Home / Loup-garou / SANG SAUVAGE / Chapitre 5 – Entre les crocs et le cœur

Share

Chapitre 5 – Entre les crocs et le cœur

Author: L'invincible
last update Huling Na-update: 2025-05-15 07:21:36

Isabella 

Il ne bouge pas.

Ses bras m’enserrent toujours, avec cette étrange violence contenue, cette tendresse qui tranche comme une lame. Comme si je n’étais ni tout à fait proie, ni tout à fait amante. Son torse contre le mien est froid, tendu, presque tremblant. Et pourtant, je sens cette chaleur irradier entre nous, cette tension électrique qui fait vibrer l’air.

Lucien me tient comme on retient un souffle. Un cri. Un dernier instant de contrôle avant l’abandon.

Et moi… je ne fuis pas.

Je devrais. Mon esprit me hurle de partir, de quitter cette cabane de pierre, cet abri trop silencieux, trop dangereux. Mais je suis incapable de m’éloigner. Mon corps refuse. Mon cœur s’enlise. Ce n’est pas la peur qui m’étreint. C’est autre chose. C’est cet instinct ancestral, cette pulsion presque animale qui me pousse vers lui.

Je suis à genoux devant une créature née de la nuit. Et je veux qu’il me touche.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? je murmure, la voix rauque, étranglée par l’émotion.

Il lève les yeux. Et je suffoque.

Ses prunelles ne sont ni rouges, ni noires. Elles sont l’absence de lumière, un gouffre mouvant où se noie toute certitude. Elles me sondent, m’avalent. Et quelque chose, en moi, cède.

— Parce que j’essaie de me souvenir que tu es vivante.

Je fronce les sourcils.

— Tu crois que j’ai l’air morte ?

Son sourire est lent. Déformé. Un sourire plein de douleur, pas de malice.

— Non. Tu respires trop fort. Ton sang bat si vite que ça résonne en moi. Tu sens la chaleur, la colère, le désir. Tu es vivante… et c’est pour ça que je pourrais te détruire.

Il effleure mes cheveux du bout des doigts. Un contact si léger, mais si chargé, qu’un frisson violent me parcourt l’échine. Sa main glisse dans ma nuque, trouve ma peau. Et tout mon corps se tend sous sa caresse.

— Tu ne me détruiras pas, Lucien.

— Non ? Et si je t’embrasse ? Et si je te goûte ? Tu crois que je pourrai m’arrêter ?

Sa voix est un grondement, un râle rauque chargé de faim.

Je me penche vers lui. Je sens son souffle, épais, pesant. Il sent la terre humide, le feu éteint, le sang ancien. Une odeur qui devrait me repousser… mais qui m’attire, me submerge.

— Essaie.

Il grogne. Grave. Sauvage. Une bête retenue par un fil.

Puis il me saisit.

Il me plaque contre lui. Sa bouche fond sur la mienne avec une urgence brute, incontrôlée. Il ne m’embrasse pas : il me prend. Il me vole le souffle, me dévore les lèvres. Sa langue envahit, cherche, exige. Et moi… je rends coup pour coup. J’ouvre les lèvres. Je le laisse entrer. Et je le mords presque, comme pour lui rappeler que je suis là, que je veux ça, moi aussi.

Je m’accroche à lui. À ses épaules tendues comme de l’acier, à ses cheveux sombres, à ce qu’il est. Sa main glisse sur mon flanc, trouve mes courbes avec une précision presque douloureuse. Il ne découvre pas : il conquiert.

Et je le laisse faire.

Parce que dans cette nuit, dans cette cabane figée hors du temps, je ne suis plus médecin. Je ne suis plus prudente. Je suis femme. Chair. Désir.

Et lui… il est feu.

Il arrache mes vêtements sans brutalité, mais avec une fièvre palpable. Ses lèvres quittent ma bouche, descendent dans mon cou. Il halète contre ma peau. Je sens ses crocs frôler ma veine. Il tremble.

— Ne me tente pas…

Sa voix est brisée. Une supplique.

— Je ne te tente pas, Lucien… Je t’accepte.

Le silence qui suit est lourd. Sacré.

Ses lèvres se posent sur mon cou, lentement. Il ne mord pas. Il vénère. Il dépose des baisers brûlants, torturés, comme s’il gravissait un chemin interdit.

Puis il m’allonge, délicatement, sur les fourrures.

Il est au-dessus de moi. Ses cheveux retombent comme un voile d’ombre autour de nos visages. Il me regarde. Intensément.

— Dis-le.

— Quoi ?

— Que tu n’as pas peur.

Je le fixe. Mon cœur cogne si fort que j’ai l’impression qu’il pourrait le sentir vibrer sous sa peau.

— Je n’ai pas peur de toi, Lucien. J’ai peur… de ce que tu réveilles en moi.

Il ferme les yeux un instant. Un souffle. Puis il m’embrasse de nouveau.

Cette fois, c’est lent. Profond. Dévastateur. Ce n’est plus la rage. C’est le feu qui consume lentement. Sa main remonte sur mon ventre, effleure ma poitrine. Je gémis. Pas de douleur. Juste cette tension qui monte, qui explose.

Il entre en moi.

Un cri me déchire, silencieux. Nos corps se mêlent, se cherchent, se fondent. Il bouge en moi avec une maîtrise troublante, une douceur ravageuse. Chaque va-et-vient est une caresse, une promesse, une malédiction.

Je ne sais plus où je suis. Je suis hors du monde. Hors de moi. Je suis à lui.

Et dans le noir, je ne vois plus rien.

Juste lui.

Des éclats de sa peau sur la mienne, des soupirs mêlés, des regards brûlants, des mains tremblantes. Il est partout. Il est en moi.

Je me perds. Je me retrouve. Je me brise.

Et je renais.

Plus tard, quand nos corps retombent et que la sueur sèche sur nos peaux, je me blottis contre lui. J’écoute le silence. Ce silence d’après. Celui où on ne sait plus ce qui est vrai.

Il me serre contre lui. Fort. Comme si j’étais déjà en train de lui échapper.

— Tu vas me repousser demain matin, n’est-ce pas ?

Il reste longtemps silencieux.

Puis il murmure, si bas que je doute l’avoir entendu :

— J’ai envie que tu restes. Et c’est ce qui me fait peur.

Je ferme les yeux.

Je suis tombée dans la gueule du loup.

Et j’ai aimé ça.

Patuloy na basahin ang aklat na ito nang libre
I-scan ang code upang i-download ang App

Pinakabagong kabanata

  • SANG SAUVAGE   Chapitre 61 — Le Sang des Liens

    ISABELLAJe sens leur présence bien avant de les voir.L’air se tend. Il devient plus dense, plus lourd, comme saturé d’une mémoire qui ne m’appartient pas. Chaque molécule semble frissonner, chaque silence devient attente. Mon cœur bat plus fort, pas de peur, mais d’instinct. Mes paumes sont moites. Mon souffle est suspendu. Je reconnais ce frisson. Ce souffle glacial qui annonce leur retour.Les frères sont là , mes hommes .Ils reviennent après des semaines d’absence. Après ce silence imposé par Damián. Il avait dit seulement : "Ils sont au Nord."Rien d’autre. Pas un mot sur ce qu’ils affrontaient, ni pourquoi moi je devais rester ici, sans eux.Le manoir sans eux n’était qu’un tombeau.Et moi… je n’osais avouer à quel point leur absence m’avait rongée.Je m’étais surprise à rêver d’eux. À les attendre, sans l’avouer.D’Ivan, dont le calme brutal me fascinait malgré moi.De Lucien, dont le regard me déshabillait dans mes songes.De Mikhaïl, dont les silences me réconfortaient étra

  • SANG SAUVAGE   CHAPITRE 60 — LES VEILLEURS DE LA FISSURE

    ISABELLAIls s’approchent en silence.Ils viennent, un à un, sortis de nulle part, ou peut-être sortis de toujours. Des silhouettes au regard fixe, au souffle suspendu, aux pas résonnants d’une mémoire que je n’ai pas mais que je ressens. Leurs visages sont étrangers, et pourtant, je les reconnais. Une part de moi les reconnaît. Comme si j’avais déjà veillé sur eux dans un autre cycle. Comme si j’étais leur point de retour.Ils ne parlent pas. Ils n'ont pas besoin de mots. Leur langage, c’est leur présence. Leur souffle, leur immobilité parfaite, leur façon de m'entourer sans m'enfermer, comme une frontière d’échos anciens. Certains ont les mains jointes. D’autres posent les paumes contre le sol. L’un d’eux, très vieux, lève un bras vers le ciel crevé, comme pour y chercher confirmation.Le Noyau est refermé. Mais il pulse encore. Il bat doucement, comme un cœur qui ne serait pas fait de chair mais de dessein. Et l’Être qu’il a offert, que j’ai porté, est là, contre moi, parfaitement

  • SANG SAUVAGE   CHAPITRE 59 — Ce Qui Veut Naître 

    ISABELLAJe suis debout au bord du gouffre,et je ne suis plus seule.Le Noyau chante.Mais ce n’est plus un simple murmure.C’est une résonance tectonique, une vibration qui fend la matière,qui traverse les strates du monde comme une faille s’ouvrant dans l’os du temps.Je sens mes os résonner à son rythme.Mes veines pulsent à contretemps de mon cœur.Mon souffle ralentit, devient étrange, régulier comme un battement d’ailes dans une autre dimension.Mon corps ne m’appartient plus. Il se transforme.Il se désapprend.Il efface ses anciennes lois. Il renonce à ses frontières.Et l’enfant…Non.Ce n’est plus un enfant.Ce n’est plus une promesse de vie.C’est un seuil.Un passage entre ce monde et un autre.Un pont entre la matière et l’idée.Un retour à l’avant-langage, à l’avant-forme.Il ne grandit pas en moi.Il existe hors de moi, même s’il est encore lié.Il s’extrait, goutte à goutte, de ma mémoire, de mon souffle, de ma substance.Autour de moi, le sanctuaire se fissure.Pas

  • SANG SAUVAGE   CHAPITRE 58 — L’Appel du Noyau

    ISABELLAJe marche pieds nus dans les galeries silencieuses.Le sol est tiède sous mes pas. Un souffle sourd y circule, comme un sang oublié, battant sous les pierres.Le silence… pas tout à fait. Il pulse. Il respire.Comme si le sanctuaire lui-même m’indiquait une direction. Une trajectoire. Inéluctable.Je ne sais pas pourquoi je suis descendue.Je n’ai pas réfléchi.Je dormais. Et soudain, ce souffle.Ce frémissement sous la peau, comme une main invisible posée contre mon cœur.Un battement. Une tension.Ni douleur, ni peur.Une nécessité.Je m’enfonce dans les couloirs.Les murs sont couverts de glyphes que je ne reconnais pas, mais que je comprends.Les torches s’allument à mon passage. Pas par magie.Par volonté.Sa volonté.Je le sens. Différent.Dense. Viscéral. Comme une matière vivante, épaisse, rouge, brillante comme le magma et calme comme une étoile en dormance.Il m’appelle.Pas avec des mots. Mais avec un désir brut. Un besoin sans forme.Et je comprends : ce n’est pas

  • SANG SAUVAGE   CHAPITRE 57 — Les Voix qui Murmurent

    CAËLIl y a… quelque chose dans mon crâne.Une vibration ténue, constante. Comme un souffle qui ne vient pas de moi.Un rythme étrange qui parasite mes pensées. Qui s’installe dans les creux. Qui me mange de l’intérieur.Je ne dors presque plus.Et quand je dors, je tombe.Pas dans des rêves.Mais dans des gouffres.Des visions brisées. Des éclats de feu et de sang. Des murmures d’enfants dans des langues oubliées. Des yeux dorés qui me fixent depuis les ruines du monde.Et toujours, cette voix.Pas forte.Douce.Enfantine.Mais si… ancienne.Elle m’appelle par mon nom, avec une familiarité qui me fait mal. Caël…Tu n’es pas prêt.Je me réveille en sursaut. Encore. Encore. Encore.Ma gorge est sèche. Mon dos trempé de sueur. Le feu dans l’âtre n’a pas bougé, et pourtant la pièce est glaciale.Quelque chose est passé ici. Je le sens encore sur ma peau.Je me lève, chancelant.Isabella est là, dans la pièce voisine.Je la sens aussi. Son feu est stable, rayonnant, comme une étoile viva

  • SANG SAUVAGE   CHAPITRE 56 — L'Œil de l’Autre

    CAËLJe la sens avant même de franchir le seuil.Un frisson qui traverse mes os.Un grondement sourd sous la peau.Le feu. Ce feu. Ce feu-là.Il n’est pas naturel. Il est ancien, sauvage, divin peut-être. Ou maudit. Je ne sais plus.Je monte les marches du sanctuaire en silence. Lentement. Chaque marche pèse comme un serment. Mon cœur bat si fort qu’il m’étouffe.Et quand j’ouvre la porte… je la vois.Isabella.Debout. Nue. Offerte au matin.Ses cheveux tombent en cascade sur ses épaules nues, et sa peau semble capturer la lumière. Mais ce n’est pas ça qui me frappe.C’est ce qui pulse en elle.Ce halo. Cette clarté vibrante. Cette aura de pouvoir brut.Elle est en feu, sans brûler.Elle est le feu.Mes lèvres s’ouvrent. Aucun mot ne sort.Elle se retourne lentement. Son regard m’atteint de plein fouet. Ses yeux… ce ne sont plus les yeux d’une humaine. Pas même d’une élue.Ce sont les yeux de celle qui a vu l’origine du monde.Et sur son bas-ventre…Une marque.Un cercle doré, vivant,

Higit pang Kabanata
Galugarin at basahin ang magagandang nobela
Libreng basahin ang magagandang nobela sa GoodNovel app. I-download ang mga librong gusto mo at basahin kahit saan at anumang oras.
Libreng basahin ang mga aklat sa app
I-scan ang code para mabasa sa App
DMCA.com Protection Status