LÉANA Chaque soir, je remonte la fermeture de ma robe comme on referme un secret. Le satin colle un peu à ma peau, la lumière du miroir tremble, et mes doigts hésitent sur le dernier bouton. Il y a toujours un instant, juste avant d’entrer sur scène, où je ne sais plus qui je suis. La femme qui danse, ou celle qui fuit. Au cabaret Le Lys Noir, tout n’est que jeux d’ombres et de reflets. On y rit trop fort, on y boit trop vite, on oublie qu’il fait nuit dehors. Moi, j’avance sous les projecteurs comme une apparition : lente, calculée, presque irréelle. Les hommes s’enivrent de mes gestes, sans voir la fatigue qui s’accroche à mes cils. Ce soir pourtant, quelque chose change. Une présence. Un regard que je ne vois pas, mais que je sens. Là, au fond de la salle, une silhouette immobile. Il ne boit pas, ne parle pas. Il semble écouter. Je danse, et c’est comme si mes pas étaient suivis par une autre musique, plus profonde, plus grave. Quand le rideau se referme, je reste quelques
Terakhir Diperbarui : 2025-10-18 Baca selengkapnya