LYRA Je reste figée dans le couloir, incapable de bouger, incapable de respirer correctement. Je les entends à travers la porte close : le souffle irrégulier de Tania, les pas calmes et mesurés de Lucas. Chaque bruit est un coup de marteau dans ma poitrine.Un froissement de tissu, un mouvement discret de Tania, et puis le silence. Il pèse sur moi comme du plomb. Je me surprends à retenir ma propre respiration, redoutant d’entendre la moindre réaction de Lucas.Je n’ose pas imaginer ce qui se passe derrière cette cloison, mais je sais que chaque mot, chaque silence, chaque geste est une arme que Lucas manie avec une précision chirurgicale. Et je sais que Tania, fragile et terrifiée, est à sa merci.TANIAMes genoux tremblent encore quand je franchis le seuil de la chambre. Lucas est immobile, sa silhouette haute et imposante dans la lumière tamisée. Mon cœur bat si fort que j’ai peur qu’il entende chaque battement.— Tiens-toi là, murmure-t-il enfin, sa voix basse, glaciale. Regarde-
LYRALe silence s’étire, épais, étouffant, comme si les murs eux-mêmes s’étaient refermés pour assister au supplice. Tania est à genoux, le front presque posé sur les chaussures de Lucas, et son corps secoué de sanglots fait trembler tout l’air autour de nous.Lucas ne bouge pas. Il la contemple avec cette fixité glaciale qui me terrifie plus que la colère. Ce n’est pas un éclat, ce n’est pas une explosion. C’est une cruauté tranquille, patiente, qui sait exactement où appuyer pour faire mal.Son sourire reste figé, coupant, implacable.— Pitoyable… murmure-t-il enfin, secouant la tête comme devant un spectacle grotesque. Tellement pitoyable.Ses mots tombent comme un verdict. Pas besoin de crier : il tranche d’un ton calme, comme un juge qui rend une sentence sans appel.Derrière moi, Alexandre laisse échapper un grondement sourd. Ses poings se serrent si fort que ses phalanges blanchissent. Je le sens prêt à exploser, mais il reste cloué, retenu par ce même piège : si l’un de nous b
LYRALe silence dans le couloir est déjà suffocant. Tania pleure, agrippée à moi comme une noyée à sa dernière bouée. Alexandre se tient debout, droit comme une lame, son ombre couvrant presque toute la scène. Et puis… le bruit sec de la porte d’entrée qui claque.Je n’ai pas besoin de lever les yeux pour savoir. C’est lui. Lucas.Ses pas résonnent, lents, réguliers, comme s’il avait tout son temps. Chaque battement écrase un peu plus l’air dans ma poitrine. Quand il apparaît enfin dans le couloir, son regard se fige sur nous, puis son sourire s’étire, glacé, cruel.Il s’arrête net, son ombre coupant la lumière du jour. Ses yeux balaient la scène : moi, droite mais tremblante ; Alexandre, prêt à bondir ; et Tania… Tania à genoux, ses genoux déjà rouges, son visage ravagé, les mains tendues dans un geste pitoyable.— Eh bien… souffle-t-il, la voix basse, amusée. Voilà un spectacle auquel je ne m’attendais pas si tôt ce matin.Tania relève la tête, ses yeux gonflés brillant d’un espoir
LYRALa soirée de la veille m’a laissée vidée. J’ai à peine dormi, hantée par les paroles cruelles de Lucas, par ce regard glacé qu’il m’a lancé comme pour me punir encore. Le matin filtre à travers les rideaux, mais je n’ai pas la force de me lever tout de suite. Alexandre dort encore, sa main posée sur la mienne, comme un serment silencieux. Cette chaleur simple m’a empêchée de sombrer complètement.C’est un coup à la porte qui me tire brusquement du lit , Insistant. Mon cœur s’emballe aussitôt. Qui peut venir à cette heure-là ? Je descends, pieds nus, le cœur battant, et je découvre Tania.Elle est méconnaissable. Ses yeux gonflés de larmes, ses cheveux défaits, ses vêtements froissés et tachés. Elle tient son sac comme si sa vie dépendait de cette ancre dérisoire. Quand elle lève la tête, son visage me glace : c’est un masque de désespoir.— Lyra… balbutie-t-elle, sa voix brisée. Je… je ne peux plus…Et soudain, elle s’effondre littéralement à mes pieds, ses sanglots résonnant dan
LYRALe parfum du dîner flotte déjà dans la maison, mélange de rôti, de légumes rôtis et d’arômes sucrés venant du dessert. Après le bain, je me sens légèrement plus légère, mais une nervosité sourde me rattrape. Alexandre reste à mes côtés, me tenant la main pendant que nous nous habillons, ses gestes discrets et attentionnés me donnant un courage que je croyais perdu.Je choisis une robe simple mais élégante, suffisamment légère pour me sentir à l’aise, mais assez sobre pour ne pas attirer l’attention. Alexandre, quant à lui, est impeccable, comme toujours, son costume noir parfaitement ajusté. Son regard croise le mien dans le miroir, et un léger sourire s’échange entre nous, un pacte silencieux : quoi qu’il arrive ce soir, nous faisons front ensemble.En descendant, je sens mes jambes trembler légèrement. Le hall est baigné d’une lumière chaleureuse. Mes parents sont déjà à table, leur sourire cordial me met pourtant mal à l’aise. Lucas est là, adossé à un mur, l’air détaché mais
LYRAJe suis encore étendue sur mon lit, le corps lourd de fatigue et d’angoisse, les souvenirs des révélations de la veille gravés dans chaque battement de cœur. La tension ne m’a pas quittée depuis deux jours, et le simple fait de respirer semble demander un effort monumental.— Lyra, viens, murmure une voix familière, douce et insistante.Je lève les yeux. Alexandre se tient dans l’encadrement de la porte, un sourire timide sur les lèvres, un panier rempli de serviettes et de sels de bain dans les mains. La simplicité de ce geste contraste avec l’ombre qui plane encore dans mon esprit, et pourtant, il y a quelque chose de rassurant dans cette attention, quelque chose qui me tire doucement hors de ma torpeur.— Tu… tu veux vraiment que je me lève maintenant ? murmurai-je, ma voix à peine audible.— Oui, répond-il, espiègle mais tendre. Et puis… tu as besoin de te détendre, de retrouver un peu de légèreté. Allez, suis-moi. Je promets de ne pas te noyer dans l’eau, cette fois, rit-il