LOGINLeila endure depuis quatre ans un mariage blanc, son époux étant impuissant. Ce lourd secret, gardé entre eux, la place sous une pression sociale écrasante. La famille de son mari, ignorant la vérité, la rend entièrement responsable de l'absence d'enfant. Elle subit seule les injures et le mépris, traitée de stérile, tandis que son mari, paralysé par la honte, ne la défend pas. Son calvaire est double : une intimité conjugale inexistante et une vie sociale faite d'ostracisme. Un événement vient bouleverser cette souffrance silencieuse : son beau-frère s'installe chez eux pour un temps. Une proximité se crée, la tentation devient forte et, dans un moment de faiblesse et de désir refoulé, elle succombe à une relation avec lui. Rongée par la culpabilité mais aussi soulagée de connaître enfin une forme de connexion charnelle, elle vit cette liaison dans le secret et la tourmente. Le véritable choc survient plus tard, lorsqu'elle découvre que cette rencontre n'était pas le fruit du hasard. Son mari, désespéré de la voir souffrir et obsédé par l'idée de lui donner un enfant , fût-il d'un autre , avait lui-même manigancé cette situation, encourageant discrètement son frère à s'approcher d'elle. La trahison est alors totale et complexe : trahie par son corps, par son beau-frère, et surtout par son mari dont la lâcheté a pris la forme d'un calcul manipulateur au nom d'une fausse générosité. Son dilemme initial se transforme en un chaos émotionnel bien plus profond. Dans cette spirale de souffrance et de manipulations, où peut-elle bien trouver son propre salut : dans le pardon, dans la révolte, ou dans la fuite ?
View MoreLeïla
Quatre ans. Quatre années, quarante-huit lunes, une infinité de nuits identiques. Mon anniversaire de mariage, aujourd’hui. Je ne célèbre rien. J’attends. J’attends toujours la même chose, qui ne vient jamais.
Je suis assise sur le bord du lit, le même lit large et froid comme une place publique déserte. De l’autre côté de l’immensité des draps, Youssef dort. Son dos est un mur tourné vers moi, une frontière silencieuse. Je regarde mes mains posées sur mes genoux, des mains inutiles. Elles ne touchent pas, ne caressent pas, ne retiennent personne. Elles sont stériles, elles aussi. C’est ce qu’on dit.
Le jour se lève à peine, filtrant à travers les persiennes comme une lumière grise, honteuse. Dans quelques heures, la belle-famille arrivera pour le traditionnel déjeuner du vendredi. Ma gorge se serre d’avance. Je sais déjà les regards, lourds comme des pierres, qui glisseront de mon visage à mon ventre plat, toujours plat. Je connais déjà le goût des mots non dits qui flottent dans la vapeur du thé à la menthe.
Je me lève, le carrelage est glacé sous mes pieds nus. Je passe devant la salle de bains. La porte est fermée. Youssef y est enfermé tous les matins pendant longtemps. Pour quoi faire ? Se regarder ? Haïr son reflet ? Je ne sais plus. Nous sommes deux fantômes qui cohabitent dans ce trop grand appartement, évitant soigneusement de nous traverser.
La cuisine sent le pain grillé et l’huile d’olive. Je prépare le petit-déjeuner mécaniquement. Youssef entre. Un grognement en guise de bonjour. Il s’assoit, tourne les pages du journal. Le bruit du papier froissé est la seule conversation.
— Ta mère a téléphoné hier soir.
—…
—Elle a dit qu’elle apporterait des briouates.
—Hmm.
Il ne lève pas les yeux. Sa mâchoire est crispée. Parler de sa mère, c’est parler de l’absence d’enfants. C’est déclencher l’alarme silencieuse. Je verse le café, la main légèrement tremblante. Le liquide noir miroite dans la tasse, sombre comme un secret.
— Elle a demandé si… si nous avions consulté un autre médecin. Pour moi, bien sûr.
Cette fois, il lève la tête. Ses yeux, noirs et cernés, se posent sur moi. Ce n’est pas de la colère. C’est pire. C’est de la pitié mêlée de honte. Une honte si profonde qu’elle l’a pétrifié, et qu’il me laisse, moi, me noyer à sa place.
— Pourquoi tu ne leur dis pas, Youssef ? Juste une fois. À ta mère. Pour qu’elle arrête.
Ma voix est un murmure, une supplique usée par la répétition.
— Et dire quoi ? chuchote-t-il, les yeux de nouveau rivés sur son journal. Tu veux que je le crie sur les toits ? Que tout le monde sache ? Ce n’est pas notre culture, Leïla. Ici, c’est toujours la femme. Toujours.
Toujours la femme. La sentence tombe, définitive. Je porte sa honte. Je suis le bouclier de son impuissance. Je suis le visage de la stérilité qu’on pointe du doigt.
Il avale son café d’un trait, se lève. Sa chaise racle le sol. Il pose une main, lourde et brève, sur mon épaule. C’est le contact le plus intime de notre semaine. Un geste qui pourrait passer pour de la tendresse, mais que je sais être un remerciement tacite pour mon silence. Un paiement en monnaie de singe pour ma souffrance.
Puis il part. La porte d’entrée claque. Le son résonne dans l’appartement vide.
LeïlaLa nuit est un mur de pierre contre lequel je me cogne, encore et encore. Les larmes séchées sur ma peau me picotent, une carapace salée. À côté de moi, Youssef respire, un rythme régulier et profond qui ressemble à de l’indifférence, même dans le sommeil. Mon esprit est une roue en feu, tournant sans cesse autour des mêmes images : le visage effondré de Youssef lors de la lune de miel, les sourires en coin de sa mère, le poids des regards dans le salon familial, et… les bras de Karim sur la terrasse.Cette étreinte. Ce n’était rien, et c’était tout. Un geste humain dans une maison devenue inhumaine. Mais dans ma peau affamée, dans mon cœur vidé, ce geste a pris la dimension d’un séisme. La chaleur de ses mains à travers le tissu de mon peignoir, le battement calme de son cœur contre mon oreille, l’odeur de sommeil et de propreté. Des détails infimes qui se sont gravés en moi avec la force d’une révélation.Je me retourne brutalement, tirant les draps. La colère revient, mordant
Leïla Il a bondi, instinctif, et ses bras se sont refermés autour de moi avant que je ne m’écroule sur le sol froid.Ce ne fut pas un geste calculé, pas une séduction. Ce fut un sauvetage. Un réflexe humain devant une détresse évidente. Et moi, dans ce naufrage, je me suis accrochée à lui comme à la seule bouée en vue. J’ai enfoui mon visage dans son t-shirt, respirant son odeur d’homme endormi, de coton propre et de sécurité simple. Les sanglots sont revenus, violents, incontrôlables, secouant tout mon corps. Je pleurais toutes les larmes que je n’avais jamais osé verser devant quiconque.— Chut… a-t-il murmuré contre mes cheveux, ses mains traçant de lents cercles apaisants sur mon dos. Chut, Leïla. Laisse couler. Tu es en sécurité ici.En sécurité. Ces mots. Dans les bras du frère de mon mari. L’ironie était si amère qu’elle aurait dû me faire rire. Mais je n’avais plus la force de l’ironie. J’avais seulement la force de pleurer. Et de sentir, pour la première fois depuis une éter
Leïla La nuit était épaisse, un linceul étouffant posé sur la maison endormie. Le silence entre Youssef et moi n’était plus seulement un vide, c’était une entité palpable, lourde des aveux non-dits et des récriminations gelées. Les murs eux-mêmes semblaient avoir absorbé notre poison et le renvoyaient en ondes silencieuses.Je ne pouvais pas rester allongée à côté de lui. Sa respiration régulière, signe d’un sommeil que je ne connaissais plus, était une insulte. Je me suis glissée hors du lit, pieds nus sur le sol froid, et j’ai traversé l’appartement obscur comme une ombre. La chambre d’amis, avec son lit toujours fait, ressemblait à une cellule. Je ne la supportais pas non plus.Je me suis dirigée vers la petite terrasse, cet espace de béton suspendu dans le noir, ouvert sur le ciel et les lumières lointaines de la ville. Là, au moins, l’air n’était pas vicié par notre mensonge.La porte-fenêtre a coulissé sans un bruit. L’air nocturne, frais et léger, a caressé mon visage brûlant.
LeïlaIl s’était tourné vers moi alors. Dans la pénombre, je voyais la lueur humide de ses yeux.— Il y a des traitements. Des médecins. On essayera. Sinon… il y a d’autres moyens. La science avance.C’était flou, vague, désespéré. C’était son plan : l’espoir et le secret. Me prendre dans son naufrage et m’ordonner de ramer en souriant.Je m’étais levée, en proie à une crise de nerfs silencieuse. J’avais arpenté la chambre, serrant mon peignoir autour de moi comme une armure.— Je veux rentrer. Je ne peux pas rester ici.— Leïla, s’il te plaît… Ne fais pas de scandale. Pense à nos familles. À la honte.LA HONTE. Déjà, ce mot. Son leitmotiv. Sa prison. Et il voulait m’y enfermer avec lui.— C’est toi qui devrais avoir honte ! De m’avoir piégée !La suite de la lune de miel avait été un cauchemar éveillé. Deux spectres se croisant dans un décor de carte postale. Je pleurais en cachette. Lui se renfermait, buvait, évitait mon regard. Le mensonge était scellé. Et avec lui, ma condamnation






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