LOGINLÉANA
Le pavé glissant sous mes talons me semble moins réel que le feu qui brûle en moi. Je sais que je vais le retrouver dans ce salon plongé dans la pénombre, et mon corps trahit mon esprit avant même que j’ouvre la porte. — “Vous êtes là.” Sa voix, profonde et presque caressante, me fait frissonner instantanément. Je m’avance, sentant chaque vibration dans le bois du parquet. Le silence est presque trop lourd pour être toléré. Mes mains frôlent le métronome dans ma poche, et je réalise que ce tic-tac régulier est devenu un rythme pour mon cœur brûlant. — “Rapprochez-vous. Juste un peu.” murmure-t-il. Je fais un pas, puis un autre. Mon souffle devient plus rapide, et je sens la chaleur invisible de son corps tout près de moi. Chaque frisson que je ressens est une conversation muette avec lui. Je n’ai jamais été ainsi captivée par quelqu’un que je ne pouvais voir. ADRIAN Elle approche. Chaque pas est un frisson qui parcourt mon corps comme un courant électrique. Je ne la touche pas, mais la sensation de sa proximité est presque insoutenable. — “Encore un pas.” Je murmure. Et elle s’exécute. Lentement, chaque geste calculé, mais chargé de désir. Je peux sentir ses mains, son souffle, la tension qui monte dans ses muscles. C’est un danger délicieux : elle est si proche que je pourrais sentir son parfum si elle s’inclinait, si elle osait, si elle franchissait un millimètre de plus… Je lutte contre l’envie de briser le contrat, de la prendre, de sentir sa peau contre la mienne. LÉANA Je frissonne en entendant sa voix. Chaque mot qu’il prononce est comme un souffle sur ma peau. Mon corps s’avance instinctivement vers lui, alors que mon esprit hurle de rester sage. Le tic-tac du métronome dans ma poche résonne avec mon cœur. Chaque battement est une pulsation partagée, même s’il est invisible et silencieux. Je sens son souffle, sa présence… et je comprends que la danse est devenue plus qu’un jeu. Elle est un lien, fragile mais brûlant, qui nous attire l’un vers l’autre. ADRIAN Elle tremble. Je le sens. Chaque respiration devient un dialogue silencieux, chaque mouvement une révélation. Je pourrais la toucher, et je sais qu’elle le sentirait immédiatement. Mais je me retiens. Cette distance imposée intensifie tout. Chaque frisson devient une confession. Chaque pas un aveu. Je “vois” ses émotions avec une clarté que le monde visible ne pourra jamais offrir. — “Encore un peu plus près.” murmuré. Et elle avance. Lentement. Je ressens le frôlement imaginaire de sa peau et cela suffit à m’électriser. LÉANA Quand la danse s’achève, mon corps est en feu, et pourtant je reste immobile, incapable de me détacher de sa présence invisible. Je sens que nous sommes passés d’un jeu à quelque chose de dangereux. Un danger délicieux, insoutenable. Le métronome dans ma poche bat encore. Chaque tic-tac est un rappel de ce que nous sommes : deux flammes qui se frôlent sans jamais se toucher… du moins pour l’instant. Je sais déjà que demain, je reviendrai. Et que demain, nous serons encore plus proches.LÉANAL’air du bar est devenu étouffant.Les lumières trop vives, la musique trop agressive… et surtout, cette sensation dans ma nuque :il est là.Je ne tourne pas la tête.Je n’ai pas besoin.Clara, elle, remarque immédiatement ma rigidité.— “Bon sang, Léana… tu fais peur. Qui est-ce que t’as senti entrer ?”Je ravale ma salive.— “Personne.”Mensonge.Mes mains tremblent un peu autour de mon verre.L’homme qui m’avait accostée revient vers nous, encore plus confiant que tout à l’heure.— “Je peux vous offrir un autre verre ? Ou vous montrer un club pas loin ?”Clara fronce les sourcils, méfiante.— “Elle n’est pas intéressée.”— “Je t’ai posé la question à toi, pas à elle.”, réplique-t-il en se tournant vers moi.Je sens l’air changer derrière moi.Un silence.Une ombre.Une présence glacée… et pourtant brûlante.Avant même que je ne me retourne, je sais :Adrian vient d’entrer.L’homme insiste :— “Un verre, juste un. Vous dansez comme si vous connaissiez chaque note par cœur… j’
LÉANALe cabaret vibre d’une énergie différente ce soir.Plus lourde.Plus électrique.Comme si chaque mur retenait son souffle en attendant un événement qu’il pressent sans pouvoir l’expliquer.Clara noue les lacets de mes chaussures en me dévisageant, son chewing-gum claquant entre ses dents.— “Je te préviens, si tu continues à danser comme ça devant lui, moi je vais fondre avant vous deux.”Je ris, nerveuse :— “Je danse juste… normalement.”— “Ouais. Et moi je suis la reine d’Angleterre.”Julien, de l’autre côté de la pièce, règle son saxophone.— “Léana, tu veux qu’on teste une version plus lente de ton solo ? Je sens que t’es… inspirée.”Il me regarde avec un petit sourire en coin.Tout le monde a compris sauf moi, apparemment.Je ferme les yeux, respire profondément, et quand je les rouvre… il est là.Invisible pour les autres, évident pour moi.Adrian.Assis dans l’ombre, parfaitement immobile, mais son regard est une main invisible qui me frôle la peau.La musique commence.
LÉANALa journée avait été longue, bien plus que d’habitude.Depuis mon réveil, quelque chose vibrait sous ma peau, une impatience brûlante, une tension qui rendait chaque geste plus lent, plus mesuré, comme si mon corps se préparait à quelque chose que je ne pouvais pas nommer.Même les rues de Paris semblaient avoir changé de couleur : les pavés paraissaient plus sombres, les lampadaires plus lumineux, les vitrines plus floues.Je suis arrivée au cabaret plus tôt que d’habitude, incapable de rester chez moi à tourner en rond.Les danseuses papotaient déjà, les maquilleurs préparaient leurs pinceaux, Julien accordait son instrument dans un coin.Personne ne savait que je brûlais à l’intérieur.Je passe la main sur les rideaux de velours, comme pour me rattacher à quelque chose de concret, alors que mon esprit s’égare déjà dans la possibilité de le sentir, lui, quelque part derrière les ombres.Je ne le vois jamais en premier… mais je le ressens toujours avant tout le monde.Puis, enf
LÉANALa lumière du cabaret baignait la salle d’une lueur chaude et tamisée.Je traversais la scène pour la répétition, sentant chaque vibration de la musique sous mes pieds.Clara s’approche, les yeux pétillants :— “Je te parie que tu n’arrives pas à rester concentrée sur autre chose que lui ce soir.”Je ris doucement, incapable de lui donner tort.Julien, le musicien, ajuste les instruments près de la scène et me regarde avec curiosité :— “Tu es… différente ce soir. Quelque chose dans ton regard… quelqu’un te hante ?”Je détourne les yeux, consciente que mes émotions trahissent ce que je tente de cacher :— “Non… juste concentrée sur le spectacle.”Mais chaque note que je danse résonne avec l’image invisible d’Adrian, chaque geste me rapproche de lui, même sans le toucher.Dans les coulisses, Amélie s’approche pour un conseil sur son costume :— “Fais attention, Léana. Je ne sais pas qui est ce spectateur mystérieux, mais certains disent qu’il change les règles pour tout le monde
LÉANALe cabaret sentait encore la cire des bougies et le parfum entêtant des costumes, même après la répétition.Je traversais les coulisses, le cœur battant, consciente de chaque mouvement, chaque regard, chaque bruit autour de moi.Clara m’attrape par le bras, les yeux pétillants :— “Je parie que tu es nerveuse pour quelqu’un… ou quelque chose. Tu ne peux pas me cacher ça.”Je souris faiblement, mais mes pensées sont déjà ailleurs.— “Peut-être… mais ce n’est pas important.”Clara rit doucement, mais elle sait que je mens à moitié.Julien, le musicien, ajuste les lumières et s’approche :— “Tu sembles préoccupée… quelqu’un te hante ce soir ?”Je détourne le regard, incapable de répondre.— “Non… juste concentrée.”Mais même en essayant de me convaincre, je sens son souffle invisible contre ma nuque, ce frisson interdit qui ne m’a jamais quittée depuis notre première rencontre.Au fond de la salle, les autres danseuses s’affairent, certaines rient, d’autres répètent leurs mouvement
LÉANA Les coulisses du cabaret sentent la cire des bougies, le maquillage et le parfum entêtant des danseuses. Chaque note de musique résonne comme un écho de nos gestes interdits, et je passe entre les costumes et les accessoires, le cœur encore battant de notre proximité invisible. Le souffle des ventilateurs effleure ma nuque, et je frissonne, consciente de chaque frôlement de tissu et de velours autour de moi. Clara m’attrape le bras, ses doigts pressant légèrement le mien, comme pour me rappeler que je ne suis pas seule : — “Alors ? Encore des frissons ce soir ?” Je ris doucement, mais je sens que cette fois, ce n’est pas seulement le frisson du jeu. C’est quelque chose de plus profond… presque dangereux. Une chaleur sourde monte dans ma poitrine, et je surprends un battement de cœur que je n’avais jamais senti auparavant. Mon regard croise celui d’une danseuse qui répète un pas devant un miroir, et pour un instant, tout devient flou autour de moi. Julien, le musicien, s’appr







