WILLOWL’infirmière revient avec l’ordonnance.Je me prépare à sortir, le corps lourd, la tête encore floue.Mais le box où se trouvait maman est vide.— Où est ma mère ?Je lâche doucement la main de Maxime, l’inquiétude brûlante dans la voix.L’infirmière me sourit avec douceur.— On a dû lui faire une piqûre pour la calmer. Elle est dans une chambre pour se reposer. Votre père est arrivé entre temps... Sa chambre est au bout du couloir, la numéro 14.On hoche la tête, et on s’engage dans le couloir. Un détail m’interpelle, je regarde les numéros de porte.— Il n’y a pas de 13 ?Je fronce les sourcils.Maxime sourit, un éclat d’humour dans ce moment lourd.— Non, il n’y a jamais de 13 dans les hôpitaux. Personne ne voudrait y aller.Je secoue la tête, un petit sourire triste aux lèvres.On arrive devant la chambre 14. Je frappe doucement, puis pousse la porte.Maman dort, paisible malgré tout, étendue sur le lit. Papa est assis à côté d’elle, la main posée sur la sienne, le visage m
WILLOWL’ambulance dévale la route en secousses, la nuit est noire, les gyrophares balayant l’obscurité comme des lames de feu. J’essaie de tenir bon, mais ma tête me lance à chaque virage, un marteau qui frappe sans répit. Ma main serre celle de maman, elle est froide et tremblante, son souffle est court, son visage blême. Elle ne parle plus, les yeux vides, comme figée dans un état que je ne comprends pas vraiment. L’état de choc, sûrement.La porte de l’hôpital s’ouvre devant nous, un éclair blanc et froid. Je sens mes jambes flancher, mais je me raccroche à maman. Elle vacille, elle aussi. Je suis blessée à la tête, j’ai du mal à garder les yeux ouverts, le goût du sang dans la bouche. Mais je dois avancer. Je dois rester debout.On est rapidement pris en charge par une équipe médicale qui bouge vite, trop vite. Je suis posée sur un brancard, la tête soutenue.J’entends des voix, des questions, des ordres, mais tout est flou, comme au ralenti.Je ne sais pas ci c'est les suite de
MAXIME— Willow, monte dans cette putain d’ambulance.Je crois que je hurle, mais ça sonne creux. Ma voix se perd dans le vacarme autour, dans les sirènes, dans la peur qui suinte de chaque regard.Ma main serre la sienne si fort que je sens mes propres phalanges trembler, presque à m’en faire mal. Elle vacille à peine, mais je sais qu’elle tient sur un fil, un mince fil qui menace de rompre à chaque instant. Le front en sueur, la robe déchirée et maculée de sang. Du sang. Son sang.— Je vais bien, insiste-t-elle, encore et encore, comme si répéter ces mots pouvait les rendre vrais.Mais son teint est trop pâle, presque translucide. Ses jambes flanchent comme une plante desséchée. Ce rouge vif qui coule lentement sur ses cuisses me rend fou, me fait perdre pied.— Tu te vides, bordel. T’as pas vu ta tête ? Tu saignes depuis cinq putains de minutes, Willow, t’as peut-être une hémorragie !Elle me regarde avec ces yeux fous, têtus, brisés, perdus dans un monde où la douleur n’a pas de r
DAMONMes oreilles sifflent. Un goût de sang, métallique, âcre, envahit ma bouche, me submerge, me noie. Mes côtes sont en feu, chaque inspiration un coup de poignard rouillé qui me lacère les poumons. Le volant, enfoncé dans mon torse, m’écrase, m’empêche de respirer. Mon bras gauche pend, mou, inutile, comme un poids mort accroché à mon épaule. Mes jambes… je ne les sens plus. Rien. Juste un vide glacial là où elles devraient être.Le moteur gémit, un râle d’agonie mécanique, un écho de ma propre douleur. L’odeur d’essence sature l’air, âpre, suffocante. Elle s’infiltre dans ma gorge, colle à ma langue, brûle mes narines. Je tousse, et le goût du sang s’intensifie, chaud, poisseux. Chaque mouvement, chaque souffle, est une torture. Je suis coincé, prisonnier d’une carcasse de métal tordu, un cercueil roulant qui m’enserre comme un étau.Et devant moi… Cassidy.Étendue sur le capot, brisée, désarticulée. Une poupée cassée abandonnée sur un tas de ferraille. Sa robe de fiancée, blanch
Fuir. C’est tout ce qui reste. Plus rien d’autre. Ma tête est vide, un brouillard épais où la raison n’a plus sa place. Je ne pense plus. Je ne réfléchis plus. Je fonce, comme un animal traqué, les tripes nouées par une rage qui brûle encore, un feu qui me dévore de l’intérieur. La clé tourne dans le contact, le moteur rugit, et sans savoir pourquoi, j’attrape le bras de Cassidy, la tirant vers la voiture.— Monte ! je grogne, la voix rauque, presque inhumaine.Elle obéit, tremblante, ses yeux écarquillés par la peur. L’automatisme, peut-être. Ou la lâcheté. Je ne sais pas. Mes mains tremblent sur le volant, mes phalanges blanchies par la pression. La pluie martèle le pare-brise, un rideau d’eau brouillant la route. Le goudron file sous les roues, un tapis noir déroulé devant le diable lui-même. Les gyrophares clignotent au loin dans le rétroviseur. Rouge. Bleu. Rouge. Bleu. Les flics. Ils nous collent au train, leurs sirènes hurlant comme des chiens affamés.Cassidy est à côté de moi
DAMONLe monde s'écroule. Alors je frappe.Je sens que tout m’échappe. Les regards. Les murmures. Les flashs. L’humiliation.Maxime vient de m’arracher la verrine. Il me grille devant tout le monde. Ce mec que j’aurais dû écraser depuis le début est là, debout, avec mes secrets dans la main. Et tout le monde le regarde, lui. Pas moi.J’ai envie de hurler.Cassidy s’effondre à genoux. Elle m’a trahi. Ou elle panique. Je ne sais pas. Je ne sais plus.Je fais un pas en arrière, prêt à me tirer. Faire ce que je sais faire : fuir, vite, et cogner si besoin.Mais une main m’attrape violemment le bras.— Pas si vite, enculé.C’est Bastien. L’ancien flic. Le chien errant de Maxime. Il m’empoigne comme s’il venait de me retrouver après dix ans de chasse.Son regard est noir. Implacable. Il veut m’arrêter. Ici. Devant tout le monde.Il croit que c’est fini ? Que j’ai perdu ?Mon poing part. Un direct dans sa gueule. Il recule, surpris par la violence. Il tente de se reprendre, me bloque l’ép