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Claire traverse le parking de l’immeuble de Lorm Entertainment avec ses talons qui claquent sur l’asphalte humide. La journée a été longue, chaque dossier plus épuisant que le précédent, et son téléphone a vibré des centaines de fois. Elle a essayé de joindre Marc une bonne dizaine de fois, mais sans succès. Pas de messages, pas de réponses. Une inquiétude sourde se glisse dans son ventre, mais elle la repousse. Il est sûrement occupé, pense-t-elle.
Elle attrape son sac, le fait basculer sur son épaule,. Le silence de la villa la surprend. Habituellement, Sophie, leur fille de huit ans, l’accueille en courant, ses cris enthousiastes emplissant le hall. Mais aujourd’hui, le vide. Claire fronce les sourcils. Peut-être que Sophie est chez sa grand-mère, se rassure-t-elle. La clé tourne dans la serrure. L’odeur du café, de la lessive et de leur maison bien tenue la frappe immédiatement. Mais une nuance étrange, presque discordante, glisse derrière cette familiarité. Claire entre, ferme doucement la porte derrière elle, et pose son sac sur la table basse. Le silence est étrange, trop parfait. Puis elle l’entend. Un souffle, un murmure, un gémissement étouffé venant de l’étage. Son cœur rate un battement. Elle hésite une seconde, imaginant les scénarios les plus absurdes et inquiétants. Son esprit part dans toutes les directions : Marc fatigué, Sophie qui s’amuse, une scène ridicule qui ne mérite pas d’alarme… Mais son intuition lui crie le contraire. Elle monte les marches, son corps tendu, chaque pas résonnant dans le couloir silencieux. La porte de leur chambre est entrouverte, et le bruit est plus clair. Elle s’arrête, la respiration suspendue, un mélange de peur et de colère dans ses veines. Elle pousse légèrement la porte, juste assez pour voir. Et son monde s’effondre. Marc est là, allongé sur le lit conjugal, et à ses côtés, Isadora. Sa sœur. Sa propre sœur. Le choc la fige. Les gémissements, la proximité, le geste intime qu’elle surprend, tout s’assemble comme un puzzle infernal. Le visage de Claire se fige, le rouge de la colère et de l’incrédulité se mêle à la douleur d’une trahison qui lui brûle la poitrine. Elle reste immobile, incapable de parler, incapable de respirer correctement. Les secondes s’étirent, longues et terribles. Ses mains tremblent, crispées sur le bord de la porte. Elle voit le regard de Marc, qui se détourne à peine quand il entend le bruit. Pas de panique, juste ce mélange de culpabilité et de calcul, ce masque qu’il n’avait jamais porté auparavant. Isadora, elle, reste accrochée à lui, surprise et coupable à la fois. Claire recule d’un pas, mais le bois du plancher craque sous son talon. Marc sursaute, lâche un juron à voix basse et se redresse brusquement. ses mains tremblantes cherchant à cacher l’inavouable. Les yeux de Claire ne quittent pas les siens. Une tempête de questions et de douleur déferle dans son esprit. Comment ? Pourquoi ? Depuis combien de temps ? Isadora se relève aussi, le visage blême, le sourire forcé qui n’arrive pas à masquer la culpabilité. « Claire… je… » Sa voix se brise, mais Claire n’entend plus. Le monde autour d’elle devient un brouillard de rage, d’incompréhension et de trahison. Marc tente de parler, de justifier, de se défendre. Ses mots se perdent dans un souffle froid et lointain aux oreilles de Claire. Elle ne comprend plus rien. Elle ne veut rien comprendre. Tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle ressent, c’est une douleur fulgurante qui lui transperce le cœur. Sa poitrine se serre, sa gorge brûle. Sa sœur, celle qu’elle aimait, celle en qui elle avait confiance, s’est glissée dans sa vie pour la trahir de la manière la plus intime et la plus cruelle. Claire recule, trébuche presque, et une colère sourde monte en elle. Elle sent l’envie de hurler, de crier, de détruire tout ce qui se trouve devant elle. Ses mains se serrent, ses doigts creusent des marques invisibles sur ses paumes. Elle avance encore, mais le monde semble ralentir autour d’elle. Chaque mouvement de Marc et d’Isadora, chaque geste, devient une lame qui s’enfonce dans son âme. Elle respire à peine, ses yeux noyés de larmes qui refusent de tomber. La colère se transforme en un mélange de peur et de désespoir. Son mariage, sa famille, son foyer… tout est détruit en un instant. Elle voit sa fille dans son esprit, petite et innocente, incapable de comprendre la trahison qui déchire sa maison.À l’extérieur, Marc quitte le bureau, laissant Isadora avec ses pensées calculatrices. Il sait que son silence et sa complicité lient désormais leurs destins. Le jeu est en marche. Tout est en place pour que la police croie à l’accident et à la culpabilité de la ménagère. Tout est en place pour que Marc atteigne enfin ses objectifs. Mais dans l’ombre de cette machination, Claire, consciente et toujours vivante, commence à observer, à comprendre, à préparer sa revanche silencieuse.La nuit tombe sur la ville, et avec elle, une tension invisible enveloppe l’entreprise, la maison, et la prison où Claire est enfermée. Tout semble calme, mais chaque respiration, chaque mouvement est chargé de secrets et de plans à venir. Personne ne sait que la vérité est cachée derrière ce corps étranger, que Claire Durnel est toujours là, prête à attendre son moment.Dans le silence de sa cellule, Claire se lève, marche lentement, teste l’espace autour d’elle. Chaque geste, chaque mouvement devient un e
Claire comprend une vérité simple mais terrifiante : elle est seule. Personne ne sait qu’elle est encore là, consciente, vivante. Personne ne sait qu’elle est Claire Durnel, même si son corps est celui de Nora. Elle est prisonnière d’une enveloppe étrangère, accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, tandis que la vraie coupable, Isadora, est désormais libre de manipuler la vérité.Alors que les portes de l’ascenseur s’ouvrent, Claire est embarquée, hurlant son innocence. Sa voix, étrangère et tremblante, résonne dans le couloir désert. —« Je n’ai rien fait ! Vous vous trompez ! » Mais personne ne l’écoute. Tout le monde voit seulement la ménagère qu’ils croient coupable. La réalité, sa réalité, reste silencieuse et invisible.Elle sent son esprit bouillir de rage et de confusion, mais quelque part au fond d’elle, une idée commence à germer : observer, comprendre, préparer, frapper. Pour l’instant, elle doit rester silencieuse, contenue, invisible aux yeux de tous. Mais bientôt… b
Isadora est assise dans le petit bureau de la police, les mains croisées sur ses genoux, le visage crispé. Les lampes fluorescentes au-dessus d’elle donnent à la pièce un air glacé et impersonnel. Chaque tic-tac de l’horloge résonne dans son crâne comme un rappel cruel de ce qui vient de se passer. Le policier face à elle la fixe d’un regard dur, inquisiteur. —« Alors, madame… expliquez-nous exactement ce qui s’est passé dans la maison Durnel. »Isadora baisse les yeux, tente un sourire qui ne vient pas. Sa respiration est rapide, irrégulière. Elle joue avec le bord de sa manche, une nervosité visible trahissant sa façade de contrôle. Les minutes s’égrènent, chaque silence pesant comme une condamnation imminente. Puis, finalement, les mots sortent, tranchants et froids. «— J’ai… j’ai vu… » commence-t-elle, la voix tremblante. « J’ai vu la ménagère… elle a poussé Claire. »Le policier prend des notes sans émotion.— « Vous êtes sûre de ce que vous affirmez ? » demande-t-il.Isa
Elle se redresse d’un bond, ignorant les câbles et les moniteurs, ignorant les infirmiers qui se rapprochent pour l’aider. La curiosité et l’incrédulité surpassent toute prudence. Elle quitte précipitamment le lit, ses pieds glissant sur le sol froid de l’hôpital. Chaque pas la rapproche d’un miroir placé à l’entrée de la salle de bain attenante. Ses mains tremblent tandis qu’elle ouvre la porte, le bois froid mordant sous ses doigts crispés.Elle se fige devant le miroir. Une longue inspiration, un souffle tremblant. Son regard se pose sur le reflet. Et… l’horreur.Ce n’est pas elle.Ce n’est pas Claire Durnel qu’elle voit. Les traits sont jeunes, fins, presque innocents, mais pas les siens. Ses yeux s’agrandissent, ses doigts se crispent sur le rebord du lavabo. — Non… non… non… » souffle-t-elle, sa voix étrangère, aiguë, presque enfantine. Les mots semblent la trahir, car ils sortent dans un ton qu’elle ne reconnaît pas.Elle se penche, touche son visage du bout des doigts, com
Les ambulanciers préparent les brancards, installent Claire et Nora avec précaution. Marc et Isadora suivent en silence, le regard fuyant, chacun perdu dans ses pensées, chacun conscient que la situation échappe désormais à tout contrôle. Les sirènes retentissent plus près, et le monde extérieur semble enfin se rappeler à eux, une réalité qui ne peut plus être ignorée.Dans la chambre, le sol reste taché de traces, les draps froissés, le silence à nouveau pesant. Mais cette fois, il n’y a plus d’illusions : la vie a basculé, et chaque décision, chaque geste, aura désormais des conséquences irréversibles.Alors que les ambulanciers emmènent Nora et Claire, Marc jette un dernier regard vers Isadora. Les yeux brillants de peur et de culpabilité, elle comprend que tout est désormais hors de contrôle. Les secrets, les mensonges et les trahisons, qui semblaient à l’abri derrière des murs dorés et des sourires parfaits, commencent à s’effriter, laissant place à une vérité brutale et implaca
Le hurlement d’Isadora perce la maison comme un coup de tonnerre. Son cri est à la fois paniqué et paniquant, vibrant de peur et de colère. Nora, la jeune ménagère, entend le vacarme depuis l’étage inférieur. Son cœur bat déjà à tout rompre, et une panique instinctive la pousse à courir vers la source du bruit. Les pas de ses chaussures frappent le parquet avec urgence, chaque écho renforçant l’angoisse qui la saisit.Elle débouche dans le couloir et s’arrête net. Ses yeux s’écarquillent, son souffle se coupe lorsqu’elle voit sa patronne allongée au sol. Claire, immobile, la tête heurtant le marbre, ses cheveux blonds éparpillés autour d’elle. La scène est figée, terriblement silencieuse malgré le chaos apparent.Nora avance à petits pas, le visage pâle, les mains tremblantes. Elle se penche sur Claire, appelle son nom, mais le son de sa voix lui semble ridicule, inutile. Ses yeux se brouillent de larmes alors qu’elle touche la peau froide, tentant de percevoir un signe de vie. L’hor







