La lumière tremblotante du générateur projetait des ombres mouvantes sur les murs de pierre.
Sous terre, dans les profondeurs des ruines, Malia n’arrivait pas à trouver le sommeil. Son esprit était en ébullition, comme s’il pressentait que quelque chose approchait.Liora dormait, lovée contre une couverture improvisée. Aydan, lui, s’était assis près du puits, les yeux fixés sur l’eau noire et silencieuse.— Tu ne dors pas non plus ? demanda Malia en s’approchant doucement.— J’ai appris à rester éveillé quand le silence devient trop calme. C’est souvent là que tout bascule.Elle s’assit à ses côtés, l’air grave.— Tu crois qu’ils nous ont retrouvés ?Il hocha lentement la tête.— Pas encore. Mais ils sont proches. •À ce moment précis, Léandre surgit, le visage tendu.— On a une connexion.— Quoi ? interrogea Malia.— Une brèche dans le système de surveillance. C’est crypté,La base souterraine d’ORUS semblait paisible. Les enfants jouaient. Les ingénieurs travaillaient en silence. Et au cœur de ce calme nouveau, Liora sentait lentement se reconstruire une chose oubliée : la confiance. • Elle passait ses journées entre plans, réunions et longues discussions avec Ingmar Veyl. Ils débattaient des structures à créer, des codes à instaurer, de la ligne rouge à ne jamais franchir. — Pas de manipulation génétique, avait-elle dit. — Pas de transfert de conscience, avait-il approuvé. — Pas de répétition des erreurs. • Pour la première fois, Liora dessinait un avenir avec autre chose que des ruines. Mais dans un coin reculé de la base, un homme observait tout. Invisible. Silencieux. Patient. Son nom n’était pas sur les registres. Son badge était falsifié. Et son regard… trop calme pour
Le soleil se levait à peine sur le refuge de Haute-Silène.La neige avait cessé de tomber, mais l’air restait tranchant, chargé d’un silence lourd.Liora, emmitouflée dans une veste sombre, observait l’horizon depuis le toit du bâtiment principal.Son regard glissait sur les vallées blanches, mais son esprit était ailleurs.MIRAGE était détruit.Le projet Umbra-7 aussi.Et pourtant, elle sentait que ce n’était pas encore la fin.•Cassiopée la rejoignit, deux cafés brûlants en main.— Tu dors encore moins que moi maintenant.Liora esquissa un sourire fatigué.— Je dors quand mon monde ne risque pas de disparaître pendant la nuit.Pour l’instant… on n’y est pas encore.•Cassiopée s’assit à ses côtés.— T’as reçu autre chose depuis MIRAGE ?Liora hocha la tête.— Un message codé cette nuit.Canal parallèle, encrypté en triple couche.Le genre de truc que seuls
Le camp était calme. Trop calme.Le ciel avait pris une teinte orange, presque irréelle, comme figé dans une peinture.Liora observait le cristal désormais inerte posé sur la table.Son cœur battait doucement, mais son esprit, lui, restait en alerte.Elle croyait avoir mis fin à tout.Mais une alerte s’afficha sur son écran :“Canal Sigma-01 : nouvelle transmission prioritaire.”Émetteur : Dr. Alrik Nysen – ancien chef du département illusion sensorielle – Vektor.•— Tu le connais ? demanda Cassiopée en apparaissant derrière elle.Liora fit non de la tête.— Jamais entendu parler. Et c’est justement ça le problème.Si moi je ne le connais pas… ça veut dire qu’il était vraiment très caché.•Elle ouvrit le message.Un simple texte.Mais chaque mot sonnait comme un frisson sous la peau.« Vous avez stoppé Aethra. Neutralisé Umbra-7.Mais vous avez oublié
Trois jours s’étaient écoulés depuis l’effondrement de la base Aethra.Le monde tournait à nouveau, ignorant à quel point il avait frôlé la catastrophe.•Liora regardait les montagnes depuis le refuge.Le vent froid soufflait dans les cimes, comme si les sommets eux-mêmes soupiraient.— Tu ne dors toujours pas ? demanda Cassiopée en entrant.Liora haussa les épaules.— Le silence est devenu bruyant.Avant, il me calmait.Maintenant, il me parle trop fort.•Cassiopée s’installa à ses côtés, tendant une tasse chaude.— Laisse-moi deviner : tu penses encore à Kroll ?— Pas seulement.Il parlait d’un monde sans douleur.Mais tout ce que je ressens, c’est… un vide inquiétant.•Elles restèrent un moment sans parler.Puis Charles entra, visiblement nerveux.— On a un problème. Ou une surprise. Je sais pas encore.Il tendit une tablette.—
Les montagnes se dressaient comme des géants figés, sculptés par le temps et les secrets.Le convoi avançait lentement, englouti par les reliefs glacés de l’ancienne frontière suisse.•À bord, le silence régnait.Liora, assise à l’avant, tenait la mallette verrouillée contre elle.À l’intérieur : le fragment de mémoire de Malia.La clé.— Tu veux vraiment qu’on aille au bout ? demanda Miro.— On n’a plus le choix, répondit-elle sans détour.Ce projet… c’est une insulte à ce qu’ils étaient. À ce qu’ils ont sacrifié.•Cassiopée, les yeux rivés sur les relevés, ajouta :— On approche. J’ai repéré l’entrée.Mais… ça ne ressemble à rien de ce qu’on connaît.•Ils s’arrêtèrent devant une falaise nue, sans aucune trace d’ouverture.— C’est là ? demanda Charles, sceptique.— C’est là, confirma Cassiopée.L’entrée est dissimulée derrière un champ holographique.Comme à
Le soleil baignait la vallée d’une lumière douce.Les arbres renaissaient. Les rivières murmuraient à nouveau.Et dans le calme revenu… un frisson flottait dans l’air.•Depuis la chute de Vektor, Liora s’était imposée comme le visage d’un monde nouveau.Les survivants voyaient en elle l’héritière de Malia et d’Aydan.Mais elle, elle se contentait d’écrire.Chaque jour, chaque nuit.Des récits. Des aveux. Des morceaux de mémoire.Comme si chaque ligne la protégeait de l’oubli… et du vide.•Cassiopée entra sans frapper.— Tu ne dors jamais ?— J’ai peur de ce que je verrais en fermant les yeux, répondit Liora avec un demi-sourire.Cassiopée posa deux tasses fumantes sur la table.— Tu dis ça à chaque fois.— Et c’est vrai à chaque fois.Elles échangèrent un silence complice.•Puis Charles débarqua en trombe, essoufflé, tenant une tablette qu’il agitait comme un troph