Chapitre 1

Juste avant la cérémonie d'accouplement, mon compagnon, Claude, m'a dit qu'il devait marquer une autre louve, Oméga Fabienne, celle qui lui avait prétendument sauvé la vie.

« Je dois donner à Fabienne une marque temporaire. Elle est en train de mourir, Isabelle, la maladie de la lune est en train de la dévorer vivante. »

Le regard de Claude était lourd sur moi.

J'ai arrêté de mélanger l'élixir de pétales de lune dans mes mains.

C'était pour notre cérémonie d'accouplement, censé renforcer le lien de compagnon.

Et maintenant, il me demandait d'accepter qu'il marque une autre femme.

Les bouts de mes doigts ont commencé à trembler.

« Mais tu te fous de moi ? »

« C'est le seul moyen de la sauver. » Claude s'est détourné, incapable de croiser mon regard.

Ces yeux d'un bleu profond que j'aimais autrefois contenaient maintenant une tempête de conflits et une résolution glaciale.

« Je lui dois la vie. »

« Je me fiche de ce que tu lui dois ! » Ma voix est devenue tranchante.

« Une marque est sacrée, Claude ! C'est censée être pour nous... »

« Un mois. » m'a-t-il interrompue, les yeux injectés de sang, avec une lueur de confusion comme s'il ne comprenait pas ma résistance.

« Je te promets que j'enlèverai la marque juste après la cérémonie. Elle vivra, et tu seras toujours ma seule Luna. »

Je l'ai regardé fixement, la mâchoire serrée. « Je ne suis pas d'accord, à moins que tu ne veuilles couper notre lien de compagnon. »

Les yeux de Claude se sont finalement transformés en glace. « Ce n'est pas une demande, Isabelle, une vie est en jeu, ne m'oblige pas à te forcer. »

Il a promis : « Ce n'est qu'une marque temporaire, cela n'affectera pas notre lien. Dans un mois, tout sera redevenu normal. »

Puis il est sorti en claquant la porte.

Son odeur d'Alpha, imprégnée de colère, est restée dans l'air longtemps après qu'il soit parti.

Le lendemain, je me tenais à l'entrée du Quartier Général de la Meute lorsqu'une voiture noire s'est arrêtée.

Je me suis engourdie.

Claude est descendu du siège passager et a doucement aidé une silhouette délicate et fragile à sortir de la voiture.

Fabienne.

Elle était si pâle, comme si un coup de vent pouvait la renverser.

Claude lui a passé le bras autour de la taille, faisant un geste protecteur qui m'a donné la nausée.

« Attention aux marches. » a-t-il dit, d'une voix si douce que j'ai eu envie de crier.

C'était un ton qu'il n'avait jamais pris avec moi.

Je les ai regardés entrer dans l'immeuble et prendre l'ascenseur, se diriger tout droit vers le dernier étage, vers la suite de luxe réservée à la future Luna.

Il s'agissait de ma suite.

Trois heures plus tard, Claude est revenu à notre appartement.

Je l'attendais sur le canapé, une tasse de thé froid à la main.

« Elle est bien installée ? » Ma voix était si calme qu'elle m'a fait peur.

Claude a enlevé sa veste. « Le guérisseur de la meute a dit qu'elle avait besoin d'un environnement calme. »

« Alors tu l'as mise au dernier étage. »

« Il y a les meilleures installations », a-t-il dit en évitant mon regard, « ce n'est que temporaire. »

Je me suis levée et j'ai marché lentement vers lui.

« Claude, où étais-tu hier soir ? »

Il s'est figé un instant. « Je m'occupais d'un conflit frontalier, je te l'ai dit. »

« Toute la nuit ? »

« C'était plus compliqué que je ne le pensais. »

Je me suis approchée, suffisamment pour sentir l'odeur d'une autre louve sur lui.

L'odeur mélangée était une aiguille empoisonnée, poignardant directement notre lien de compagnon.

Une douleur aiguë et dévastatrice m'a traversé l'âme, et j'ai failli craquer.

Ce n'était pas seulement l'odeur de Fabienne, c'était plus profond, plus intime.

C'était le genre d'odeur profondément mélangée qui venait seulement d'une vraie marque d'accouplement.

Il avait menti.

Il ne s'occupait pas d'un conflit frontalier la nuit dernière.

Il effectuait leur cérémonie de marquage.

Et maintenant, il essayait encore d'obtenir ma permission pour quelque chose qui était déjà fait.

« As-tu encore besoin de ma permission ? » J'ai reculé d'un pas, luttant contre les larmes qui montaient à mes yeux.

« Il faut que tu comprennes, Isabelle, qu'une vie est en jeu. » Claude s'est approché de moi, essayant de me prendre la main.

« Tu es ma compagne de destin », a-t-il insisté, comme si cela expliquait tout, « tu devrais être de mon côté. »

J'ai retiré ma main. « J'ai besoin de plus de temps. »

« Il n'y a pas de temps à perdre, elle ne tiendra plus très longtemps. »

A ce moment-là, l'ascenseur menant au penthouse s'est ouvert.

Fabienne est sortie, vêtue d'une robe en soie blanche que je n'avais jamais vue auparavant.

Ses joues étaient rougies d'un rose maladif, mais ses yeux étaient brillants.

Elle s'est approchée de Claude et s'est appuyée contre sa poitrine.

« Merci, Claude. » a-t-elle dit d'une voix faible mais douce, les yeux fixés sur moi.

« Je me sens déjà beaucoup mieux. »