Le Loup Intérieur

Chapitre Trois : Le Loup Intérieur

Point de vue d'Axel

J'étais assis en face de mon père, raide comme un piquet. Ses paroles étaient calmes, mesurées, mais elles frappaient comme des marteaux.

« Axel, dit-il d'une voix qui portait le poids de la meute, le titre d'Alpha te reviendra bientôt. Mais un chef se doit d'avoir un héritier. Ta compagne… elle doit porter ton sang. La meute l'attend. N'attends pas. Tu comprends ? »

« Oui, Père, dis-je en baissant la tête. En apparence, ma voix était posée, respectueuse. Mais à l'intérieur, mon loup hurlait.

Elle est à moi, grogna-t-il. L'Oméga de la nuit dernière. À moi seule. À personne d'autre.

J'avais à peine dormi. Mes pensées revenaient sans cesse à elle – Saphira. La façon dont son corps s'était pressé contre le mien, sa chaleur, la douce courbe de son cou, le goût de sa peur et de son désir. Ce souvenir me rendait fou de rage et me hantait. Ma fierté humaine luttait contre lui. J'aimais ma fiancée. Elle était élégante, politiquement convenable, une Oméga forte. Mon loup, cependant, se moquait de la politique et des apparences. Mon loup voulait Saphira.

J'ai ravalé le grognement qui montait en moi et j'ai fait un signe de tête à mon père. « Merci, Père. Je comprends. »

Je suis parti sans un mot de plus, la mâchoire serrée. Mon loup me griffait l'esprit, voulant fuir, la revendiquer, la marquer. Mais j'ai réprimé cette envie. Je ne pouvais pas – ma raison me disait que j'avais des devoirs. J'aimais ma fiancée. Mon orgueil exigeait le contrôle. Mon loup hurlait son nom, mais je lutterais contre lui.

En sortant, l'air froid du matin m'a frappé. J'ai marché vers le territoire de la meute, essayant de calmer le chaos intérieur. Et puis je l'ai vue. Ma fiancée. Elle attendait, avec ce regard à la fois impatient et calculateur.

« Tu t'es occupé d'elle ? » a-t-elle demandé d'une voix douce mais tranchante, assez tranchante pour blesser.

« Oui », ai-je répondu, sèchement, définitivement. « C'est fait. »

Ses yeux se sont légèrement plissés. « Je ne te fais pas encore confiance. Je dois le constater par moi-même. »

Je serrai les dents. Mon loup grogna au fond de ma poitrine. Ne la touche pas. Elle est à moi.

Je la suivis jusqu'aux gardes, qui semblaient nerveux sous mon regard. Ils hésitèrent, mais l'un d'eux finit par prendre la parole et nous conduisit dans une petite pièce sombre.

J'entrai… et me figeai.

Saphira. Vulnérable. Débraillée. Les cheveux emmêlés. Ses vêtements sales. Elle avait été maltraitée. La colère me submergea. Mon loup rugit de rage, une voix basse et menaçante, pressant sa poitrine contre la mienne. Je n'ai jamais dit qu'on devait la traiter ainsi ! grogna-t-il.

Mes poings se serrèrent. Ma fierté humaine tenta de réprimer cette réaction. Je leur avais dit de « s'occuper d'elle » — seulement pour l'instant, un avertissement. Pas d'humiliation. Pas de douleur. Pas de peur.

Et pourtant, la voilà, fragile et tremblante. Mon loup avait envie de bondir, de mordre, de la revendiquer, de la protéger. J’ignorais le regard que ma fiancée me lançait. Elle était suffisante, cherchant à prendre l’ascendant, à me voir flancher. Mais les grognements de mon loup couvraient tout le reste. Je sentais la jalousie me brûler la poitrine. Elle est à moi. À moi seul.

Et puis, c’est arrivé. Le corps de Saphira s’est relâché. Ses yeux ont papillonné, et elle s’est effondrée.

Je n’ai pas réfléchi. Je ne pouvais pas. Mon loup a rugi, et j’ai agi. Je l’ai rattrapée, la serrant contre moi, son petit corps fragile pressé contre le mien. Son cœur battait faiblement, vite et superficiellement, tremblant contre ma poitrine. Mes mains se sont posées instinctivement sur ses flancs, protectrices, possessives.

Ma fiancée a ouvert la bouche, choquée, cherchant peut-être à reprendre le contrôle – mais je m’en fichais. Je voyais clairement le choc, la peur et la jalousie inscrits sur son visage. Elle voyait ce que je n’avouerais jamais à voix haute : Saphira m’appartenait. Mon loup le savait. Mon corps le savait. Mon esprit luttait contre cette envie, mais en vain.

« Elle est à moi », grognai-je doucement, presque malgré moi, d'une voix basse et rauque. Mon loup grogna en signe d'approbation, une vibration vibrant dans ma poitrine. Je la sentais, je l'entendais, je la goûtais. Chaque fibre de mon être hurlait son nom.

Je la serrai plus fort contre moi. Elle frissonna, son odeur m'envahissant. Peur, honte, vulnérabilité… tout cela rendait mon loup fou de rage. Je voulais la marquer, la revendiquer, la protéger de toute vie.

Je sentais le regard noir de ma fiancée. Elle voulait me voir faible, prouver son pouvoir. Mais ce pouvoir m'avait quitté. À cet instant, tout le pouvoir appartenait à mon loup, à l'emprise que j'avais sur Saphira.

« Elle est à moi », répétai-je, plus fort cette fois, laissant la brutalité de ma domination emplir la pièce. Mes mains la serraient plus fort. Ma poitrine pressée contre la sienne. Mon loup grogna, une voix basse et profonde, menaçante pour quiconque oserait la toucher. J'ai jeté un coup d'œil à son petit visage tremblant, et quelque chose en moi s'est brisé. Pas l'orgueil humain. Pas la politique. Pas le devoir. Un pur instinct, un mélange d'alpha, de loup et de désir. Je ne pouvais l'ignorer. Mon loup la désirait, avait besoin d'elle, la réclamait. Et moi… je ne pouvais plus lutter.

Ma fiancée a finalement reculé d'un pas, son air suffisant disparu, remplacé par l'incrédulité. Elle avait vu ma revendication. Elle avait vu le loup en moi, brut et indompté. Elle avait vu ma jalousie, mon obsession, ma domination.

Et à cet instant, Saphira, inconsciente et fragile dans mes bras, devint le centre de tout. Mon loup, mes instincts, mon désir, ma fierté – tout gravitait autour d'elle.

Je pressai ma joue contre le sommet de sa tête, sentant sa chaleur, les battements rapides de son cœur. Mes mains se crispèrent instinctivement.

« Elle est à moi », murmurai-je une dernière fois, d'une voix basse et gutturale, non pas à quelqu'un d'autre, mais au monde entier, à mon loup, à la meute. Elle est à moi. Rien qu'à moi. Et personne – personne – ne la touchera plus jamais.