LOGINJe les regardais l’un après l’autre, complètement abasourdie. Je n’aurais jamais pu le soupçonner, ni même penser une seule seconde que les deux pouvaient être des amants.
Ma sœur de cœur, Natalie, que je considérais comme mon plus grand soutien, avait tout simplement profité de la situation et m’avait poignardée d’un couteau dans le dos. Ils se tenaient là, tous deux devant moi. Elle lui tenait la main… enfin non, tous deux se tenaient la main. Cette tristesse, ces yeux embués de larmes de la veille avaient disparu. Elle se tenait face à moi, confiante, décidée. Jason s’avança jusqu’à moi, le regard froid comme d’habitude. Je ne pus même pas le regarder en face tant je ne voulais pas qu’il lise ma tristesse dans mes yeux. Il sortit un stylo de sa poche et se pencha sur la table. Je le sentis de nouveau poser ses yeux sur moi. — On ne va pas passer une éternité là-dessus. Je te libère. Tu devrais faire pareil, déclara-t-il avec ce ton si distant. Sur le coup, j’ai sursauté. Au fond de moi, je savais que c’était une libération. Mais je ne m’attendais pas à une telle humiliation, encore moins à cette trahison… Le bruit de la signature qui résonnait sur le document s’arrêta d’un coup et là, je sentis que notre mariage était à présent une histoire ancienne… qui n’aurait peut-être jamais dû exister. Il se releva et là, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il se mit d’accord à moi. Dieu seul sait à quel point j’essayais de me retenir pour ne pas pleurer, pour ne pas lui montrer que ça m’atteignait, pour ne pas montrer à elle qu’elle avait réussi à me déstabiliser complètement. Je voulais garder le peu de dignité qu’il me restait. Et il posa sa main sur mon épaule comme si de rien n’était… c’était comme si mon cœur allait sortir de ma poitrine. Comment pouvait-il avoir l’audace de s’approcher de moi ? Étais-je si insignifiante à ses yeux ? Je me suis éloignée de lui d’un pas en arrière. Mes sourcils froncés témoignaient de mon incompréhension. Tandis que lui avait l’air calme… comme si tout ceci n’était qu’une simple formalité. Il n’y avait pas grand-chose à dire ou à faire autour de cette histoire. — Bon Claire. Arrête de faire cette tête. On croirait que t’as été trahie et pourtant tu sais très bien que ce mariage n’en a jamais été un ! me lâcha-t-il brutalement avec ce même désintérêt qu’il a toujours eu à mon égard. Ma poitrine en a reçu un coup très fort. — Je te libère. Ce mariage n’existe plus. Tu n’as qu’à signer les documents et ça sera tout. Je peux même t’épargner le rendez-vous face au jury pour la séparation officielle… Vas-y, signe et qu’on en finisse une bonne fois pour toutes, ajouta-t-il. Il déposa le stylo sur le document. — Vas-y, signe et qu’on en finisse une bonne fois pour toutes. Je pris un moment pour les regarder droit dans les yeux… lui, puis elle. — Comment as-tu pu être aussi manipulatrice ?!! lançai-je, tellement troublée. — Claire, arrête tout ce baratin et signe. Natalie… ma Natalie n’a absolument rien fait. Toi et moi savions pertinemment que ce mariage n’était qu’une prison, rien de plus. Je ne pus contenir davantage la douleur qui montait. — ET ALORS ?!! criai-je. — Est-ce ça qui te donne le droit de m’humilier de la sorte ? — Et toi ?? Natalie ! Oh non, j’oubliais : SA Natalie ! Ça te plaisait de me duper, pas vrai ?? Tu te marrais dans mon dos ?? Moi je me confiais à toi, je te disais à quel point ce mariage me détruisait et je te disais aussi que je voyais que ça marchait parce qu’indépendamment de son comportement vis-à-vis de moi, je commençais à éprouver des sentiments pour lui !! Comment ?!! Mais comment as-tu pu ??!! Comment as-tu pu profiter autant de la situation ? Soudain, juste à côté, Jason lâcha une phrase qui me cloua. — Claire !! Ça suffit !! Toi, éprouver des sentiments pour moi ?? Tu blagues pas vrai ??!! Parce que moi, ça n’a jamais été le cas. Au contraire, t’étais une plaie pour moi dont il fallait au plus vite m’en débarrasser. Mes poings se serraient à mesure qu’il parlait, mais je voulais rester debout dans mes pompes. Je levai mes yeux vers la seule personne dans cette pièce avec qui je croyais entretenir un vrai lien. Elle me regardait. Je ne voyais aucune émotion dans son regard. C’était comme si j’étais face à une parfaite étrangère. Et dire que je lui avais tout confié. Que je pensais qu’elle était mon AMIE ! Une amie qui n’a pas hésité à profiter de mes faiblesses. De mon désarroi. — Tu me déçois, Natalie. Tu es la pire personne jamais rencontrée dans ma vie, ai-je eu la force de lui cracher au visage. Et là, elle eut enfin le courage d’ouvrir sa bouche. Mais ce qu’elle a dit me glaça tout autant. — Claire, signe les papiers et qu’on en finisse une bonne fois pour toi ! Comme ça… Avec une sérénité déconcertante. Ma bouche s’est ouverte sans que je ne m’en rende compte tellement elle m’avait choquée. Et là, son amant se rapprocha d’elle, souriant. — Natalie…, souffla-t-il sur son cou devant mes yeux comme si je n’existais pas. Elle se retourna vers lui et… Ils s’embrassèrent. Tout était clair comme de l’eau de roche. Plus de paroles. Ils étaient passés à l’acte. Et ce sourire sur les lèvres de ma soi-disant meilleure amie… Leur histoire ne datait pas d’aujourd’hui. Et j’en avais la preuve devant mes yeux. — Tu lui dis ou pas ? souffla-t-elle entre deux baisers. J’étais là… Qu’est-ce qu’il pouvait encore me dire qui ne soit pas déjà pire que cette situation ? — Je pense aussi…, déclara-t-il en retour. Ils se tournèrent vers moi… Je savais que ça n’augurait rien de bon. De quoi pouvait-il s’agir ? Une trahison ?? J’avais déjà reçu la pire. Une humiliation de plus ? Quoi ?! Qu’est-ce que ça pouvait être ?! Mon cœur battait à vive allure… Qu’est-ce qui pouvait être bien pire ? Et là… je l’entendis. — Jason, mon chéri. Annonce-lui la nouvelle. — Quelle nouvelle ?! demandai-je en panique. Je le regardai puis je la regardai. Ils échangeaient des regards et puis Jason hocha légèrement la tête. Puis il me fit face. — Bon Claire… il y a une chose que je ne t’ai pas dite…, me dit-il. — Jason…, n’eus-je la force que de murmurer. — Eh bien… cette maison, dit-il en regardant tout autour… — Elle ne t’appartient pas… et donc, vu qu’on divorce, tu dois t’en aller et ce, immédiatement. Je sentis un coup bien trop fort dans ma poitrine. Il me mettait à la rue…— Ayman…, murmurai-je. J’étais à la fois troublée et rassurée. Ce que je ressentais à ce moment-là était très étrange. Il s’avança vers moi et, dans son regard, je voyais bien qu’il ne s’imaginait pas me voir dans cet état. Moi aussi. Je me sentais honteuse. J’étais la pire des idiotes. Il s’accroupit face à moi et prit ma main. Ce geste me troubla. Il ne détourna pas le regard du mien et il me dit : — Tu n’as pas à t’en faire. Je suis là. Mon cœur se mit à battre si soudainement. Je n’avais jamais été proche de lui, mais sa gentillesse et sa délicatesse à mon égard — contrairement à son amie — m’avaient toujours fait me sentir bien. Et aujourd’hui encore, Ayman était là pour moi. — Claire, on va y aller d’accord ? ajouta-t-il. Il me sourit tendrement, et c’était comme si, dans tout ce chaos, je trouvais enfin un peu de paix. Cette main tendue face à moi, et ce sourire qui me rassurait. Je me suis décidée à la prendre. Il m’aida avec les valises. Sans dire un mot, je le
— Ja… Jason… Qu’est-ce que tu dis ? Mais… mais où vais-je aller ?? J’étais abasourdie. Une humiliation de plus. En plus d’avoir été trahie, humiliée, je me retrouvais sans rien, pas même un toit où vivre. Je voulais hurler d’injustice, crier de n’avoir été qu’une poupée de chiffon dans cette maison. Elle était au courant, ma meilleure amie le savait pertinemment. Elle avait participé à tout ceci. Maintenant devant elle, pour sa plus grande victoire, j’allais être chassée comme une malpropre… — Comment peux-tu faire une chose pareille ? Où veux-tu que j’aille ?? Comment vais-je pouvoir regarder mon père en face et lui dire tout ce qui s’est passé ?? lui criai-je au nez avant de me tourner vers ma meilleure amie. — Toi Natalie, tu savais, pas vrai ?? Tu savais, je me trompe ? demandai-je en riant d’un rire amer. Le pire… Elle avait l’air de se foutre totalement de moi. Un regard méprisant se posa sur moi. Un regard que je ne lui reconnaissais pas. Est-ce qu’on peut être auss
Je les regardais l’un après l’autre, complètement abasourdie. Je n’aurais jamais pu le soupçonner, ni même penser une seule seconde que les deux pouvaient être des amants.Ma sœur de cœur, Natalie, que je considérais comme mon plus grand soutien, avait tout simplement profité de la situation et m’avait poignardée d’un couteau dans le dos.Ils se tenaient là, tous deux devant moi. Elle lui tenait la main… enfin non, tous deux se tenaient la main.Cette tristesse, ces yeux embués de larmes de la veille avaient disparu. Elle se tenait face à moi, confiante, décidée.Jason s’avança jusqu’à moi, le regard froid comme d’habitude.Je ne pus même pas le regarder en face tant je ne voulais pas qu’il lise ma tristesse dans mes yeux.Il sortit un stylo de sa poche et se pencha sur la table.Je le sentis de nouveau poser ses yeux sur moi.— On ne va pas passer une éternité là-dessus. Je te libère. Tu devrais faire pareil, déclara-t-il avec ce ton si distant.Sur le coup, j’ai sursauté.Au fond de
Je n’ai presque pas dormi cette nuit-là.Je suis restée allongée dans mon lit, fixant le plafond, incapable de calmer le bruit dans ma tête.Jason.Natalie.Le document.Ayman.Tout se mélangeait dans un chaos que je n’arrivais pas à comprendre.À un moment, vers cinq heures du matin, j’ai fermé les yeux juste pour respirer. Juste pour essayer d’arrêter de trembler.Mais une question revenait encore et encore :Pourquoi tout le monde a su avant moi ?Je secouai la tête, les yeux brûlants.Pas le moment de pleurer.Pas encore.Je me levai, ma robe de nuit froissée, mes cheveux en désordre.Je me dirigeai vers la salle de bain.Je me regardai dans le miroir.J’avais l’air d’une femme fatiguée.Vidée.Blessée.Mais il y avait aussi autre chose.Une petite flamme.Une petite colère.Quelque chose qui commençait à naître.Je savais que cette journée allait être décisive.J’ai fait couler un peu d’eau froide sur mon visage.Le choc m’a réveillée d’un seul coup.Puis j’ai attaché mes cheveux
Je suis restée quelques secondes immobile, assise sur mon canapé, le téléphone entre les mains. Mes yeux étaient encore mouillés, mon cœur battait trop vite, ma respiration était courte. Et pourtant… au milieu de tout ce chaos, un nom venait d’émerger comme une bouée. Ayman. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi son message arrivait maintenant, au moment exact où ma vie venait d’exploser. Le timing était trop précis. Trop étrange. Trop chargé de sens. Je me levai lentement, mes jambes encore lourdes, mes gestes maladroits. Ma poitrine me faisait mal. Ma tête aussi. Comme si ma journée essayait de me rattraper d’un seul coup. J’allai vers la fenêtre. J’écartai légèrement le rideau. Et il était là. Appuyé contre sa voiture. Les bras croisés. La tête baissée. Comme quelqu’un qui n’est pas sûr d’être le bienvenu. Je crois que mon cœur a fait un petit sursaut. Un tout petit. Rien d’exagéré. Juste… quelque chose de différent. Je n’avais pas vu Ayman depuis des mois.
Je ne sais pas ce qui a été le plus violent : La présence de Jason dans mon salon. Ou celle de Natalie… qui s'était avancé jusqu'à ses côtés. Elle était là. Devant moi. Comme si elle avait le droit d’être ici. Comme si elle avait quelque chose à m’expliquer. Comme si elle n’était pas la raison pour laquelle mon cœur était en train de se briser encore plus, seconde après seconde. Je crois que le silence a duré longtemps. Ou peut-être que non. Je ne sais plus. Le temps n’avait plus de forme, plus de sens. Tout était confus dans ma tête. Jason la regarda avec un air que je n’avais jamais vu. Un air que je n’avais jamais reçu de lui. Un de ces regards qui disent tout sans rien dire. Et tout en moi s’est effondré encore une fois. Natalie inspira. Ses yeux brillaient, mais pas de honte. Je crois qu’elle avait peur. Ou peut-être qu’elle jouait. Je n’arrivais même pas à savoir. — Claire… murmura-t-elle. Je… je voulais te parler avant. Je voulais t’expliquer. J’ai ri. Pa







