MAXIME Le silence, après son départ, est pire que tout.Je pourrais crier.Je pourrais tout casser.Mais je ne bouge pas.Je reste là, debout, figé, au milieu de mon bureau plongé dans la pénombre.Sa voix résonne encore.“Damon est ton demi-frère.”Putain.Je voudrais ne pas l’avoir entendue.Je voudrais pouvoir dire que c’est une connerie. Un délire de parano. Un mensonge.Mais je la connais.Je connais Willow.Et ce tremblement dans sa voix… ce n’était pas du théâtre. C’était du vrai. Du brut. Du douloureux.Je passe une main sur mon visage.Mon cœur cogne dans ma poitrine comme un tambour prêt à exploser.Je n’arrive plus à respirer normalement.Tout ce que je pensais tenir commence à glisser.Et un nom tourne en boucle dans ma tête : Richard.Je sors mon téléphone.Je regarde l’heure. 00h42.Parfait. Il déteste être réveillé.Je compose.Ça sonne une fois. Deux. Trois.Il décroche. La voix pâteuse.— Allô ?Je ne dis rien tout de suite. Je laisse juste un silence chargé s’instal
WILLOWJe suis restée toute la journée sans le voir.Pas un message. Pas un mot.D’habitude, on repartait ensemble.Ce soir, je suis restée cachée dans le parking, comme une idiote, espérant qu’il m’attende, lui aussi.Juste une fois. Juste pour voir s’il pensait encore à moi, malgré tout.Mais non.Il est sorti du bâtiment, droit vers sa voiture, sans même un regard en arrière.Pas une hésitation.Pas un doute.Je me suis effondrée.Je pleure.J’ai eu cette chance insensée de revenir en arrière, de tout recommencer.Mais ce soir, je me demande si c’est vraiment une chance… ou une malédiction.Enfin… maman est presque tirée d’affaire.Et papa n’a pas été achevé par Cassidy.Alors peut-être que si. Peut-être que ça en valait la peine.Même si moi, je me sens plus seule que jamais.je suis rentré avec ma voiture et j'ai vu qu'il n'était pas rentré.Je suis là, à tourner en rond dans sa propre maison, comme une intruse.Je monte. Je redescends.Je m’assois. Je me relève.Et puis j’en peu
WILLOWJe verrouille la porte du bureau d’un geste mécanique, m’adosse contre le mur et serre le téléphone contre mon oreille comme si c’était une ancre. Le bureau, avec ses grandes baies vitrées donnant sur les lumières de la ville, est le cœur de l’entreprise qu’on dirige ensemble, Maxime et moi. Ces murs ont vu nos triomphes, nos disputes, nos rêves partagés. Maintenant, ils sont témoins de mes secrets, et ça me rend malade.— Imen ?Ma voix est plus faible que je ne le voudrais, étouffée par le poids de ce que je porte.— Willow, écoute-moi bien. J’ai vérifié, recroisé, confirmé. Et je ne peux pas me taire.Un frisson me traverse, glacé, comme si le bureau climatisé venait de perdre dix degrés.— Dis-moi.— Damon…Elle hésite, et ce silence me noue l’estomac.— Damon n’est pas qu’un arriviste. C’est... le fils illégitime de Richard Valdrake.Je ferme les yeux. Le monde tangue, les néons de la ville dansant derrière mes paupières. Non. Non, c’est pas possible.Elle continue, implac
WILLOW La salle de réunion est pleine à craquer. Une chaleur étouffante sature l’air, mélange de costumes impeccables et de regards qui pèsent des tonnes. Maxime s’est réinstallé à la tête de la table, comme avant. Comme si ces mois d’absence, de chaos, de promesses brisées n’avaient jamais existé. Comme si rien ne s’était passé.Sauf que tout a changé.Il est tiré à quatre épingles, costume sombre taillé sur mesure, cravate nouée avec une précision chirurgicale. Son visage est un masque de contrôle, ses yeux durs, presque inhumains. Sa voix, quand il parle, est sèche, tranchante comme un éclat de verre. Il n’a plus rien de l’homme que j’ai connu, celui qui laissait parfois tomber ses défenses, celui qui riait doucement contre mon épaule dans l’intimité de nos nuits. Cet homme-là est mort. Ou peut-être n’a-t-il jamais existé.Et moi, je suis à deux sièges de lui. Invisible. Reléguée à une place qui n’est ni au centre ni à la marge, juste assez loin pour que ma présence soit une forma
J’ai entendu la poignée bouger. Juste un peu. Un grincement à peine audible, mais assez pour que mon cœur s’arrête une fraction de seconde. Pas assez pour qu’elle entre, mais assez pour que je sache que c’était elle. Elle, avec ses silences lourds, ses secrets qui pèsent plus que nos années ensemble. Je n’ai pas bougé. J’ai continué à mâcher lentement, la mâchoire crispée, comme si ce bout de pain sec avait un goût, comme si son absence ne me rongeait pas de l’intérieur. Comme si je pouvais encore faire semblant que tout allait bien.Elle a refermé la porte. Doucement. Presque comme une excuse qu’elle n’osera jamais prononcer. Le clic du loquet a résonné dans la cuisine, un écho de tout ce qu’on ne se dit plus. Je pose ma fourchette. Elle tinte contre l’assiette, un son trop fort dans ce silence oppressant. J’ai plus faim. En vérité, j’avais pas faim avant non plus. J’ai juste eu besoin de… faire quelque chose. Bouger. Exister. Respirer loin d’elle, loin de cette vérité qui me lacère
La porte claque derrière lui, un écho brutal qui résonne dans mes os comme une condamnation. Je reste figée, les larmes roulant sur mes joues, le souffle court, tandis que ses derniers mots tournent en boucle dans ma tête :« Ce soir, tu prends tes clics et tes clacs et tu vas dans la chambre d’amis au rez-de-chaussée. Je ne partage plus mon lit avec une personne qui ne me fait pas confiance ! »Sa voix, dure comme l’acier, me transperce encore. Mon cri de refus – « Maxime ! » – s’est brisé dans ma gorge, suspendu, inutile, pathétique. Je m’effondre sur le lit, les jambes incapables de me porter plus longtemps.Les photos sont toujours éparpillées au sol, des fragments de ma trahison étalés comme des preuves irréfutables. Je les ramasse d’une main tremblante, les serre contre moi comme si elles pouvaient absorber ma douleur. Mais elles ne font que raviver le souvenir de son regard. Ce mélange de fureur et de déception qui m’a littéralement dévastée.Il est parti, me laissant seule dan