DAMONUn gémissement brise mes pensées, un son faible, aigu, qui me tire de ma transe. Cassidy, dehors, chancelle sur le bitume, une grimace tordant son visage pâle, ses mains pressées sur son ventre. Je fronce les sourcils, agacé, la colère bouillonnant sous ma peau.Qu’est-ce qu’elle fout encore ?Elle peut pas craquer, pas maintenant, pas alors que je savoure ce moment, que le Groupe Leclair est à un pas de tomber dans nos mains, que Richard va enfin me voir, me reconnaître comme son fils, l’héritier légitime.Je bondis de la voiture, claque la portière avec une force qui fait vibrer le châssis, et m’approche d’elle, la rage mêlée d’un sentiment que je refuse d’identifier , de l’inquiétude, peut-être, mais je l’étouffe vite.Elle murmure, sa voix brisée, à peine un souffle :— Damon… j’ai mal…Je l’attrape par le bras, mes doigts s’enfonçant dans sa chair, pas pour la réconforter, non, mais pour la forcer à tenir debout, à rester dans le jeu.Pas question qu’elle s’effondre, qu’ell
DamonJe scrute l’horizon, là où une colonne de fumée noire s’élève, paresseuse, presque vivante, comme un doigt accusateur tendu vers un ciel d’encre. Cette vision est mon œuvre et elle me remplit d’un frisson acide, brûlant, un mélange de triomphe et de rage contenue.On est garés sur ce parking désert ou la vue est hyper dégagé , tous les deux calés dans ma vieille Mercedes, un coupé fatigué qui empeste le cuir usé, l’essence et les souvenirs d’une vie que je n’ai jamais eue. Le silence entre nous est pesant, chargé, comme l’air avant un orage.Ils sont morts. Willow et Maxime, ce fumier, mon demi-frère, l’héritier doré de Richard Valdrake, le père qui m’a toujours traité comme un rebut.Leur voiture a plongé dans le ravin, les freins savamment sabotés par Tarek, un pro discret, efficace, payé en billets froissés pour garder la bouche cousue.L’explosion a tout scellé, un feu d’artifice de justice tordue, et je jubile en silence, un rictus tordant mes lèvres.Je pourrais presque ap
MaximeLe moteur hurlait, un rugissement désespéré qui vibrait dans mes os, et l’odeur âcre de gomme brûlée emplissait l’habitacle. La voiture tanguait, incontrôlable, sur une route bordée de pins sombres, et derrière nous, des phares clignotaient, trop proches, une menace qui nous talonnait. Mes jointures blanchissaient sur le volant, mes yeux scrutaient le virage devant, un mur de ténèbres où la route disparaissait dans un ravin.Willow était à côté, réveillée en sursaut, ses doigts crispés sur l’accoudoir, son souffle court, paniqué. Les freins ne répondaient plus – sabotés, j’en étais sûr. Damon, Tarek, ou un pion de mon père – quelqu’un voulait qu’on finisse en miettes. La rage bouillonnait, mais je la ravalais. Pas maintenant. Pas avec elle à sauver.— Les freins sont morts, dis-je, ma voix rauque, presque avalée par le vent qui sifflait par la vitre entrouverte.Elle me regardait, les yeux écarquillés, la peur gravée sur son visage, et je sentais mon cœur cogner, pas seulement
WILLOWLes valises étaient bouclées, soigneusement empilées sous le porche comme une promesse d’évasion. Bien que nous ne partions qu’une semaine, le nombre impressionnant de bagages donnait l’impression que nous nous apprêtions à un véritable déménagement. Maxime avait tout orchestré avec sa précision habituelle, rendant chaque détail fluide et naturel. Une lune de miel hors du temps, loin des tensions et des fantômes du passé. Juste lui et moi, et un avenir flou, mais étrangement lumineux.Une semaine s’était écoulée depuis que nous avions signé devant le maire, depuis que j’avais pris son nom, Valdrak, un poids à la fois étrange et enivrant. Je déambulais dans sa demeure – notre demeure – avec ce sentiment de m’y fondre, peu à peu. Les hauts plafonds, les parquets cirés, les tableaux austères qui m’avaient d’abord intimidée s’adoucissaient, s’ouvraient à moi comme une maison qui apprend à vous connaître. Je commençais à y respirer librement, à m’y sentir chez moi.Maxime avait vid
DamonJe roulais sans voir la route, les yeux floutés par une rage qui me bouffait de l’intérieur. La ville n’était qu’un amas de lumières sales, de néons clignotants, de souvenirs que je voulais écraser à coups de poing.Les rires de Willow résonnaient encore dans ma tête, son sourire éclatant, sa robe blanche qui hurlait sa victoire, et Maxime Valdrak, ce fumier, qui la regardait comme si elle était tout, comme si moi, Damon, n’étais rien.Mes mains serraient le volant, mes jointures blanchissaient, et je sentais mon cœur cogner, un tambour de guerre qui ne s’arrêtait jamais. Cassidy était là, dans un coin de ma tête, ses larmes, sa voix brisée, notre dispute qui pesait comme un boulet.Elle m’avait reproché ce mensonge, cette grossesse que j’avais balancée à ses parents pour qu’on ait l’air solides, pour que son père, me prenne enfin au sérieux.Et cet enfant, réel ou pas, qu’elle avait évoqué comme un défi, comme si j’avais trahi une promesse. Je l’aimais, à ma manière, tordue, po
DAMONLa télé illuminait le salon minable comme une claque en plein visage, crachait des images si lisses qu’elles me donnaient envie de tout fracasser.Willow, en robe blanche, rayonnait comme une déesse intouchable, un sourire éclatant gravé sur son visage. À son bras, Maxime mon demi-frère, l’héritier parfait, celui que mon père, Richard Valdrak, avait toujours placé au-dessus de moi. Leur mariage était une insulte, un spectacle orchestré pour me piétiner, me, le bâtard, celui qu’on avait rayé de l’histoire.Je m’affalais sur le canapé , une bière tiède pesait dans ma main, la jalousie me dévorait, une bête qui plantait ses crocs dans mes tripes. Chaque sourire que Willow lançait à Maxime me vrillait la poitrine, pas seulement à cause de lui, mais à cause d’elle.Willow.Celle qui aurait dû être mienne.Celle qui, quelque part, m’appartenait encore dans un coin tordu de ma tête.Cassidy vibrait à côté, ses ongles griffaient l’accoudoir, ses yeux noirs fixaient l’écran avec une ra