nuit. L'aube venue, l'homme qui m'avait promis sa présence restait introuvable.

Je suis montée dans la nacelle et ai dit au soldat : « Faites-moi décoller. »

Il a hésité : « Madame, ne devrions-nous pas attendre M. Lozé ? »

« Non. J'y vais seule », lui ai-je répondu d'un ton calme, « Inutile de m'accompagner, je maîtrise les commandes. »

Il a ouvert la bouche pour protester, mais face à mon autorité, s'est incliné.

La montgolfière s'est élevée lentement. Accoudée à la nacelle, je contemplais la ville endormie bien en contrebas.

Ses mots doux, sa présence, ses promesses... Ces souvenirs ont défilé dans mon esprit sans plus effleurer mon cœur.

Ils semblaient si dérisoires face aux caractères écarlates estampillés « PRIORITÉ ABSOLUE » sur le dossier de Sabrina.

Alors que la première lueur dorée fissurait l'horizon, j'ai formé son numéro une ultime fois. Mais son portable était coupé.

Mon attention s'est tournée vers l'email programmé, comme un adieu. Trois fichiers y étaient joints : la preuve photographique de son dossier secret concernant Sabrina ; le rapport médical de ma fausse couche, suite à une absence de traitement ; et l'audio où la voix de Sabrina confessait que son « attaque » était une pure invention.

Tout était en place.

J'ai levé une dernière fois les yeux au ciel, puis ai sorti le pistolet que j'avais dissimulé dans ma veste.

Bang !

Le coup de feu a déchiré le silence, perforant l'enveloppe du ballon.

...

Au même moment, Victor s'apprêtait à quitter l'hôpital.

Sabrina a tenté de le retenir : « Victor, j'ai encore besoin de toi... »

Il a secoué la tête, catégorique : « Non. C'est l'anniversaire de Zoé. Je lui ai promis ce lever de soleil. »

C'était alors qu'un soldat est arrivé en courant, livide : « Patron... Votre femme... Elle a fait exploser sa montgolfière ! »
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