Sa Deuxième Lune

...

Une lumière aveuglante a jailli des mains de la Déesse de la Lune.

J'ai fermé les yeux, mais la voix de Cédric Didier a tranché l'éclat comme une lame.

« Mes parents m'ont menacé de mort si je ne m'accouplais pas avec toi. Clara, tu es vraiment quelque chose. Mais même si nous complétons le lien, qu'est-ce que tu crois que tu en retireras ? Tu crois vraiment que nous serons heureux ? »

J'ai ouvert les yeux brusquement.

Et il était là, Cédric, l'Alpha de la meute Didier, vivant et respirant, debout devant moi.

Il avait l'air plus jeune que dans mes souvenirs, moins dur, mais le dédain dans ses yeux n'avait pas changé.

Ma gorge s'est serrée, mais j'ai retenu un sanglot.

La Déesse de la Lune avait vraiment répondu à mon appel. Elle m'avait renvoyée non pas au jour de notre première rencontre, mais au jour où nous étions censés compléter notre lien, il y a dix ans.

Remercions les étoiles. Il restait encore du temps.

Je l'ai regardé fixement, mémorisant chaque centimètre de lui comme un loup affamé. J'avais supplié la Lune de me donner cette chance, non pas de le gagner, mais de le libérer.

« Cédric, tu ne veux pas te lier à moi parce que celle que tu aimes vraiment... c'est Solène, n'est-ce pas ? »

Son sourire en coin a faibli. Sa mâchoire s'est crispée.

« Et alors ? » a-t-il dit froidement. « Nous nous trouvons déjà au registre du Conseil des Liens. Et maintenant, tu penses que tu peux encore faire marche arrière ? »

J'ai hoché la tête. « Je pense que oui. »

Il a ri amèrement. « Je n'ai pas le temps de jouer. Signe juste ce maudit contrat. Je serai dehors. »

Il s'est retourné et s'est éloigné.

La douleur a explosé dans ma poitrine. Mais j'avais déjà ressenti pire - dans un futur où il était mort à cause de moi.

Dans les deux vies, je l'avais profondément aimé.

Il m'avait sauvée trois fois, et je pensais naïvement que cela signifiait quelque chose.

Même ses parents le croyaient. « Le cœur de Cédric est dur à l'extérieur, mais tendre à l'intérieur. » m'avaient-ils dit un jour. « S'il s'en fichait, pourquoi aurait-il risqué sa vie pour toi ? »

Et je les avais crus. J'avais accepté notre accouplement avec un espoir fragile.

Puis Solène était morte, et tout avait changé. L'Alpha qui m'avait autrefois protégée me regardait désormais comme si j'étais celle qui l'avait enterrée.

Ses derniers mots avant de mourir pour moi résonnaient encore :

« Si seulement je ne t'avais jamais rencontrée. »

On dit que la Déesse de la Lune intervenait rarement dans le destin des loups.

Mais cette nuit-là, sous une lune rouge sang et un ciel déchiré par le silence, alors que le chagrin me creusait la poitrine et qu'il ne me restait plus que des regrets, elle est venue.

Sans un mot.

Juste de la lumière.

Une lueur argentée s'est accumulée dans ses mains et s'est glissée dans les miennes, chaude, pulsante, ancienne.

La clé du temps de la lune.

Elle scintillait d'un pouvoir que je ne pouvais pas comprendre, seulement ressentir.

Au moment où mes doigts se sont refermés dessus, le monde a retenu son souffle.

Avant l'aube, j'ai gravi le sentier de montagne menant au temple oublié.

La prêtresse m'attendait déjà.

Ses yeux, voilés par l'âge et le clair de lune, m'ont transpercée.

« Avant de tourner la clé », m'a-t-elle dit, « tu dois comprendre le prix à payer. »

Je n'ai rien dit.

J'avais déjà tout perdu.

Elle m'a pris la main. Sa voix était à peine plus qu'un murmure :

« Si tu souhaites rompre le lien qui t'unit à ton compagnon sans que la mort ne s'en mêle... »

« Tu dois accomplir ses trois plus grands regrets. »

Ses mots m'ont frappée comme des pierres sombrant dans des eaux profondes et obscures.

« Ce n'est qu'alors », a-t-elle dit, « que le destin te libérera. »

Mais alors que ses doigts lâchaient les miens, elle a ajouté, d'une voix si douce que j'ai failli ne pas l'entendre :

« La Lune n'accorde jamais rien sans équilibre, mon enfant. »

« Ce qu'elle donne... elle peut un jour le reprendre. »

Et ainsi, sans rien d'autre, mais avec une prière dans mon cœur, j'ai tourné la clé.