Chapitre 2

« Chérie, as-tu vraiment bien réfléchi ? » M. et Mme Thomas a demandé avec surprise au téléphone.

Il y a trois ans, je leur avais affirmé avec fermeté que je ne voulais pas d'un mariage sans amour.

Revenir dans la famille des Thomas, c'était sacrifier mon propre bonheur.

Épouser le prétendant soigneusement choisi par la famille était le meilleur choix pour les deux familles.

Mme Thomas avait poussé un soupir, puis avait déclaré solennellement :

« Ne t'en fais pas, même si c'est un mariage arrangé entre grandes familles, tu restes notre enfant. »

J'avais regardé le ciel devenir sombre à l'extérieur et j'avais essuyé mes larmes.

« Papa, maman, j'ai encore besoin d'environ une semaine ici pour régler les affaires restantes. »

« OK, dis aussi adieu à tes frères. Ne t'inquiète pas pour le mariage, nous organiserons tout. »

« Quoi qu'il arrive, la famille des Thomas restera toujours ton soutien. »

Mes yeux se sont rougis, car Jean et Justin avaient dit la même chose autrefois.

« Julie, n'aie pas peur. »

« Désormais, nous sommes ta famille, nous serons toujours à tes côtés. »

La directrice de l'orphelinat, Marie, les avait regardés en souriant, « Les grands frères doivent bien protéger leur petite sœur, un homme doit tenir ses promesses. »

Justin m'avait regardée, les joues toutes rouges.

« Je ne veux pas être son frère, je veux épouser Julie plus tard ! »

Depuis ce jour, j'avais été émue par leur sincérité.

Jean m'avait toujours protégée comme un grand frère, et Justin m'apportait toujours ce qu'il avait de meilleur, en pensant d'abord à moi.

Ils étaient ma famille, mes bien-aimés.

Je ne leur avais même pas dit que mes parents biologiques m'avaient retrouvée.

Dans le monde des grandes familles, la sincérité était rare et les conflits abondaient.

Ce bonheur simple et chaleureux me rendait incapable de les quitter.

Mais ce n'était qu'à l'arrivée d'Isabelle que j'avais compris combien je m'étais trompée.

Isabelle était la fille adoptive de la domestique Sophie, orpheline depuis l'enfance.

Sophie était décédée de maladie l'année d'avant.

Lors du Nouvel An, nous l'avions invitée chez nous, la prenant en pitié car elle était seule.

Ensuite, elle s'était accrochée à notre famille.

Elle s'était même rapprochée de plus en plus de mon frère et de mon fiancé.

Je l'avais trouvée pour lui rappeler avec tact que j'allais bientôt épouser Justin, espérant qu'elle garde ses distances.

Mais à ma grande surprise, elle avait laissé une lettre et était partie seule à l'étranger.

Sa lettre était remplie d'admiration envers moi et d'attachement envers chacun de nous.

Justin avait aussitôt durci son visage, « Tu ne peux pas la tolérer ? »

Jean, qui m'avait chérie depuis l'enfance, était aussi profondément déçu.

« Julie, tu es vraiment trop égoïste ! »

Ils étaient convaincus qu'Isabelle avait plus besoin d'amour que moi.

Alors, ils avaient donné tout l'amour qui m'était destiné à Isabelle.

Ce mariage, c'était le rêve que je portais depuis l'enfance.

J'avais moi-même conçu la robe, l'alliance et même les motifs sur les faire-part.

J'ai fermé les yeux, seule face aux regards de l'assemblée, et mon calme s'est enfin effondré.

« Que se passe-t-il ? C'est la première fois que je vois un mariage annulé à mi-chemin ! »

« Le marié s'est-il enfui ? »

« Même la famille de la mariée est partie ? »

« Qui le sait ? Même ses proches ne la soutiennent pas, elle a sûrement fait quelque chose de honteux ! »

« Regarde son visage, on voit bien qu'elle n'est pas honnête ! »

Un torrent d'insultes s'est abattu sur moi.

Les deux hommes qui m'avaient promis de me protéger à jamais sont devenus les deux lames enfoncées dans mon cœur.