Chapitre 6 – Les règles du jeu

Parfait 💫

LÉANA

Je pousse la porte et l’air chaud de la pièce me frappe comme un voile de velours.

Il est là, immobile, presque sculpté dans l’ombre. Le silence est intense, presque trop lourd.

— “Vous êtes revenue.”

Sa voix est plus douce ce soir, mais elle porte une autorité que je n’ose contester.

Je hoche la tête, incapable de parler.

Il m’invite d’un geste à avancer, et je sens mon cœur s’emballer.

Chaque pas résonne dans la pénombre, comme si la pièce elle-même retenait son souffle.

— “Avant de commencer… il y a quelque chose que vous devez savoir.”

Je me fige.

— “Des règles.” murmure-t-il, presque pour lui-même.

— “Oui. Des règles.”

Il se lève lentement et s’approche, juste assez pour que je sente sa présence, mais pas assez pour le toucher.

— “Vous dansez pour moi. Rien d’autre. Pas de contact. Pas de regards directs. Juste vos mouvements, vos émotions.”

Je hoche la tête, mais mon esprit bouillonne.

Chaque mot qu’il prononce résonne en moi comme un avertissement et une promesse à la fois.

— “Et si vous transgressez ces règles ?”

— “Vous le saurez.” Sa voix est basse, intense.

Un frisson me parcourt.

C’est un avertissement. Mais je sais déjà que je ne pourrai pas rester sage très longtemps.

ADRIAN

Elle est revenue, fidèle à ce qui nous lie, et je sens sa curiosité et son désir croître à chaque pas.

Il faut que les règles soient claires. Pour elle, pour moi.

Pour que le jeu continue sans déraper, sans que je perde le contrôle.

— “Léana…” dis-je doucement.

Je tends la main, juste pour mesurer la distance.

— “Ce que nous faisons est unique. Et fragile. Vous devez respecter chaque limite, chaque silence.”

Je perçois son hésitation, sa peur et son excitation.

Tout en elle est vivant, vibrant, brûlant.

Chaque frisson, chaque respiration, chaque battement de son cœur me parvient.

Et je sais qu’elle comprend.

Même sans mots.

Mais la tension augmente.

Chaque nuit nous rapproche, mais chaque règle renforce l’interdit.

C’est ce qui rend tout si intense, si insoutenablement délicieux.

LÉANA

Je danse, mais cette fois je sens chaque geste mesuré, chaque mouvement calculé pour rester dans les limites qu’il a posées.

Mais c’est impossible de ne pas franchir du regard cette frontière invisible, de ne pas sentir le souffle de son corps comme un appel interdit.

— “Encore un pas vers moi.” murmure-t-il.

Je m’avance. Juste un peu. La tension est palpable.

Je sens sa présence comme une onde qui parcourt ma peau.

Je frissonne et, pour la première fois, je réalise que les règles ne sont qu’un jeu.

Un jeu qui nous consume, mais qui nous protège aussi.

Chaque geste devient plus lourd de sens, chaque respiration plus chargée d’émotion.

Et je sais que demain, nous irons plus loin.

Que demain, l’interdit sera encore plus proche.

ADRIAN

Je ne la touche pas. Je ne la regarde pas.

Mais je la sens.

Chaque mouvement qu’elle fait, chaque frisson, chaque respiration, me brûle de l’intérieur.

— “Souvenez-vous des règles. Mais souvenez-vous aussi que vous êtes libre dans votre danse.”

Je perçois son sourire, son souffle court.

Chaque geste qu’elle fait est un poème silencieux.

Et moi, je lis ce poème, je le savoure, sans jamais briser la délicatesse du moment.

Elle est là, entière, mais pas à moi.

Et c’est cette distance qui rend tout plus puissant, plus intense.

LÉANA

Quand je sors, le froid me frappe à nouveau.

Mais je ne tremble plus de peur.

Je tremble d’envie.

Envie de revenir.

Envie de ressentir encore.

Envie de jouer avec ces règles qui nous retiennent et nous consument en même temps.

Le métronome dans ma poche vibre faiblement.

Chaque tic-tac est un rappel du rythme qui nous lie.

Et je sais, sans l’ombre d’un doute, que je reviendrai demain.

Pour danser, pour frissonner, pour sentir ce lien interdit mais si profondément vivant.