Chapitre 1

Damien m'a regardée vider la bouteille, puis a détourné le regard avec des yeux fuyants.

« Aria, je sais que c'est cruel... mais la malédiction de Sylvie est trop malveillante. Seul un lien avec un Alpha fort peut la briser. » Il a dit d'une voix rauque et d'un ton moralisateur.

« Tu es la seule que j'aime. Ça a toujours été toi. Je ne supporte pas de te voir souffrir à cause de moi, alors j'ai cherché cette potion de mémoire. Elle te fera oublier temporairement la personne que tu aimes le plus... c'est-à-dire moi. Une fois que j'aurai aidé Sylvie à briser sa malédiction, je romprai immédiatement le lien avec elle ! Ensuite, tu prendras l'antidote, tu retrouveras tes souvenirs et nous pourrons continuer notre avenir ensemble. Je ferai de toi la Luna la plus honorée. Je le jure ! »

Je le fixais, le regard perdu dans le lointain.

L'homme que j'aimais est devenu si étrange. Je ne savais même pas quand Damien avait commencé à éprouver de la sympathie pour Sylvie.

Il savait parfaitement que la mère de Sylvie avait détruit la relation de mes parents par avidité pour la richesse et le statut, poussant finalement ma mère à se suicider. Dès la naissance de Sylvie, elle avait comploté pour me voler tout ce qui m'appartenait. Elle était la personne que je méprisais le plus au monde.

Maintenant, cette « responsabilité » allait sacrifier notre relation de dix ans, et même mes souvenirs.

Voyant mon silence, Damien a froncé les sourcils, paniqué. Il s'est précipité pour expliquer.

« Aria ? Tu... tu es en colère, n'est-ce pas ? Ne me regarde pas comme ça... Une fois que tu auras bu cette potion, tu oublieras vite toute cette douleur, oublieras mon dilemme actuel... Je fais cela uniquement parce que je ne veux pas que tu souffres jour et nuit à cause de ça ! Une fois la malédiction brisée, je romprai immédiatement le lien avec Sylvie et te donnerai l'antidote. Tu oublieras cet épisode désagréable et retrouveras tous les beaux souvenirs. Nous... nous serons comme avant ! »

Mais la potion de mémoire était une magie interdite parce qu'elle prenait effet après sept jours, faisant oublier complètement à quelqu'un la personne qu'il aimait. Même le lien de couple deviendrait invalide.

La sorcière qui avait créé la potion de mémoire n'avait jamais développé d'antidote correspondant. Une fois les souvenirs effacés, ils étais perdus à jamais.

J'ai regardé Damien et souri.

« Puisque tu as déjà fait ton choix et que j'ai bu la potion de mémoire, tu n'as pas besoin de continuer à expliquer et à faire des promesses. De toute façon, j'oublierai tout. »

« Tu as fait ce choix toi-même. Quelles que soient les conséquences, tu ferais mieux de pouvoir les assumer. »

Voyant que je ne pleurais pas et ne l'accusais pas, mais que j'acceptais tout avec un calme inhabituel, les épaules tendues de Damien se sont soudainement détendues. Il a poussé un long soupir comme s'il venait de se débarrasser d'un fardeau de mille kilogrammes. Une lueur de soulagement est même revenue dans ses yeux, son regard profond me fixant avec la confiance de quelqu'un qui semblait pouvoir tout contrôler.

« Puisque j'ai décidé de faire ça, j'y ai naturellement bien réfléchi. Ne t'inquiète pas, Aria. Quelles que soient les conséquences, je peux les assumer. » Son ton était ferme, comme s'il s'encourageait lui-même.

J'étais sur le point de dire quelque chose quand une douleur soudaine a explosé dans mon esprit. Ma vision est devenue noire et mon corps est tombé en arrière.

Damien m'a attrapée immédiatement, demandant avec inquiétude :

« Qu'est-ce qui ne va pas ? »

« J'ai vérifié que la potion de mémoire n'aurait pas d'effets secondaires ! Je t'emmène tout de suite voir le guérisseur de la tribu. »

Il a voulu me porter, mais je me suis appuyée contre lui et me suis relevée en titubant. Mon esprit est devenu vide un instant.

Instinctivement, j'ai demandé :

« Que fais-tu ? Pourquoi es-tu ici ? Pourquoi me tiens-tu ? »

En entendant cela, Damien s'est figé, comme s'il comprenait quelque chose. Une lueur de joie a rapidement traversé ses yeux.

Il m'a immédiatement lâchée.

« Je suis venu chercher Sylvie. Tu ne semblais pas sentir bien, alors je voudrais t'aider. » Il a marqué une pause, puis a ajouté : « Sylvie et moi aurons notre cérémonie d'union dans sept jours. À partir de maintenant, je serai ton beau-frère. »