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Chapitre 8

Author: Harmonie Vaganay
À son réveil, Tiphaine s'est retrouvée enfermée dans la voiture. Une douleur lancinante à la nuque a alerté ses sens.

Elle a tâtonné vers le marteau de sécurité rangé dans la boîte à gants. Mais alors qu'elle s'en saisissait, la portière s'est ouverte brusquement.

Gaëtan se tenait dehors, le visage sombre : « Où comptais-tu aller ? »

Sans répondre, Tiphaine a tenté de sortir, mais il l'a attrapée par le bras et l'a rejetée violemment sur le siège.

Penché sur l'encadrement de la portière, les dents serrées, les yeux rougis et effrayants, il a grondé : « J'ai dit : tu ne vas nulle part. Tu restes près de MOI ! »

Tiphaine l'a défié du regard, la tête haute, sans un mot.

Gaëtan a soutenu son regard, mais soudain, il a déchiré son chemisière d'un geste vif.

Le contact de l'air frais sur sa peau l'a fait frissonner. « Gaëtan, qu'est-ce que tu fais ? ! » a-t-elle crié.

Mais il n'a pas répondu. Il a continué, impitoyable, à arracher ses vêtements et a pressé ses lèvres contre les siennes.

Ses mains sont descendues le long de son corps avec une force irrésistible.

Réalisant ses intentions, Tiphaine a lutté de toutes ses forces, mais a été maintenue fermement : « Lâche-moi ! Sinon je te haïrais pour toujours ! »

Gaëtan a semblé sourd à ses supplications. Malgré ses coups, ses cris, et même lorsqu'elle le mordait à l'épaule, il ne s'est pas arrêté.

À bout de forces, Tiphaine l'a supplié, la voix brisée par les sanglots : « Gaëtan… pas dans la voiture… c'est ma voiture de course… » Sa phrase s'est brisée dans un cri de douleur.

Gaëtan a intensifié son étreinte. Son souffle était brûlant, mais son ton d'une douceur dérangeante : « Tiphaine, c'est ta punition. Oseras-tu encore me quitter ? »

Tiphaine a serré les lèvres au point d'y goûter le sang. Ses larmes sont tombées sur le cuir noir du siège, y laissant une tache sombre.

Jeannine avait brisé sa JAMBE DROITE, mais Gaëtan, lui, était en train de détruire sa VIE !

Les jours suivants, Gaëtan, comme possédé, l'a emmenée sur le circuit et a répété la même scène dans chacune de ses voitures de course.

Tiphaine est passée des larmes et des supplications aux injures, pour finalement ne plus ressentir qu'un engourdissement glacial.

Elle fixait le toit de la voiture, se laissant manipuler comme une poupée sans âme, les larmes depuis longtemps taries.

Ce n'était qu'après la dernière voiture que Gaëtan l'a prise dans ses bras et a répété sa question obsessionnelle : « Maintenant, veux-tu encore me quitter, mon trésor ? »

Tiphaine a secoué la tête mécaniquement.

Maintenant, elle ne voulait plus le quitter. Elle voulait mourir.

Gaëtan l'a ramenée enfin chez eux. En entrant, Tiphaine a aperçu le gâteau encore emballé sur la table du salon. Rien que sa vue lui soulevait le cœur. Elle s'est dirigée silencieusement vers la chambre et a tenté de verrouiller la porte, mais Gaëtan l'en a empêchée.

« Tu es vraiment mon petit diable. » Il a sorti des menottes, l'attachant au montant du lit, et lui a arraché une lame de rasoir qu'elle cachait dans sa paume. « Sois raisonnable. Ne me contrarie pas, ou c'est toi qui souffriras. »

Alors qu'elle le fixait avec haine, la porte s'est ouverte. Jeannine est entrée en agitant des objets : « Gaëtan, lequel devrais-je porter pour le mariage ? »

Les pupilles de Tiphaine se sont dilatées. La femme tenait sa médaille de championnat national de course, et le collier de rubis que sa mère lui avait légué avant de mourir !

« Gaëtan ! » a-t-elle hurlé, la voix rauque et brisée, « Ce sont mes affaires ! »

Gaëtan s'est agenouillé près du lit, agitant les objets avec un sourire triomphant : « Bien sûr que je le sais. »

Il a levé les yeux, un rictus glaçant aux lèvres : « Si tu oses encore attenter à ta vie, je ne garantis pas que je conserverai ces ordures intactes. »

Tiphaine a serré les dents si fort que sa mâchoire a failli se briser, une haine absolue embrasant son regard.

« Tu me haïs ? » a souri Gaëtan, « Alors cesse de vouloir me quitter. Sinon, pire encore t'attendra. »

Tiphaine avait cru d'abord à une menace vide. Jusqu'à cette nuit où Gaëtan l'a tirée du lit, l'a forcée à genoux, lui maintenant le visage orienté vers le centre de la chambre. Là, Jeannine, à demi vêtue, se blottissait contre lui.

« En colère ? Écœurée ? » La voix de l'homme était imprégnée de venin, « Regarde ! Et je te défends de fermer les yeux ! »

Il affirmait que ce n'était que le châtiment réservé à sa « désobéissance ».

Tiphaine gardait les yeux grand ouverts, sans même un clignement, insensible.

Son cœur était déjà mort. Que pouvait-il encore lui importer ?

Pour l'empêcher de se suicider, Gaëtan a contrôlé désormais sa nourriture : quelques gorgées d'eau et des miettes de pain, juste assez pour qu'elle n'ait même plus la force de serrer les dents sur ses poignets.

Finalement, il a passé le collier de rubis au cou de Jeannine. Caressant les cheveux de cette dernière, il a lancé à Tiphaine : « Si tu songes encore à fuir, ce joyau appartiendra à jamais à Jeannine. »

La veille du mariage, Gaëtan, fait rare, ne lui a rien fait. Il s'est contenté de s'allonger contre elle, l'enserrant par derrière, le menton posé sur son épaule, et a murmuré avec une douceur troublante : « Ne m'en veux pas, Tiphaine… Je t'aime trop, c'est tout. »

« Après le mariage avec Jeannine, quand les choses se seront tassées, nous irons à la mairie. Pour de vrai, cette fois. D'accord ? »

Tiphaine a gardé les yeux obstinément fermés. Aucune réponse.

Le matin de la cérémonie, Jeannine a fait son entrée dans une robe blanche immaculée, approchant ostensiblement les bijoux sous les yeux de Tiphaine.

« Quelle pitié, Tiphaine », a-t-elle ricané, victorieuse, « Je t'avais prévenue de partir. Regarde ce beau collier, Gaëtan a tenu à ce que je la porte aujourd'hui ! »

Mais pour une Tiphaine qui avait depuis longtemps perdu toute envie de survivre, même la menace de profaner les cendres de sa mère ne l'aurait pas ébranlée, encore moins un collier.

Alors, au moment où Gaëtan et Jeannine sont sortis bras dessus, bras dessous, elle s'est tournée sur le côté. Grâce à son bras droite encore valide, elle a atteint son poignet et l'a mordu. Sans vraiment de sensation. Elle s'est contentée d'observer froidement le sang tiède perler puis s'étaler...

À peine une tache écarlate commençait à se former quand, avec un fracas de verre brisé, la baie vitrée de la chambre a explosé. Une fausse dépouille était projetée à l'intérieur, suivie par l'apparition d'un homme au visage angélique.

Fernand, se tenant parmi les débris de verre, lui a tendu la main : « T'inquiète, je te sors de là. »
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