« Souhaitez-vous contacter votre mari ? » demanda le médecin en l'observant attentivement.
« Oui, il est en voyage, mais je n'arrive pas à le joindre, » répondit Valérie. « Vous pouvez utiliser le téléphone du bureau, peut-être que cela fonctionnera, » suggéra-t-elle. « Merci beaucoup. » Elle composa le numéro de son mari et, après quelques sonneries, une femme répondit. « Oui, qui est à l’appareil ? » Valérie crut avoir mal composé le numéro, mais après vérification, elle confirma qu'il s'agissait bien de celui de son mari. « Est-ce bien l’appareil de M. Thierry Zack ? » « Oui, qui êtes-vous ? » demanda Elena. « Je suis sa femme, Valérie Zack. » « Il est actuellement sous la douche, » répondit Elena sans réserve. « Pourriez-vous lui demander de me rappeler lorsqu'il aura terminé ? » raccrocha Valérie, visiblement déçue. « Avez-vous pu lui parler ? » s’enqût Elena. « Non, sa secrétaire m’a informée qu’il était en réunion, il me rappellera. Je dois y aller, docteur. Au revoir. » « Au revoir, Madame. N’hésitez pas à revenir si vous ressentez un symptôme inquiétant, » avertit le médecin. Après avoir quitté l'hôpital, Valérie appela un taxi. Bien qu'elle ait eu vent de l'infidélité de son mari, la nouvelle de sa grossesse lui offrait une motivation suffisante pour ne pas se laisser abattre. À partir de ce moment, elle devait vivre pour son enfant qui grandissait en elle. Malgré les circonstances, elle souhaitait que Thierry soit le premier à être informé de sa grossesse. Quelques jours plus tard, elle reprit le cours de sa vie quotidienne et s'engagea avec assiduité dans son travail. Un matin, alors qu'elle était encore endormie, Valérie ressentit la présence de quelqu'un dans la chambre. Elle ouvrit les yeux et découvrit Thierry assis sur une chaise. « À quel moment es-tu rentré ? » demanda-t-elle en se redressant. « Ce matin. J'aimerais que nous discutions de quelque chose, » répondit Thierry. « Ne pourrions-nous pas en parler plus tard ? » « Je n'ai pas beaucoup de temps, » rétorqua-t-il. Son attitude désinvolte incita Valérie à se lever pour l'écouter. Elle pressentait que quelque chose de grave était sur le point de se produire. « Je t'écoute », répondit Valérie. « Je suis conscient que nous sommes mariés depuis cinq ans et que tu n'as pas pu me donner d'enfants. Cependant, je ne peux pas envisager de passer le reste de ma vie ainsi, car je suis le fils unique de ma mère. » Valérie avait anticipé cette situation depuis longtemps. « Quel est ton objectif, exactement ? » demanda-t-elle. « Je sais que tu m'aimes profondément, et je suis certain que tu accepteras ce que je vais te proposer. » « Et si je ne suis pas d'accord ? » « Notre mariage aboutira à un divorce. » Valérie le fixait avec une expression neutre. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » « J'ai rencontré une femme formidable et elle attend un enfant de moi. Je souhaite qu'elle vienne vivre ici avec nous. » « Te moques-tu de moi ? Tu souhaites m'imposer deux nouvelles personnes à ma charge ? C'est vraiment risible, Thierry. M'as-tu aimé ne serait-ce qu'une seule fois, ou n'as-tu uniquement profité de ma situation financière ? » « Peu importe la raison, je n'étais pas épanoui sans enfants. Maintenant qu'elle attend un enfant de moi, je ne peux pas la laisser seule. » « Tu as la possibilité de louer un appartement pour elle. Elle est sous ta responsabilité, pas la mienne, et de plus, tu travailles maintenant et peux subvenir à leurs besoins sans mon aide. » « Comment peux-tu faire preuve d'ingratitude de cette manière ? J'ai été un bon mari pour toi durant toutes ces années, et aujourd'hui, pour une fois, tu refuses de m'aider à réaliser mon rêve de devenir père. Veux-tu vraiment mon bonheur ? Quel homme sensé pourrait envisager de vivre avec une femme stérile pendant toutes ces années ? Tous mes amis sont déjà devenus parents, à l'exception de moi, car j'espérais un miracle qui ne se produira jamais. » Il était furieux. Ses paroles étaient si vives que Valérie éclata en sanglots. « Tu ne peux pas me tenir responsable de cela, Thierry. Si tu ne me supportais plus, il aurait fallu demander le divorce depuis longtemps. Tu étais injoignable depuis plusieurs jours. Lorsque je t'ai appelé, c'est ta maîtresse qui m'a répondu. Tu n’as même pas pris le temps de me rappeler pour prendre de mes nouvelles, cela m’attriste, Thierry. Si tu n’as pas d’autre solution pour héberger cette femme, alors je ne suis pas en mesure de vivre avec elle non plus, » protesta Valérie. « Dans ce cas, envisageons le divorce. » « Est-ce vraiment ce que tu souhaites ? » « Bien sûr, cela ne fait que six mois que je l’ai rencontrée et elle est enceinte, alors que de ton côté, tu as fait cinq ans sans même une fausse couche. » « Je suis prêt à tout supporter, mais je ne tolérerai pas les insultes, Thierry. Si tu souhaites divorcer, faisons-le de manière civilisée. » « Comme tu le souhaites, retrouvons-nous à neuf heures au bureau de l'état civil. » « Suis-je à ce point insupportable que tu ne me laisses même pas une journée de réflexion ? » demanda Valérie. « Il n’y a rien à réfléchir. Tu as seulement deux heures pour me rejoindre là-bas. » Il se leva et partit. Valérie s’effondra sur le lit, en larmes pendant plusieurs minutes. Léonard était rentré au pays il y a quelques heures et remarqua que certaines affaires dans son tiroir n’étaient pas rangées comme il les avait laissées. Il se dirigea vers le salon à la recherche du portier. « Qui est venu ici en mon absence, Fabrice ? » demanda-t-il. « Votre fiancée est venue, elle m’a dit qu’elle souhaitait prendre quelque chose », répondit Fabrice, le portier. « As-tu remarqué ce qu’elle a emporté ? » interrogea Léonard. « Je n’y ai pas prêté attention, et je n’ai pas pu lui demander ce qu’elle cherchait. » « Très bien. » Il se dirigea vers sa chambre et prit une douche. Une fois sa toilette terminée, il appela Samuel. « Sois ici dans trente minutes. N’oublie pas que tu es mon témoin. » « Je suis en route, monsieur le futur marié, » répondit Samuel. « Je te rappelle que je suis ton patron. » « Aujourd'hui est censé être le jour le plus heureux. On ne se donne pas d'ordres, » plaisanta Samuel. « Je tiens à te rappeler que je ne suis pas satisfait de la situation. Mon mariage a lieu dans une heure et douze minutes, » déclara Léonard en consultant sa montre. « Je serai sur place dans vingt minutes, ne t'en fais pas, » répondit Samuel. Léonard termina la conversation et se mit à s'habiller.Léonard sortit du bureau en refermant soigneusement la porte derrière lui. Il descendit les escaliers sans dire un mot, grimpa dans sa voiture et démarra aussitôt, les mâchoires serrées et le regard fixe.Le trajet jusqu’à l’hôpital se fit dans un silence pesant. Devant l’entrée des urgences, Steve était toujours là, visiblement en alerte.— Où est mon père ? demanda Léonard en sortant du véhicule, sans préambule.— Il a été transféré en salle d’observation, monsieur, répondit Steve, la voix basse.Léonard hocha brièvement la tête, sans un mot de plus. Il entra aussitôt dans le bâtiment, ses pas lourds résonnant dans les couloirs d’hôpital. Samuel était là, assis dans la salle d’attente, le regard vide, les coudes appuyés sur les genoux. Lorsqu’il vit Léonard entrer, il se leva aussitôt.— Alors ? Où es-tu allé ? demanda-t-il.Léonard s’arrêta face à lui, puis brandit l’enveloppe comme une réponse silencieuse.— Protéger ce qui peut l’être encore. C’est le devoir d’un fils. J’ai mis
Léonard franchit les portes de l’hôpital presque en courant. Son cœur battait à tout rompre, non pas à cause de l’effort physique, mais à cause de cette douleur sourde qui lui déchirait la poitrine. Il fendit les couloirs comme un fou, sans prêter attention aux regards interloqués du personnel médical ou des visiteurs. Ses pas le menèrent droit vers le service des soins intensifs.Là-bas, Steve l’attendait déjà, droit comme un piquet, vêtu de noir, les traits tendus. Deux hommes en uniforme de sécurité se tenaient à ses côtés, leurs regards sombres trahissant l’inquiétude. Dès qu’il aperçut Léonard, Steve s’approcha aussitôt et baissa respectueusement la tête.— Où est mon père ? lança Léonard d’un ton sec, sans ralentir le pas.Samuel, qui l’avait suivi sans mot dire, s’arrêta à ses côtés, le souffle court.— Il est en salle d’opération depuis une vingtaine de minutes, monsieur, répondit Steve d’une voix basse, presque étouffée. L’équipe médicale est sur le coup. Je… je suis vraiment
Depuis son bureau, Samuel entendit des cris étouffés provenant du couloir, une cacophonie de désespoir qui fit vibrer son cœur d’une angoisse soudaine. Il se précipita aussitôt vers le bureau de Léonard, chaque pas résonnant comme un tambour dans le silence oppressant du bâtiment. En entrant, il trouva Léonard tremblant, le visage blême et marqué par l’angoisse, les mains crispées sur son téléphone comme si c’était un bouclier contre le monde qui s’effondrait autour de lui.— Léonard ! Qu’est-ce qui se passe ?! demanda-t-il, alarmé, sentant la tension dans l’air.Léonard leva les yeux, ses prunelles sombres et brillantes de larmes non versées, trahissant la tempête qui se déroulait en lui.— C’est mon père… je crois qu’il vient d’avoir un accident… sa voix était à la fois tremblante et désespérée, chaque mot pesant comme une pierre.— Quoi ?! Comment ça ? Comment tu le sais ? Samuel ne savait pas s’il devait s’approcher ou garder ses distances, l’inquiétude l’assaillant.— Il m’a appe
Dès qu’il eut quitté la maison, Orissia monta à l’étage, son esprit tourbillonnant, et entra dans leur chambre. Elle verrouilla la porte derrière elle, s'assurant que personne ne pouvait les entendre. Elle sortit son téléphone et composa le numéro de Thomas, ses mains tremblant légèrement.— Orissia ? Tu m’appelles tard. Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Thomas, sa voix teintée d’inquiétude.— Il s’est rendu compte que le dossier a disparu, dit-elle, la voix tremblante, trahissant la peur qui l’habitait.— Quoi ? Et tu lui as dit quelque chose ?— Non, j’ai nié. Mais il commence à douter, j’en suis sûre, répondit-elle, la panique montant dans sa poitrine.— Écoute, reste forte. On est tout près du but. Il ne faudra plus longtemps pour le faire tomber.— Je sais… Mais il m’a menti en disant qu’il avait retrouvé le document. Il essaie de me piéger, c’est certain.— C’est la preuve qu’on a raison de se méfier. Reste sur tes gardes. Sa chute est proche.— D’accord… murmura-t-elle, bien q
Après le petit-déjeuner, ils quittèrent la maison et montèrent dans la voiture de Mira, une L’échographie se passa sans encombre. Le médecin, un homme d’âge moyen au sourire rassurant et aux mains expertes, les rassura : le bébé allait parfaitement bien.— Il est en pleine forme, annonça-t-il avec un sourire chaleureux. Regardez, il bouge beaucoup !Soulagée, Valérie esquissa un sourire sincère, elle était heureuse de voir son enfant grandir chaque jour.À la sortie, Léonard les accompagna jusqu’à la voiture. Avant qu’elle ne monte, il se pencha légèrement et posa doucement un baiser sur son front, un geste tendre et protecteur.— Prends soin de toi, murmura-t-il, sa voix empreinte de sincérité.Valérie lui lança un regard ému, un mélange de gratitude et d'admiration, avant d’entrer dans la voiture.— Merci, Léonard, dit-elle. Ça compte beaucoup pour moi.Mira s’installa au volant et démarra, la voiture s’élançant sur la route. Léonard, quant à lui, traversa la rue, hélant un taxi qu
Chez Martin, Boris se réveilla lentement. Sa tête lui tournait légèrement, et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il n’était pas chez lui. Le plafond, les rideaux, l’odeur… tout lui semblait étranger. Un frisson d’angoisse le traversa alors qu’il sursauta, tentant de se lever, mais une voix calme l’arrêta.— Jeune maître, ne bougez pas, s’il vous plaît. Restez allongé.C’était M. Mendez, son visage impassible mais empreint de prévenance. Boris cligna des yeux, un peu confus. Pourquoi est-ce qu’il m’appelle "jeune maître" ? pensa-t-il. Cela lui semblait à la fois respectueux et distant, comme un rappel de son statut dans cette maison, mais aussi un écho de son enfance. N'était-il pas simplement Boris, un jeune homme perdu et en colère ?— Qu’est-ce que je fais ici ? demanda Boris, la voix encore rauque, une confusion palpable dans ses yeux.— Vous êtes chez Martin Ramsay, répondit M. Mendès.— Martin ? Pourquoi je suis ici ?À cet instant, Martin entra dans la chambre, les