Luna s’entraîne comme si sa vie en dépendait.Parce que, quelque part, elle le sait. C’est le cas.Chaque matin, avant l’aube, elle enfile ses bottes, attache ses cheveux et pousse son corps jusqu’à la limite. Et puis au-delà. Elle frappe, elle esquive, elle chute, se relève, recommence. Encore. Encore. Encore.Sa magie pulse sous sa peau. La marque dans sa nuque – fine et ancienne, presque invisible en pleine journée – palpite à chaque battement de cœur. Elle brûle, parfois. La nuit, elle devient incandescente. Et ses rêves…Non. Ce ne sont plus des rêves.Ce sont des visions.Des cauchemars.Un trône de pierre, entouré de brume. Des silhouettes à genoux. Des loups… ou ce qu’il en reste. Des yeux brillants. Des crocs ensanglantés. Et toujours, toujours cette image figée comme une malédiction : Drakos, à genoux. Les chaînes aux poignets. Le regard vide. Brisé.Luna se réveille chaque fois le souffle court, trempée de sueur. Et chaque fois, la marque pulse un peu plus fort. Comme si el
Depuis cette nuit dans la forêt, quelque chose a changé entre eux.Ils ne se parlent presque plus.Mais chaque fois que leurs regards se croisent, ça crépite. Comme deux fils électriques à peine isolés. Il y a trop de questions. Trop de silences. Et une tension qui s’épaissit à chaque respiration retenue.Luna l’évite. Ou essaie.Mais Drakos, lui, reste près d’elle. Une présence constante. Comme une ombre qui ne veut pas partir. Il la surveille quand elle s’entraîne. Il l’écoute quand elle pense être seule. Et parfois, juste parfois, il la regarde comme si elle était un mystère qu’il a peur de résoudre.Elle fait semblant de ne rien voir. De ne rien ressentir.Mais elle ment.Et lui aussi.—Un soir, l’air est trop lourd. Le ciel trop rouge. L’ambiance trop électrique.Alors Luna enfile ses bottes, attache ses cheveux, et fonce à l’entraînement comme si la sueur pouvait brûler les pensées.Elle s’entraîne seule au départ. Les coups fusent. Les lames claquent. Elle ne se ménage pas.Pu
Les jours passent. Luna dort mal.Pas à cause des visions. Pas à cause de Drakos. Pas même à cause du médaillon qu’elle planque désormais sous son oreiller.Non. Il y a autre chose.Quelque chose qui rôde.Elle le sent quand elle se brosse les dents. Quand elle court dans la cour d’entraînement. Quand elle ferme les yeux.Comme un souffle dans sa nuque. Une présence étrangère, pesante, qui l’observe sans jamais se montrer.Drakos le sent aussi. Il est plus tendu, plus silencieux. Son regard balaie constamment l’horizon, comme s’il attendait une embuscade.— « Tu me caches encore quelque chose, hein ? » lui lance-t-elle un matin.Il ne répond pas.Mais il reste collé à elle. Trop, même. Luna n’a plus une seconde seule. Il surveille. Il écoute. Il veille. Ça pourrait être flatteur, mais c’est surtout flippant.Et puis vient cette nuit.⸻Le silence est parfait.Glacé. Tranchant.Jusqu’à ce qu’un hurlement brise tout.Pas un hurlement de loup. Non. Quelque chose d’autre. Plus grave. Plus
La nuit est étrange.Pas silencieuse, non. Juste… étrange. Comme si l’air vibrait d’un souffle invisible. Comme si la maison retenait son souffle.Luna n’arrive pas à dormir. Encore. Elle tourne, se retourne, repousse la couverture, la reprend. Et soudain, elle la voit.Une lumière.Pas vive. Pas normale. Une lueur bleutée, presque lunaire, glissant sous la porte de sa chambre, comme un appel silencieux.Elle se lève sans réfléchir. Pieds nus. Le parquet grince, doucement. La lumière ondule dans le couloir, comme un serpent de brume.Elle la suit.Au fond du couloir, elle remarque une fissure qu’elle n’avait jamais vue. Ou peut-être qu’elle n’avait jamais osé regarder. Une ligne verticale dans le mur, fine comme une cicatrice.Ses doigts frôlent la pierre. Un déclic.Un pan du mur pivote lentement dans un souffle sourd. Une porte dérobée.— « Sérieusement ? Une pièce secrète ? C’est quoi cet endroit, Poudlard version Alpha ? »Mais son sarcasme meurt dans sa gorge quand elle entre.La
Luna jeta un regard noir à sa commode ouverte. Elle en sortit un énième ensemble noir, fonctionnel, ultra-résistant, cousu de fibres renforcées et de ce qu’elle appelait affectueusement “dentelle militaire”. En résumé : moche, serré, et anti-séduction au possible.— « J’en ai marre. Je veux des vrais sous-vêtements. Des trucs jolis. En coton. Ou en soie. Avec des motifs débiles ou des trucs trop chers. »Drakos leva les yeux de son rapport stratégique. Assis à l’autre bout de la pièce, torse nu comme à son habitude — c’était devenu un genre de torture visuelle quotidienne — il arqua un sourcil.— « Tu veux aller au village pour acheter des culottes à fraises ? »— « Si je trouve un soutien-gorge avec des fraises, je le prends. » répondit-elle, sans ciller.Il soupira. Longuement.— « Non. C’est trop risqué. »— « Je suis assignée à résidence maintenant ? C’est ça ? »— « C’est de la précaution. Tu sais très bien que— »— « Tu crois que j’ai une cible tatouée sur le front ? »Il ne rép
Drakos avait insisté. Personnellement, avait-il dit, en insistant bien sur le mot. Il voulait l’entraîner lui-même. Luna avait levé les yeux au ciel. Bien sûr qu’il voulait s’en charger. Ce type avait un besoin compulsif de tout contrôler. Elle aurait pu refuser. Trouver une excuse. Feindre une blessure invisible ou un traumatisme fictif. Mais non. Elle avait haussé les épaules et lâché un petit : « Comme tu veux, l’Alpha. » plein de défi. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Cinq minutes après le début de leur premier entraînement, elle s’était déjà ramassée trois fois. Dix minutes plus tard, elle avait un bleu sur la hanche, une griffure sur la joue — merci les branches basses du terrain d’entraînement — et une fierté qui tentait désespérément de survivre. — « Debout. » Sa voix claqua comme un ordre. Luna serra les dents, le front contre le sol poussiéreux. Le sable collait à sa peau moite, la sueur coulait le long de sa colonne vertébrale. Chaque muscle de son corps criait stop
Luna se réveilla en sursaut, haletante, plaquée contre un oreiller qu’elle ne reconnaissait pas. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler : elle n’était plus chez elle. Plus dans sa ville. Plus dans sa vie d’avant.Elle était chez l’Alpha Drakos. Un endroit qui sentait le bois, la forêt, et quelque chose d’un peu trop viril pour être naturel.Elle se redressa… et heurta violemment le bord de la table basse. Petit orteil droit. L’ennemi juré de tous les déménagements impromptus.— « Fils de— ! » grogna-t-elle en se tenant le pied.Elle se laissa retomber en arrière, une main sur les yeux, respirant profondément pour ne pas exploser de rage dès la première minute de la journée. Elle sentait déjà que ça allait être long. Très long.Et comme pour confirmer cette prémonition, la porte s’ouvrit sans prévenir.— « Je t’ai entendue râler. Un cauchemar ou t’as encore perdu un duel contre le mobilier ? »Drakos. Torse nu. Jogging noir sur hanches étroites. Deux cafés fumants dans les ma