Seule et effrayée

Chapitre Cinq : Seule et effrayée

Point de vue de Saphira

Allongée sur le lit, je tentais de reprendre mon souffle. Mon corps était encore faible et douloureux à cause des événements de la nuit précédente. Ma tête me faisait mal et tous mes nerfs étaient à vif. Je tremblais de tous mes membres, non pas de froid, mais de peur.

La porte s'ouvrit brusquement. Mon cœur fit un bond dans ma gorge. J'essayai de me redresser, mais mes jambes étaient lourdes et tremblantes. Et puis je la vis : Mina, la fiancée d'Axel. Son regard était perçant, cruel, et empli d'une intensité qui me nouait l'estomac.

« Tu crois pouvoir jouer à ce jeu ? » dit-elle d'une voix froide et venimeuse. « Tu crois pouvoir me prendre mon homme ? C'est impossible. »

Ma poitrine se serra. Ma gorge se dessécha. J'ouvris la bouche pour parler, mais seul un murmure sortit :

« N… Non… ce n'est pas ce que je voulais dire… » Ma voix se brisa. J'ai essayé de m'expliquer, de lui dire que je n'avais jamais voulu m'interposer entre elle et Axel. Que je ne voulais pas créer de problèmes. Mais je savais que ça ne changerait rien.

Ses yeux se sont plissés davantage. Elle s'est approchée, et j'ai senti sa présence pesante comme un poids sur moi.

« Tu dois partir », a-t-elle dit sèchement. « Avant qu'Axel ne revienne, tu dois partir. »

J'ai essayé de protester, mais elle m'a légèrement poussée, un avertissement et une bousculade à la fois. J'ai trébuché, les jambes flageolantes. Mon cœur s'est emballé. La panique m'a envahie.

« Je… je ne peux pas… » ai-je murmuré. Mes mains tremblaient tandis que je serrais les draps. « Je ne sais pas où aller… »

Mais elle était inflexible. Ses pas ont claqué sur le sol lorsqu'elle s'est retournée et s'est éloignée, me laissant là, tremblante sur le lit. Je voulais crier, supplier, appeler Axel, mais je n'y arrivais pas. J'étais seule. Complètement, terriblement seule.

Les murs semblaient se refermer sur moi. Mes pensées s'emballaient. J'étais orpheline depuis des années, survivant seule. Mais me retrouver seule maintenant, dans cette pièce, faible et vulnérable, était pire que tout ce que j'avais jamais vécu. J'avais mal à la poitrine et les larmes brouillaient ma vue.

Je suis descendue lentement du lit, les jambes flageolantes, et j'ai commencé à marcher. Je ne savais pas où j'allais. Chaque pas me semblait une épreuve insurmontable. Les couloirs étaient déserts, les couloirs longs et silencieux. Ce vide m'oppressait, amplifiant la peur, la honte et la solitude qui m'envahissaient.

Mes pensées revenaient sans cesse à Axel. À la façon dont il m'avait portée, à la puissance brute qui émanait de lui, à l'énergie du loup qui faisait réagir mon corps malgré moi. Je le désirais, mais j'étais terrifiée. Et Mina… elle m'avait rappelé que je n'avais aucun droit, aucune place, aucune légitimité.

Je sentais les larmes couler sur mes joues tandis que je marchais, les poings serrés le long de mon corps. Je n'avais ni foyer, ni famille, ni personne pour me protéger. J'avais survécu seule si longtemps, et pourtant, je ne m'étais jamais sentie aussi petite, aussi vulnérable, aussi impuissante.

Chaque pas me donnait l'impression de m'enfoncer dans le vide. Je n'avais ni plan, ni direction. Juste l'instinct de fuir, de me cacher, d'échapper à l'humiliation et à la peur qui m'étreignaient. Mes sanglots résonnaient faiblement dans les couloirs déserts.

Je cachais mon visage dans mes mains, souhaitant que la terre m'engloutisse. Je souhaitais disparaître de ce monde qui me paraissait cruel, où le fils de l'Alpha et sa fiancée exerçaient un pouvoir sur moi, où mon existence me semblait dénuée de sens et fragile.

Et pourtant, malgré la peur, malgré la honte, une petite voix naïve en moi s'accrochait à l'espoir. L'espoir qu'Axel comprenne, l'espoir qu'il me protège, l'espoir que je ne sois pas complètement seule au monde.

Mais pour l'instant… pour l'instant, je marchais. Aveugle, tremblante, perdue dans les couloirs déserts. Je pleurais, car j'étais seule. Car j'avais toujours été seule. Et car je n'avais aucune idée de ce que demain me réservait.