Trahison de mon compagnon

Point de vue de Sophie

Je me tiens devant la porte, détestant pour la première fois que l'ouïe du loup-garou soit si fine que je puisse entendre clairement leur conversation.

« Antoine, tu veux vraiment mettre Sophie enceinte ? Le médecin de la meute a dit que sa vie serait en danger si elle tombait enceinte. »

Le ton d'Antoine s'adoucit lorsqu'il parle d'Emma.

« Je ne veux pas non plus que Sophie tombe enceinte, mais Emma a peur de la douleur et refuse d'accoucher, alors que puis-je faire ? Je ne peux que laisser Sophie souffrir, c'est la sœur d'Emma, c'est son devoir de l'aider à accoucher. »

Son subordonné continue à essayer de le persuader :

« C'est presque impossible à réaliser, comment allons-nous convaincre Sophie de donner le bébé à Emma ? »

« Elle a été violée par les loups solitaires et gravement blessée, il est tout à fait raisonnable qu'elle donne naissance à un fœtus mort. Dès que le bébé sera né, vous lui direz qu'il est mort et je le donnerai moi-même à Emma. »

« Mais Sophie va se briser, elle est déjà fragile, tu veux vraiment faire ça pour Emma... ah ! »

Par l'embrasure de la porte, je vois Antoine donner un coup de pied à son subordonné.

L'homme qui m'embrasse toujours tendrement a maintenant l'air d'un Satan sorti de l'enfer.

« Tais-toi ! Je peux supporter n'importe quelle souffrance tant qu'Emma est heureuse, sans parler de faire souffrir Sophie. »

« Tu as donné à Sophie le faux rapport médical, n'est-ce pas ? Je suis sûr qu'elle sera heureuse de le lire, va m'acheter un bouquet de fleurs de lune et je lui offrirai une merveilleuse soirée. »

Je serre le rapport médical alors que la trahison de mon amant me brise le cœur, la partie de mon corps qui a été marquée par lui a l'impression d'être brûlée.

Je ne peux pas croire que j'étais si reconnaissante d'avoir un enfant avec lui tout à l'heure !

Des larmes coulent sur mon visage de façon incontrôlée, mes crocs se dévoilent peu à peu, mordant ma lèvre inférieure.

Je trébuche et me détourne avec douleur, je pense que je suis sous sa protection affectueuse, mais il s'avère que c'est en fait une ruse.

Je cours vers la forêt comme une folle, incapable de contrôler ma frénésie, mes griffes acérées cassant les arbres.

Je ne sais pas combien de temps la folie dure, si je m'arrête, j'aurai mal au cœur, et je pense même qu'il serait bon que je meure d'épuisement.

Finalement, Antoine arrive et tente de me calmer.

J'essaie de le repousser, mais même lorsque je lui griffe le visage, il ne me lâche pas.

« Chérie, tout va bien, je suis là, n'aie pas peur, personne ne peut te faire de mal. »

Il continue à me cajoler, je n'ai plus la force de me débattre.

Si tout cela était vrai, ce serait formidable, je serais tellement émue que je mourrais pour lui.

Mais la vérité qu'il a dite me désespère et m'effraie, toutes mes tragédies ont été planifiées par lui, et pourtant, je l'aime profondément.

Sa voix est si douce :

« Pourquoi pleures-tu comme ça ? Tu te souviens encore du passé ? N'aie pas peur, rentre à la maison avec moi, d'accord ? »

Je pique mes paumes avec mes griffes acérées et tente de me maintenir éveillée.

« Antoine, le médecin de la meute m'a dit aujourd'hui que je peux... »

Avant que je n'aie pu terminer mes mots, Antoine me prend dans ses bras et me fait tourner autour de lui.

« Sophie, j'aime beaucoup les enfants, si tu es prête... »

Je repousse Antoine et je le regarde droit dans les yeux.

« Comment pourrais-je être prête ? Je me suis échappée sans aucune partie intacte de mon corps ! Je sais que le médecin m'a menti, j'ai lu d'innombrables livres de médecine, je ne pourrai plus jamais avoir d'enfant. »

Antoine évite mon regard d'un air coupable.

Je parle, les larmes aux yeux :

« Antoine, comment faire ? Rompons notre lien de compagnon ? »

« Tu es l'amour de ma vie que j'ai tant courtisé, comment pourrais-je me séparer de toi ? » Antoine me prend dans ses bras.

« J'aime les enfants, mais je t'aime encore plus, ne dis plus jamais ça. »

Il fait une pause, ferme les yeux et soupire :

« Je ferais n'importe quoi pour être avec toi. »

Il me ramène à la maison en me racontant des blagues tout au long du chemin.

Lorsque nous sommes arrivés à la maison, il nettoie mes blessures avec soin, en marmonnant que personne ne peut endommager ce qu'il possède, et je suis ce qu'il possède.

Il m'envoie dans ma chambre et me demande s'il peut dormir avec moi. Quand je refuse, il m'embrasse doucement sur le front.

« Dors, mes griffes et mes crocs acérées écarteront tout danger pour toi. »

Après son départ, je ferme les yeux, des larmes coulent du coin de mes yeux.

Antoine a rangé ses crocs et réprimé son humeur, choisissant comme compagne une louve qu'il n'aime pas, une louve dont on trouve encore des vidéos où elle a subis des insultes.

Il a fait tout cela pour Emma, pour une louve qu'il est incapable d'avoir.

Il m'a dit : « Je ferais n'importe quoi pour toi ».

Je sais qu'il voulait en fait dire ces mots à Emma.

Personne dans cette meute ne m'aime, et cette meute ne peut plus me garder.

Cependant, je ne peux pas quitter cet endroit maintenant, quitter la meute nécessite un permis du département des affaires internes des loups-garous.

Dans le passé, aucun guerrier loup-garou à la frontière ne pouvait m'arrêter tant que j'avais mon pistolet d'argent à la main !

Je reçois soudain un e-mail, un message de salutation de la part d'un rival lointain.

« Sophie, ça fait longtemps que je n'ai pas eu de tes nouvelles, je viens de voir une vidéo de toi en train de devenir folle sur Twitter, le fait d'épouser Antoine ne peut pas t'aider à gagner le calme ? »

« Les internautes t'insultent tellement dans les commentaires, ta meute est tellement mauvaise, ils ont été abrités par toi mais t'ont jeté des pierres quand tu étais au plus bas. »

« Ta meute n'a aucun respect pour les guerriers. Même si tu as refusé il y a trois ans, je voudrais encore te demander si tu veux venir dans ma meute ? »

Je regarde la section commentaires de la vidéo, tous sont des mots ignobles, me traitant de salope et disant que je ne mérite pas Antoine.

Je ne peux m'empêcher de rire si fort que je suis en larmes.

J'ai juré avec mon sang que je serais toujours loyale à la meute, mais ma loyauté et mon sacrifice ont été récompensés par leurs insultes.

Puisqu'ils ne peuvent pas me tolérer, je vais disparaître complètement.

« Très bien, emmène-moi. »