Point de vue : Lya Jade était en train de rire bruyamment, assise en face d’elle, les joues légèrement rouges à cause du deuxième verre de mojito qu’elles venaient de partager. Lya faisait de son mieux pour sourire, hocher la tête, répondre aux blagues, mais son esprit vagabondait ailleurs… encore et toujours vers lui. Elle avait choisi ce restaurant pour oublier un peu. Jade en avait parlé la veille, en disant que la terrasse était magnifique et qu’ils faisaient les meilleures lasagnes de la ville. Lya n’avait pas vérifié, elle s’était juste accrochée à l’idée d’un moment léger. Rien de plus. Mais en entrant, un détail l’avait frappée : le piano dans le coin du salon. Identique à celui qu’Ewan avait dans son salon. Et le serveur… il l’avait regardée comme s’il la connaissait. Elle avait senti une alarme mentale s’allumer, mais elle l’avait ignorée. Jade se pencha vers elle. — T’as pas touché à ton verre. Tu comptes le faire vieillir pour une dégustation dans vingt ans ? Lya es
Point de vue : Jade Elle n’aurait pas dû passer par là. Le détour n’était pas prévu. Mais il y avait ce petit café, près de son agence, et elle y venait souvent pour fuir les open-spaces et les remarques sexistes du stagiaire en chemise trop serrée. Elle était en train de commander son café glacé quand elle entendit une voix familière. Polie. Douce. Dangereusement contrôlée. — Bonjour Jade, c’est bien ça ? Elle se retourna lentement. Mila. Parfaite, évidemment. Vêtue comme pour un shooting, lèvres rouges impeccables, un sourire finement calculé au coin des lèvres. — On se connaît ? répondit Jade, sur la défensive. — Indirectement. J’ai cru comprendre que vous étiez une amie proche de Lya. Et aussi d’Ewan. Jade hocha la tête, méfiante. — On peut dire ça. — Alors on est un peu dans le même cercle, n’est-ce pas ? Je suis Mila. Elle tendit une main que Jade serra du bout des doigts. — Je sais qui vous êtes. — Ah. Alors vous savez aussi ce que Lya représente pour Ewan ? Jad
Point de vue : Lya Le lendemain matin, le soleil caressait doucement sa peau. Elle ouvrit les yeux avec lenteur, enveloppée dans une chaleur familière. Pas seulement celle du lit… mais celle de lui. Ewan. Il dormait encore, torse nu, une main posée naturellement sur sa hanche, comme s’il craignait qu’elle s’échappe. Elle se redressa légèrement et le contempla, le cœur gonflé d’une émotion nouvelle. Ce n’était plus juste du désir. C’était autre chose. Une sensation pleine, douce, presque effrayante. Comme une évidence. — Tu comptes me regarder longtemps comme ça ? marmonna-t-il sans ouvrir les yeux. Elle sourit. — Jusqu’à ce que t’en aies marre. Il ouvrit un œil, amusé. — Impossible. T’es belle même quand tu fais rien. — Tu vas me rendre niaise. — Tu l’es déjà. Elle le frappa doucement avec l’oreiller, et ils se retrouvèrent à rire, à s’embrasser, à s’emmêler encore sous les draps. Leurs gestes étaient plus lents cette fois, presque tendres. Le feu s’était calmé, mais la br
Point de vue : Lya Le lendemain matin, elle s’était réveillée dans ses bras. Son souffle chaud sur sa nuque. Sa main sur sa hanche. Leur peau emmêlée sous les draps, empreinte encore du feu de la nuit. Mais ce n’était pas le plaisir qui la retenait là. C’était… la sécurité. Le silence plein de lui. L’absence de faux-semblants. Et pourtant, un poids restait logé dans sa poitrine. Mila. Même endormie, Lya n’avait pas pu empêcher son image de revenir. Ce sourire hautain. Ce regard qui évaluait. Qui jugeait. Qui rappelait qu’elle n’était qu’un épisode après une grande histoire. Elle se tourna lentement. Ewan ouvrit les yeux. Et sourit. — Je te regarde dormir depuis un moment, murmura-t-il. Tu fais des grimaces adorables. Elle haussa un sourcil. — Adorables ou inquiétantes ? — Un mélange des deux. J’ai même hésité à t’appeler un exorciste à un moment. Elle rit doucement. Ça lui faisait du bien. Il avait ce don de désamorcer ses tensions. — Tu penses trop, souffla-t-il en cares
Point de vue : Ewan Il le sentit dès qu’elle franchit le seuil de son appartement. Un parfum différent. Une énergie troublée. Lya ne parlait pas. Mais tout en elle criait. — Mauvaise journée ? demanda-t-il en refermant la porte derrière elle. Elle haussa les épaules, sans sourire. — Disons… fatigante. Il la connaissait assez maintenant pour savoir que fatigante voulait dire bouleversante. Il ne posa pas de questions. Pas encore. Il l’observa simplement enlever ses chaussures, puis son manteau, qu’elle accrocha méthodiquement comme pour se raccrocher à une routine. — Tu veux un thé ? proposa-t-il. — Du vin, répondit-elle en s’affalant sur le canapé. Ewan haussa un sourcil. Vin, à 18h ? Elle ne cherchait pas à se détendre. Elle voulait oublier. Il servit deux verres sans rien dire et la rejoignit. Elle porta son verre à ses lèvres sans le regarder. — Lya. Elle releva la tête. Son regard était fuyant, mais pas hostile. Juste… protégé. — Est-ce que j’ai fait quelque chose q
Point de vue : Lya Le hasard, parfois, semble avoir le goût du piège. Elle ne s’attendait pas à tomber sur elle. Encore moins dans ce lieu. Une galerie d’art où elle avait prévu de rejoindre une amie pour une expo éphémère. Elle aimait les visages peints. Les regards capturés dans le silence des toiles. Aujourd’hui, pourtant, c’est un autre regard qui la figea dès l’entrée. Une femme. Brune, sophistiquée. Talons fins, trench beige cintré à la taille, une main posée sur un sac de luxe qu’on ne porte pas par hasard. Elle observait une toile abstraite avec une intensité presque théâtrale. Mais ce qui glaça Lya, ce fut le sourire qu’elle lui adressa. Lent. Calculé. — Tu dois être Lya, je présume ? Elle s’approcha, le ton doux mais glacial. Lya eut un mouvement de recul mental, mais garda le visage impassible. — Oui… et vous êtes ? La femme lui tendit la main, gantée de cuir. — Mila. Une amie… ancienne, disons, d’Ewan. Ancienne. Le mot flottait dans l’air, suspicieux. Lya serra