La villa était redevenue silencieuse. Les anciens membres du cartel étaient partis les uns après les autres, leurs ombres se mêlant à la nuit. Mais Liora savait qu’ils ne s’étaient pas rendus. Ils attendaient. Ils la testaient. Ils cherchaient la faille.
— Tu réalises ce que tu viens de faire ? souffla Kael, quand la dernière voiture disparut derrière les grilles.Elle n’eut pas besoin de répondre. Ses doigts tremblaient légèrement, trahissant la tempête sous la surface. Elle inspira profondément et ferma les yeux.— Je n’ai plus le droit de reculer, Kael. Plus maintenant.Il s’approcha et posa une main sur sa nuque, l’obligeant à relever le menton.— Alors regarde-moi. Parce que quoi qu’il arrive, tu n’es pas seule.Liora plongea son regard dans le sien. Cette chaleur, ce danger, cette fidélité qu’il ne disait pas… Elle y puisa un courage inattendu.— Viens, murmura-t-elle.Ils quittèrent la salle et remontèrenLa salle du conseil était silencieuse, presque irréelle. Les hauts plafonds, les murs habillés de bois massif et les grandes fenêtres teintées offraient une atmosphère solennelle et menaçante à la fois. Kael et Liora y firent leur entrée, main dans la main, sous les regards impitoyables des membres du conseil.Assis en demi-cercle face à eux, les actionnaires principaux, les anciens amis du père de Kael, quelques associés historiques… et tout au centre, froid, figé, le regard perçant : Xavier Belmont. Le cousin de Kael, et depuis quelques années, l’un de ses plus redoutables rivaux.— Nous vous attendions, déclara Xavier en se levant. Liora. Kael.Il ne leur proposa pas de s’asseoir. Une tentative claire pour les déstabiliser.Kael, imperturbable, esquissa un sourire. Il savait jouer à ce jeu. Il était même né dedans.— Alors allons droit au but, dit-il. Vous m’avez convoqué sans raison officielle. Je suppose que vous aviez une mise en sc
Kael fixait Liora avec une intensité nouvelle. Il avait passé une nuit entière à réfléchir, à remettre en question ses décisions, ses réactions, et surtout son cœur. Ce n’était pas de la simple jalousie. Ce n’était pas seulement de l’amour. C’était un mélange brûlant de peur de la perdre, de culpabilité, et d’un besoin viscéral de réparer les dégâts qu’il avait lui-même causés.Liora, assise au bord du lit, tenait entre ses mains une lettre que Kael lui avait laissée avant de disparaître la veille. Elle n’avait pas encore eu le courage de l’ouvrir, comme si les mots couchés sur le papier pouvaient tout changer… ou tout briser.Quand il entra dans la chambre, silencieux, elle releva les yeux. Aucun mot ne franchit ses lèvres, mais ses prunelles parlaient pour elle : la colère, la blessure, la fatigue… et une lueur persistante d’espoir.— Je ne veux plus fuir, dit-il enfin.Elle leva un sourcil, sceptique. Il s’approcha lentement, s’agenouilla devan
Quelques semaines s’étaient écoulées depuis le sommet de Nairobi. Dans les rues, un vent nouveau soufflait. Les gens parlaient de justice, de changement, d’un avenir qu’ils voulaient enfin modeler à leur image.Mais derrière les caméras, les applaudissements, les discours inspirants, les ombres se glissaient à nouveau. Plus discrètes. Plus rusées.Un soir, alors que Liora rentrait d’un entretien avec une délégation venue d’Europe, Malik l’intercepta dans le hall, l’air grave.— On a un problème, dit-il sans préambule.Elle fronça les sourcils.— Encore ?— Ce n’est pas une attaque frontale. C’est plus subtil. Quelqu’un s’en prend à ta légitimité. On a retrouvé des documents trafiqués, des faux mails… Ils veulent faire croire que tu as manipulé l’opinion pour faire tomber ton père, dans un intérêt personnel.— Qui ?— Des anciens alliés de ton père. Ceux qui ont trop à perdre si tu continues à creuser.E
Les jours suivants furent à la fois intenses et étrangement silencieux.L’arrestation du père de Liora avait fait le tour du globe. Les chaînes d’information tournaient en boucle les images de sa reddition, de ses aveux partiels, des documents accablants fournis par sa propre fille. Des chefs d’État, autrefois alliés, se déclaraient soudainement “choqués” par ses agissements, chacun voulant se désolidariser du scandale.— Hypocrites, grogna Malik en zappant nerveusement d’une chaîne à l’autre. Ils ont tous profité du système, et maintenant ils prétendent tomber des nues.Liora ne disait rien. Elle se contentait de regarder, de noter, d’écouter. Elle ne souriait pas. Elle n’était ni soulagée, ni triomphante. Elle était en veille. Lucide. Vigilante.Kael, quant à lui, restait constamment à ses côtés. Il savait que la fin d’un empire corrompu ne signifiait pas la fin du combat. C’était le début d’un nouveau front. Et il sentait que Liora allait porte
Le monde tremblait sous les révélations.Dans les rues d’Abidjan, de Dakar, de Paris, de Lagos et même à New York, les rassemblements prenaient de l’ampleur. Les citoyens brandissaient leurs téléphones, montraient les extraits, scandaient des slogans contre la corruption. La vidéo publiée par Liora et ses alliés faisait tomber un à un les masques. On ne parlait plus d’une simple fuite. C’était une rébellion globale.— C’est comme si le système craquait de l’intérieur, murmura Kael en regardant les écrans de surveillance en direct.Mais dans la salle de commandement, l’ambiance était loin d’être triomphante. Le téléphone crypté de Malik n’arrêtait pas de vibrer. Il recevait des alertes de plus en plus inquiétantes : arrestations massives de journalistes, coupures d’Internet dans certains pays, drones non identifiés survolant les zones sensibles.— Ils paniquent, dit-il en se frottant le front. Et un gouvernement qui panique… c’est un gouvernement d
— Il est parti.La voix de Malik claqua dans le silence, alors que les hommes encerclaient le hangar, fusils levés, cœurs battants. La silhouette de Marcus avait disparu comme un mirage, mais la tension flottait toujours dans l’air, lourde comme la fumée des grenades.Liora ne dit rien. Elle fixait l’endroit exact où l’homme s’était tenu. Elle savait qu’ils n’en avaient pas fini avec lui. Marcus représentait plus que lui-même : il était le visage poli du système. Celui qui essayait encore de négocier pendant que d’autres envoyaient des drones pour tuer.Kael la rejoignit, le regard toujours vigilant.— On bouge, dit-il. Avant qu’il ne revienne avec plus d’hommes.Malik acquiesça et donna les instructions. Un convoi discret les escorterait jusqu’à une planque plus sûre, au nord de la ville. L’endroit n’était connu que de lui, et seuls trois membres du cercle rapproché avaient les coordonnées exactes.Sur le trajet, dans l’un des v