Chapitre 2

Point de vue d'Anastasia

Je ressens encore la brûlure de la trahison au cœur tandis que je me gare sur le parking de chez mes parents. Je n'en peux plus – masquer ma douleur derrière un sourire pour préserver leur réputation – plus jamais.

« Je divorce ! » dis-je à mon père, les yeux brillants de défi malgré le tumulte d'émotions qui m'assaille.

Il relève lentement la tête, son regard perçant me transperçant, me glaçant le sang.

« Tu plaisantes, n'est-ce pas ? » demande-t-il, son expression se durcissant.

« Si, papa ! » dis-je en essuyant les larmes qui coulent sur mes joues. « Liam ne m'aime pas et ne me respecte pas. Je ne peux plus… »

Une gifle s'abat sur moi avant que je puisse finir ma phrase. La terreur m'écarquille les yeux tandis que je porte la main à ma joue, sentant la brûlure de la gifle. Je relève légèrement la tête et mon regard croise celui, glacial, de ma mère.

« Comment oses-tu ! » tonne-t-elle, les yeux brûlants de rage. « Si Liam ne t'aime pas et ne te respecte pas, c'est que tu n'as pas fait l'effort de gagner son amour et son respect. »

Ses mots me frappent comme une gifle. J'ai le cœur serré et des larmes brûlantes coulent sur mes joues. Quel genre de parents ai-je ?

« Personne n'a jamais divorcé dans cette famille et ça ne commencera pas avec toi. Soit tu fais en sorte que ton mariage fonctionne, soit tu continues à souffrir en silence. » chuchote-t-elle en criant, le venin dans ses yeux clair comme de l'eau de roche.

« Tu ne devrais même pas faire partie de cette famille si tu es incapable de gérer ta propre maison, Anastasia. Si tu n'es pas capable d'accomplir une tâche aussi simple que de te faire aimer et chérir par ton mari depuis trois ans, alors tu n'es qu'un échec. » marmonne mon père.

Un échec ? Les larmes brouillent ma vue, leurs mots me transpercent comme une lame.

Mes parents m'avaient toujours demandé d'endurer ce que je vivais dans ce maudit mariage. J'avais supporté l'infidélité de Liam pour eux, pour ne pas ternir leur réputation.

Mais je n'en peux plus. Je prends une profonde inspiration, les yeux brillants de détermination.

« Je mets fin à ce mariage », dis-je, le regard défiant. « Vous saviez tous les deux que Liam ne m'aimait pas avant de me marier avec lui. Il est toujours amoureux de son premier amour et il continue de me tromper avec elle. Il lui a même donné le poste de directrice technique qui était censé être le mien. » Ma voix est assurée, malgré la peur qui me saisit.

Mon père lève un sourcil et se lève. Je me tends tandis qu'il s'approche lentement. Instinctivement, je recule d'un pas, le cœur battant la chamade. La tension monte dans la pièce tandis que je me prépare à ce qui va suivre. 

Son regard froid et calculateur se fixe sur moi et ses sourcils se froncent. « Ce n'est pas comme ça qu'on t'a formée, Ana », dit-il d'un ton totalement froid.

« Je crois que tu n'étais pas assez parfaite pour Liam, sinon il n'aurait pas nommé son premier amour directrice technique de sa société. »

Ses mots me frappent de plein fouet, me laissant un instant sans voix. Savent-ils seulement à quel point j'ai travaillé dur pour bâtir l'entreprise de Liam ? Mes années de dévouement et mes nuits blanches à conclure des contrats ? Savent-ils tous les sacrifices que j'ai faits ?

Je reste là, à le fixer. Il est toujours le même : froid et insensible. Ils ne se sont jamais souciés de moi et il semble qu'ils ne le feront jamais. Inutile de leur prouver que mon mariage peut fonctionner.

Une larme coule sur ma joue, mais je l'essuie aussitôt. Je ne suis plus la fille faible qui obéit à tous leurs caprices. J'ai vécu pour eux toute ma vie, mais cette fois, je fais ce qui est le mieux pour moi.

« Vous ne savez pas à quel point j'ai essayé de sauver notre couple », dis-je d'une voix forte et tremblante. « Je ne vais plus essayer de vous prouver le contraire. Je mets fin à ce mariage. »

Je sens la fureur de mes parents, mais je n'en ai plus rien à faire. Sans attendre d'en entendre plus, je me retourne et pars.

À peine mes doigts ont-ils saisi la poignée de porte que les mots de mon père me figent sur place.

« Dès que tu divorceras, tu ne seras plus notre fille », dit-il froidement, ses mots résonnant dans la pièce.

Ses mots me transpercent le cœur, plus profondément que tous ceux qu'il a prononcés auparavant. Est-il prêt à me renier juste pour que je puisse rester mariée à Liam ? Se fiche-t-il complètement de mes sentiments ? Mes doigts tremblent sur la poignée et je prends une profonde inspiration.

 « Alors, qu’il en soit ainsi », murmurai-je, ma résolution se durcissant.

Sans un mot de plus, je sors de la pièce en claquant la porte. Et pour la première fois depuis des années, un étrange soulagement m'envahit.

*** 

« Qu'est-ce que c'est que ça, Anastasia ? » demande Liam d'une voix forte, les yeux rivés sur les papiers du divorce devant lui.

« Tu vois très bien, Liam », réponds-je d'un ton légèrement plus élevé.

J'avais préparé les papiers du divorce quelques mois seulement après notre mariage, mais mes parents m'en ont empêchée. Je savais que ce mariage était voué à l'échec et, même maintenant, je ne comprends toujours pas pourquoi ils m'ont mariée de force à Liam Thompson.

Le visage de Liam se crispe de rage et de dégoût. Il s'affale sur le canapé, jetant les papiers du divorce au loin comme s'ils ne servaient à rien. Un sourire sinistre étire ses lèvres, me faisant bouillir de rage.

« Sais-tu seulement pourquoi tes parents t'ont mariée à moi ? » demande-t-il, les bras croisés.

 Mes sourcils se froncent, perplexe, et un frisson me parcourt l'échine. Pourquoi mes parents m'ont-ils mariée à ce salaud ?

« Je suppose que tu l'ignores. Tu rembourses les dettes de tes parents, Anastasia. Tu seras ma femme et mon employée jusqu'à nouvel ordre, si tu veux les protéger. » Il murmure d'un ton ferme, ne laissant aucune place à la discussion.

Mes yeux s'écarquillent de stupeur et une angoisse sourde me noue l'estomac. Les larmes me montent aux yeux et mes mains tremblent.

Pendant toutes ces années, mes parents m'avaient mariée à ce salaud uniquement pour rembourser leurs dettes, et je n'en savais rien.