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Auteur: RS WILD
last update Dernière mise à jour: 2025-05-15 16:29:07

WILLOW

J’étais bien décidée à demander à mon père un poste dans l'entreprise familiale,  si Cassidy y travaillait, pourquoi pas moi ?

Je suis allée trouver papa un soir, après son travail. Il était dans le grand salon, assis dans son fauteuil, en train de lire le journal comme à son habitude. Dès qu’il m’a vue, il a posé son journal et m’a souri.

— Toi, tu as quelque chose à me demander.

Je lui ai souri et je me suis assise en face de lui.

— Papa, j’aimerais travailler pour toi. Comme Cassidy. Je pense en être capable, et…

— Mais bien sûr que tu en es capable !

Il s’est redressé et a posé ses avant-bras sur ses genoux, le regard brillant.

— Tu me fais le plus beau des cadeaux en me demandant ça. J’avoue que, dans le rôle de la femme au foyer, je ne t’y voyais pas du tout.

J’ai vu de la fierté dans ses yeux, et mon cœur s’est emballé.

Dans l’autre vie, est-ce que je l’avais déçu ?

Cette pensée me serra le cœur douloureusement.

Il reprit son journal.

— Je regarde demain avec le chef du personnel et je reviens vers toi dans quelques jours, cela te va ma chérie ?

— Oui, merci papa.

Je me suis levée.

— Tu devrais aller rejoindre ta mère au jardin. Elle plante un nouveau rosier, mais elle n’a pas l’air bien… Et tu la connais, elle refuse toujours de se confier à moi.

J’ai vu son regard un peu triste, alors je lui ai souri.

— Ne t’en fais pas, papa. Je vais aller la voir.

Quand je suis arrivée dans le jardin, maman était à genoux, en train de planter un rosier rouge éclatant. Elle a levé les yeux vers moi… et j’ai tout de suite vu qu’elle avait pleuré.

— Ça va aller, ai-je murmuré.

Elle s’est levée, m’a prise dans ses bras et j’ai senti son corps trembler légèrement.

— J’ai peur… Et si on ne pouvait pas me sauver ? Et si c’était trop tard ?

— Non, maman. Le docteur a dit que si tu suis bien le protocole, tu as 90 % de chances de guérir.

— Et les 10 %, alors ?

Je me suis légèrement écartée d’elle, et j’ai froncé les sourcils.

— Tu ne m’as pas toujours dit qu’il fallait rester positive, quoi qu’il arrive ?

Elle a baissé les yeux et essuyé une larme du bout des doigts. Puis, sans un mot, elle m’a prise par la main et m’a entraînée jusqu’au rosier de ma naissance.

— Regarde ce rosier. Tu as raison, il faut croire en la vie. On m’avait dit que je ne pourrais jamais avoir d’enfant. Je pensais que je n’aurais que Cassidy… Attends, ma chérie. J’aime Cassy comme si elle était ma propre fille, tu le sais. Mais toi… tu es la preuve que les miracles existent. Ce rosier, je l’ai planté le jour où j’ai appris que j’étais enceinte de toi. La grossesse a été difficile… mais regarde la belle jeune fille que tu es devenue.

— Et toi, maman, tu vaincras ce cancer. Je serai là, chaque jour, pour te soutenir. Mais…

Elle a remarqué mon hésitation et m’a regardée avec douceur.

— Mais quoi ?

— Ne mets pas papa de côté. Il s’inquiète autant que nous… Et le fait que tu ne lui parles pas, ça le rend triste.

— Je sais… C’est juste que parfois, c’est plus difficile de parler à ceux qu’on aime le plus. Mais je te le promets : je vais faire un effort.

On a passé le reste de l’après-midi à regarder ses rosiers. Même cette peste de Cassidy en avait un. Un sublime rosier blanc, rare et majestueux.

Quelques jours plus tard, papa m’a annoncé, tout sourire, qu’il m’avait trouvé un poste. Un vrai. Pas un petit stage bidon pour me faire plaisir.

— Tu vas intégrer le service stratégie du groupe, m’a-t-il dit. Aux côtés de Cassidy. Tu es contente, ma chérie ?

Un poste qui en jette.

Mais l’idée de travailler avec Cassidy ne me réjouissait pas plus que ça. Pourtant, j’ai souri, je l’ai embrassé pour le remercier. Il était si content que ses yeux brillaient de mille feux.

Moi, dans le bureau de l’homme qui, dans une autre vie, m’avait brisée.

La fille Leclair, bien vivante, bien droite, face à celui qui croyait avoir déjà gagné la partie.

Et là, j’ai compris : mon père ne me donnait pas juste une place. Il me confiait une arme.

J’ai laissé mon père à ses occupations et je suis montée dans ma chambre. J’allais faire du rangement dans mon armoire, choisir les tenue pour mon nouveau poste.

J’ai attrapé quelques robes, celles que j’avais achetées juste pour plaire à Damon. Je les ai toutes balancées en boule sur le lit et j’ai continué à trier. Rien que de voir les efforts que j’avais faits pour lui… ça me dégoûtait de moi-même.

Je me suis regardée dans le miroir. J’avais retrouvé ma jeunesse, oui. Mais surtout, j’avais retrouvé cette lucidité qui m’avait cruellement manqué à l’époque.

Mon regard est revenu sur les robes, toutes plus chics les unes que les autres. Et là, un souvenir m’a traversée : ce jour où j’avais fait du shopping avec Lucie, mon amie d’enfance. Celle avec qui je m’étais fâchée, encore à cause de Damon.

Comment j’ai pu le croire, ce jour-là ?

Comment j’ai pu gober ses mensonges, quand il m’a juré qu’elle avait essayé de le séduire ?

Il m’avait montré des messages — faux, évidemment — et moi, j’avais coupé les ponts sans même lui laisser une chance de s’expliquer.

Aujourd’hui, je sais que c’est moi qui l’ai trahie.

Mais j’ai la chance de pouvoir faire comme si de rien n’était.

J’ai pris mon téléphone portable et je l’ai appelée. Une fois. Puis deux.

J’avais retrouvé mes parents. Et, dans le même coup, ma meilleure amie.

J’ai composé son numéro. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant qu’elle décroche.

— Willow ?

— Oui, c’est bien moi ! Je suis revenue, et je me demandais si ça te dirait une petite séance de shopping avec moi. Papa m’a trouvé un poste dans son entreprise, et je voudrais pas ressembler à un sac.

Elle a ri.

— Oh génial, Willow ! Ça me ferait plaisir. Mais dis-moi… ton copain ? Depuis que t’étais en couple, t’étais toujours collée à lui. J’ai cru que tu m’avais oubliée !

Je me suis sentie rougir.

— Oui… j’avoue que je t’ai un peu délaissée. Et je t’en demande pardon. Aucun homme ne devrait passer avant toi. Tu es ma meilleure amie.

Il y a eu un silence. J’étais sincère. Je connaissais Lucie depuis la primaire. C’était presque ma jumelle, tant on s’entendait bien.

— Ça me fait plaisir que tu reviennes à la raison… tu m’as manqué, Willow.

Je sentis mon regard s’embuer. Je me suis reprise.

— On se retrouve cet après-midi, si tu peux ? Au café habituel ?

— D’accord. Quatorze heures, ça te va ?

— C’est parfait !

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