Chapitre 6

Ce soir-là, après avoir dîné, Camille venait de se diriger vers sa chambre pour se reposer quand un bruit s'est fait entendre près de la porte.

Éléna est entrée, passant son bras autour de celui d'Adrien, suivie de plusieurs domestiques portant des valises.

Adrien a donné des instructions aux domestiques pour qu'ils déposent les bagages dans la chambre d'amis, puis il s'est tourné vers Camille en lui expliquant calmement : « Éléna vient tout juste de rentrer en France et elle n'a pas encore trouvé de logement. Je lui ai donc proposé de rester quelques jours chez nous. »

Éléna a alors haussé les sourcils et, avec un air malicieux, a demandé : « Je ne reste que quelques jours, Madame Caron ne m'en voudra pas, j'espère ? »

Camille a répondu sans émotion : « Cela ne me dérange pas du tout, Mademoiselle Rohan peut rester aussi longtemps qu'elle le souhaite. » Après tout, elle-même avait prévu de partir dans trois jours.

Adrien a semblé surpris par cette réaction et a demandé : « Tu n'es pas fâchée ? »

Camille a simplement secoué la tête en disant : « De toute façon, je vais bientôt déménager. »

Adrien a alors marqué une pause, visiblement confus : « Que veux-tu dire par là ? »

Elle a fait un geste vague de la main en répondant : « Je dis n'importe quoi. »

Adrien a senti que l'attitude de Camille n'était pas normale et il a voulu continuer à lui poser des questions, mais Éléna a pris la parole avant lui : « Adrien, n'avais-tu pas prévu d'emmener Léa au parc d'attractions ? » Sa manière de parler montrait clairement qu'elle se considérait déjà comme la maîtresse de maison.

Adrien était complètement ensorcelé et il a répondu avec enthousiasme : « D'accord, allons chercher Léa tout de suite. »

Il a alors levé les yeux vers Camille, a bougé les lèvres sans dire un mot.

Camille a répondu avec maturité : « Allez-y, c'est une bonne façon d'accueillir Léa chez elle un peu en avance. »

Éléna a repris le bras d'Adrien en souriant fièrement : « Oui, comme une vraie famille de trois personnes. »

Camille a deviné sa fierté, mais elle s'est contentée de lui adresser un sourire poli avant de s'éloigner.

Après le repas, la nuit est tombée. Juste au moment où Camille s'apprêtait à s'endormir, des voix se sont fait entendre à l'extérieur.

Éléna, d'une voix pleine de douceur et de charme, a dit : « Adrien, reste dormir avec moi ce soir, s'il te plaît. »

Adrien a répondu d'un ton doux mais ferme : « Éléna, Camille est ma femme de nom, on ne peut pas faire ça, ce serait malhonnête. »

Éléna a répliqué : « Je suis ta véritable épouse, celle qui figure sur ton acte de mariage. Elle, ce n'est qu'une imposture. Il est tout à fait logique que tu dormes avec moi. »

Camille a serré légèrement les doigts et a ralenti sa respiration.

Après un long moment, Adrien poussa un soupir, résigné, puis dit : « Tu es la mère de Léa. Souviens-toi simplement que je ne te ferai jamais de tort. »

Éléna a pleuré doucement en disant : « Alors, peux-tu me promettre que pendant que je resterai ici, tu ne la toucheras pas ? »

Adrien a répondu simplement par un « hum » à voix basse.

Peu après, on a entendu la porte de la chambre voisine s'ouvrir doucement.

Camille a ouvert lentement les yeux et a esquissé un sourire silencieux.

Trois personnes, trois chambres, chacun avec ses propres secrets.

Le lendemain matin, en descendant, Camille a trouvé Adrien et Éléna déjà en train de prendre leur petit-déjeuner.

Éléna a dit avec une pointe de provocation : « Je t'ai laissé dormir tranquillement, je n'ai pas demandé à Adrien de te réveiller. » Elle se comportait comme si elle était la maîtresse de maison et Camille une simple invitée.

Adrien, cependant, n'a pas corrigé cette idée.

Camille a préféré ignorer Éléna et s'est assise à la table.

Éléna s'est levée alors pour lui apporter un bol de soupe sucrée, disant fièrement : « C'est moi qui l'ai préparée, goûte un peu. »

Camille a immédiatement remarqué des marrons au fond du bol.

Depuis son enfance, elle avait été allergique aux marrons, et un seul morceau pouvait lui être fatal.

Elle a repoussé le bol : « Désolée, je ne mange pas de marrons. »

Éléna a semblé profondément blessée, versant quelques larmes en regardant Adrien : « Je ferais mieux de partir. Même dormir dehors serait mieux que de rester ici et être une source de mécontentement. » Elle s'est levée pour ranger ses affaires.

Adrien l'a retenue doucement et a tenté de la calmer, puis s'est tourné vers Camille en lui reprochant : « Camille, bois ça vite, Éléna s'est levée tôt pour la préparer. »

Camille l'a regardé, incrédule : « Tu sais très bien que je suis allergique aux marrons, et pourtant tu veux que je respecte ses efforts. Tu joues avec ma vie ? »