. Chapitre 8 – L’intimité des ombres

LÉANA

Le froid de la nuit me paraît presque supportable comparé à la chaleur que je ressens en entrant dans la pièce.

Chaque bougie tremble, projetant des ombres qui dansent sur les murs, comme si elles imitaient nos corps en silence.

— “Vous êtes revenue.”

Sa voix me saisit, m’arrache un frisson instantané.

Je hoche la tête, incapable de parler, mon souffle déjà court.

Il m’invite à avancer.

Chaque pas que je fais est une lutte entre l’envie de m’approcher et la peur de franchir l’interdit.

Je sens sa présence tout près, presque tangible.

Il n’a pas besoin de me toucher pour que je brûle de désir.

— “Approchez-vous… lentement.”

Je fais un pas. Puis un autre.

Je sens son souffle, invisible, caresser mon visage.

Et je frissonne, consciente que ce simple frôlement imaginaire est déjà une intimité inédite, presque dangereuse.

ADRIAN

Elle s’avance, chaque pas résonnant dans le silence comme un écho de son corps et de son âme.

Je ne la touche pas, mais je sens chaque vibration, chaque mouvement.

— “Encore un peu.”

Je murmure, et elle obéit, tremblante mais fascinée.

Chaque frisson qu’elle émet me brûle de l’intérieur.

C’est une torture délicieuse, un jeu que je ne peux abandonner.

Je perçois son souffle court, le rythme de son cœur, le tremblement de ses doigts.

Elle ne sait pas que je sens tout cela.

Et moi, je me surprends à imaginer la douceur de sa peau, la chaleur de son cou, le poids de son corps contre le mien… tout en restant invisible, silencieux.

LÉANA

Je ferme les yeux et me laisse guider par cette tension.

Chaque mouvement devient plus sensuel, plus contrôlé.

Mon corps parle, et je sens qu’il entend tout.

Chaque respiration devient une caresse, chaque frisson un mot.

Je veux franchir la ligne, toucher sa main, sentir son bras.

Mais je reste immobile, consciente de la fragilité de ce jeu.

Et pourtant, l’envie est insoutenable.

Je sens que lui aussi lutte contre le désir.

— “Vous sentez le monde disparaître autour de vous ?” murmure-t-il.

Je frissonne.

Oui, le monde a disparu. Il n’y a plus que lui, moi, et cette proximité brûlante qui défie le silence.

ADRIAN

Elle tremble sous mon souffle invisible.

Chaque pas, chaque mouvement, chaque hésitation me fait vaciller.

Je pourrais la prendre, sentir son corps, sentir son parfum… mais je me retiens.

La limite du contrat devient une intensité presque insoutenable.

— “Vous êtes prête à me suivre dans ce silence ?”

Ses yeux clos me répondent. Son corps entier me parle.

Chaque frisson est un consentement muet.

Chaque respiration est une promesse silencieuse.

Je sens ses mains frôler accidentellement l’accoudoir du fauteuil.

Un geste infime, mais qui me brûle d’envie.

Nous sommes là, proches, mais séparés par une frontière invisible.

Et cette barrière rend tout plus exquis, plus intense, plus insupportablement désiré.

LÉANA

Quand je quitte enfin la pièce, je sens que quelque chose a changé.

Le tic-tac du métronome résonne dans ma poche, plus fort que jamais.

Chaque battement est un rappel de cette proximité, de ce lien fragile et brûlant que nous partageons.

Je sais que demain, je reviendrai.

Et demain, je veux sentir encore plus cette tension.

Je veux explorer chaque frisson, chaque souffle, chaque frontière invisible qui nous sépare… mais qui nous attire inexorablement.